MADRID: La réforme du marché du travail en Espagne, qui vise à réduire la précarité et à mettre le pays en accord avec le marché européen, a été approuvée mardi en conseil des ministres, juste avant la date butoir fixée par Bruxelles, a annoncé le gouvernement de gauche.
Le gouvernement avait annoncé la semaine dernière la conclusion d'un accord avec les organisations patronales et les deux principaux syndicats ouvriers.
Cette réforme "constitue un accomplissement dans notre législation", a estimé le Premier ministre espagnol, le socialiste Pedro Sánchez, dans un tweet, se réjouissant d'un "nouveau cadre de relations sociales pour garantir le présent et le futur des travailleurs et des travailleuses".
Le gouvernement de gauche voulait revenir sur la réforme adoptée en 2012 par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy, qui, selon ses détracteurs, avait fait grimper en flèche la précarité dans un pays détenteur du record européen du taux de contrats temporaires.
"Il y a des jeunes et des femmes, je le souligne, qui ne savent pas ce que c'est qu'un contrat digne de ce nom et à présent nous leur donnons l'opportunité de briser ce modèle et d'en finir avec le piège de la précarité", a déclaré la ministre du Travail, la communiste Yolanda Díaz, lors d'une conférence de presse à l'issue du conseil des ministres.
Cette réforme permettra de mettre fin à "ce qui nous rendait singulièrement différents dans l'Union européenne", a-t-elle dit, à savoir ce qu'elle a qualifié comme "la grande anomalie espagnole qui dure depuis plus de 42 ans", c'est-à-dire depuis l'avènement de la démocratie.
Embauche sous CDI devenant "la règle et non plus l'exception", interdiction de renvoyer des fonctionnaires pour raisons économiques ou encore pérennisation des ERTE (nom espagnol des conventions de chômage partiel, ndrl) sont trois des principales mesures figurant dans cette réforme.
Le projet de loi approuvé lors du conseil des ministres devra encore être adopté par le Parlement, à une date qui n'a pas été précisée.
La réforme du marché du travail des conservateurs, en 2012, avait été motivée par la nécessité de relancer l'économie espagnole, dévastée par la crise financière de 2008. Elle avait permis une forte baisse du taux de chômage, passé de près de 27% en 2013 à environ 16% actuellement, mais au prix d'une grande précarité.
Le gouvernement de Pedro Sánchez et les partenaires sociaux étaient engagés dans une véritable course contre la montre, car la Commission européenne réclamait pour la fin de l'année cette réforme en échange du méga-plan de relance européen, dont l'Espagne doit être l'un des principaux bénéficiaires avec 140 milliards d'euros.
Cette réforme de grande envergure était aussi l'un des points de l'accord de gouvernement signé fin 2019 par le parti socialiste de M. Sánchez et son allié de gauche radicale Podemos.