PARIS : Vingt-neuf personnes ont été placées en garde à vue mardi en France, lors d'un coup de filet visant un système de cyberfinancement du terrorisme qui aurait profité à des membres d'Al-Qaïda et du groupe Etat islamique en Syrie, a annoncé la justice française.
Cette opération a conduit à « 55 perquisitions dans 26 départements différents et au placement en garde à vue de 29 personnes, âgées de 22 à 66 ans, qui sont suspectées pour la plupart d'avoir injecté des fonds dans le réseau au bénéfice de proches se trouvant en Syrie, et pour deux d'entre eux, d'avoir joué le rôle de chevilles ouvrières », a expliqué le parquet national antiterroriste dans un communiqué.
Ce coup de filet « s'inscrit dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte le 24 janvier 2020 pour financement du terrorisme et association de malfaiteurs terroriste criminelle », après la détection « d'un circuit sophistiqué de transferts de fonds à des jihadistes français encore présents en Syrie ».
Selon le parquet, ce réseau est « actif depuis l'année 2019 et repose principalement sur l'achat, en France, de coupons de cryptomonnaie dont les références ont été transmises par messagerie sécurisée à des jihadistes présents en Syrie, puis crédités sur des plateformes de bitcoins ».
Les enquêteurs ont pu identifier « deux jihadistes français » à l'origine de ce réseau, « Mesut S. et Walid F., tous deux âgés de 25 ans ».
« Ayant rejoint ensemble la Syrie en 2013, ils sont suspectés d'être des membres du groupe terroriste Hayat Tahrir Al-Sham (HTS) affilié à Al-Qaïda et sont visés par un mandat d'arrêt suite à une première condamnation à une peine de 10 ans d'emprisonnement, prononcée le 10 avril 2016, en leur absence, par le tribunal correctionnel de Paris », détaille le parquet.
« Les autorités judiciaires savent pertinemment que, sans cette aide matérielle, les enfants (se trouvant dans les camps en Syrie, ndlr) sont exposés directement à un risque de mort », a réagi Me Marie Dosé, avocate de plusieurs personnes en garde à vue.
« On est en train de refuser de rapatrier ces enfants et d'interdire aux familles de leur apporter un minimum d'aide », a-t-elle ajouté, soulignant que ces familles n'avaient « pas le choix d'envoyer autrement de l'argent » à leurs proches.