BEYROUTH: Selon des défenseurs des droits de l’Homme et des responsables de l’ONU, la crise économique libanaise menace le présent et l’avenir de millions d’enfants.
Pour pouvoir subvenir aux besoins de leur famille, de nombreux enfants pourraient être forcés à travailler ou être entrainés dans des mariages précoces.
On peut désormais en voir dans les supermarchés ou encore dans les magasins près des autoroutes devant lesquels les conducteurs s’arrêtent. Ils sont alors servis par des mineurs.
La semaine dernière, plusieurs incidents dangereux ou mortels ont impliqué des enfants âgés d’à peine six ans.
Un garçon de six ans a été tué samedi à Baalbek lorsqu’une grenade a explosé alors qu’il jouait avec d’autres enfants, dont certains ont été gravement blessés. Ils avaient trouvé l’arme en jouant.
De tels engins prolifèrent dans la région, dans le sillage des milices. Les zones défavorisées sont exposées à de nombreux dangers, y compris pour les enfants qui y vivent.
Le même jour, les plateformes de réseaux sociaux diffusaient des images d’une réfugiée syrienne qui a torturé ses deux filles dans un camp d’hébergement situé à la périphérie de Muhammarah, à la frontière nord du Liban.
Les photos ont montré des bleus et des signes de torture sur les corps des jeunes filles, qui ont toutes les deux moins de deux ans.
Bien que la femme ait nié avoir brutalisé les enfants et affirmé qu’elle «était tombée sur eux pendant son sommeil», un examen médical effectué par un médecin dans un centre de santé avoisinant a prouvé que l’une des deux filles avait une épaule démise et des bleus sur le visage, tandis que l’autre avait un bassin fracturé.
Le père des deux filles a éteint son portable. Les activistes de la région se sont donc adressés au grand-père.
L’une des filles a été emmenée à l’hôpital gouvernemental de Halba pour subir une intervention chirurgicale, mais les parents étaient incapables de payer les frais de l’opération.
Une ONG a contacté le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) qui, à son tour, a suivi l’affaire avec les autorités libanaises chargées de la sécurité, et les deux filles ont été transférées vers un centre de protection du HCR.
Et, comme si la violence domestique et les conditions de vie pénibles ne suffisaient pas, un autre incident a eu lieu dans un zoo au Liban depuis plus d’une semaine et a failli aboutir à la mort d’un enfant.
Effectivement, un garçon de trois ans a été accompagné par ses frères et son grand-père à un zoo à Nahr Al-Kalb, au nord de Beyrouth.
Ils se promenaient tous parmi les cages des animaux quand soudain, l’enfant s’est approché de celle d’une lionne, raconte le grand-père.
En un instant, l’animal a saisi l’enfant et s’est mis à lui mordre le corps.
Heureusement, le grand-père ainsi qu’une autre personne ont réussi à arracher l’enfant des griffes de la lionne.
L’enfant a eu 21 blessures sur son corps, dont de sévères entailles.
Son père a porté plainte contre les propriétaires du zoo pour manque de surveillance de la part des organismes publics.
Il a dit qu’il était déconseillé d’enfermer les animaux mais que des mesures devraient être prises si jamais on le faisait.
«La première condition est de ne pas laisser les lions enfermés crever de faim au point d’attaquer les gens et de causer un massacre s’ils s’échappent de leur cage.»
Un rapport publié par l'UNICEF le 17 décembre traite de la violence contre les enfants au Liban et avertit qu'«au moins un million d'enfants sont exposés à la violence au moment où la crise dans le pays s'intensifie.»
«Un enfant sur deux au Liban risque de subir des violences physiques, psychiques ou sexuelles, alors que les familles tentent de faire face à la crise qui s’aggrave dans le pays.»
Le rapport a coïncidé avec la visite de la représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies sur la violence contre les enfants, le Dr Najla Mualla Majid, au Liban.
«Nous devons veiller, aujourd’hui plus que jamais, à ce que les enfants soient protégés contre le harcèlement, le mal et la violence, et nous devons garantir la protection de leurs droits», a-t-elle dit.
Le Liban, qui abrite plus d’un million de réfugiés syriens, souffre d’une crise économique décrite par la Banque mondiale comme étant «l’une des pires crises que le monde ait connues à l’époque actuelle.»
Plus de 80% des Libanais vivent dans la pauvreté ; la livre libanaise a perdu 90% de sa valeur face au dollar américain.
L’UNICEF estime qu’«environ 1,8 millions d’enfants – soit plus de 80% des enfants au Liban – souffrent à présent d’une pauvreté multidimensionnelle.»
Le rapport montre que «le nombre de cas d’abus d’enfants et de cas traités par l’UNICEF ainsi que ses partenaires a augmenté d’environ 50% entre octobre 2020 et octobre 2021, ce qui signifie que les cas d’agressions sont passés de 3 913 à 5 621.»
Il est désormais devenu commun de voir des enfants sans abri errer dans les rues de la capitale et dans d’autres régions pour mendier, qu’ils soient poussés par leurs parents ou par leur propre faim et misère.
Plusieurs mères vivant dans des communautés pauvres, interrogées par des chaînes de télévision locales pendant la période de Noël, ont révélé que leurs enfants dormaient parfois sans dîner.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com