Le Kurdistan d'Irak pleure ses morts après le naufrage dans la Manche

Le 24 novembre, au moins 27 personnes ont péri dans la Manche, sillonnée quotidiennement par des migrants tentant de rallier les côtes anglaises à bord de fragiles embarcations. (Photo, AFP)
Le 24 novembre, au moins 27 personnes ont péri dans la Manche, sillonnée quotidiennement par des migrants tentant de rallier les côtes anglaises à bord de fragiles embarcations. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 26 décembre 2021

Le Kurdistan d'Irak pleure ses morts après le naufrage dans la Manche

  • Sous la lumière blafarde d'un terminal à l'aéroport d'Erbil, des dizaines d'hommes, des femmes toutes de noir vêtues et des enfants ont attendu des heures pour récupérer la dépouille d'un proche
  • Les corps sont finalement arrivés avant l'aube dans la capitale de la région autonome du nord de l'Irak, plus d'un mois après le naufrage

RANYA : "Si je n'appelle pas, c'est que je serai en Angleterre", avait prévenu Chakar Ali dans son dernier appel avec sa famille. Son cercueil a atterri dimanche au Kurdistan d'Irak, avec 15 autres victimes de l'effroyable naufrage survenu fin novembre dans la Manche.

Sous la lumière blafarde d'un terminal à l'aéroport d'Erbil, des dizaines d'hommes, des femmes toutes de noir vêtues et des enfants ont attendu des heures pour récupérer la dépouille d'un proche. 

Les corps sont finalement arrivés avant l'aube dans la capitale de la région autonome du nord de l'Irak, plus d'un mois après le naufrage. Le 24 novembre, au moins 27 personnes ont péri dans la Manche, sillonnée quotidiennement par des migrants tentant de rallier les côtes anglaises à bord de fragiles embarcations.

Parmi la foule à Erbil, certains se prennent dans les bras. Des femmes se lamentent et laissent libre cours à leurs pleurs. Une autre est venue avec des photos de famille qu'elle exhibe.

Assis, serrant sa cane contre sa poitrine, un vieil homme à la barbe blanche montre sur son portable une photo de son fils Afrasia, 24 ans seulement.

Les simples cercueils en bois ont été placés dans des ambulances qui transportent les dépouilles vers leur ville d'origine: Darbandikhan, Ranya, mais aussi Soran ou Qadrawa.

Le front posé contre une vitre, une femme sanglote. Assis dans un des véhicules, deux adolescents sont tout aussi émus. L'un d'eux a le visage posé contre le bois du cercueil pour un dernier adieu.

«Il a échoué»

A une centaine de kilomètres de là, dans une mosquée du centre de Ranya, plusieurs centaines de personnes saluent la mémoire des trois victimes du drame recensées dans la ville.

Les corps sont lavés selon la tradition musulmane. L'affluence est telle qu'on ouvre la grande salle de prière. Dans l'épais silence, les fidèles murmurent leur prière funéraire.

Parmi les victimes, Chakar Ali, 30 ans, parti de la maison depuis deux mois. La Turquie, la Grèce, puis l'Italie. Son périple méditerranéen prend fin en France.

"Il a tenté à sept reprises avec des amis la traversée vers la Grande-Bretagne", confie le frère aîné Chamal, qui lâche des réponses laconiques. "A chaque fois il a échoué."

Depuis trois ans, Chakar, diplômé en géologie pétrolière, cherchait un travail. "Il était au chômage jusqu'à son départ", poursuit le grand frère instituteur.

Il fustige le manque d'emplois et les politiques des autorités du Kurdistan. "A cause de ça, des centaines de familles ont perdu un enfant."

Au cimetière de Ranya, les hommes de la famille transportent sur leurs épaules les corps enveloppés dans un linceul. La foule compacte s'agglutine autour de la fosse où la dépouille est descendue.

Le cadet, Ramyar, se souvient de la dernière conversation avec son frère.

"Ils nous a dit +on a commencé la traversée. Si on vous appelle c'est que les gardes côtes nous ont arrêtés+", raconte le jeune homme de 20 ans.

"Si je n'appelle pas, c'est que je serai arrivé en Angleterre", poursuit-il.

«Mariée de la mer»

Prévu initialement vendredi, le rapatriement des 16 victimes irakiennes a été reporté à deux reprises.

Sur les corps retrouvés après le naufrage, 26 ont été identifiés en France: 17 hommes et sept femmes âgés de 19 à 46 ans, un adolescent de 16 ans et une enfant de 7 ans.

Parmi les victimes: un Kurde d'Iran, trois Ethiopiens, une Somalienne, quatre Afghans, un Egyptien, 16 Irakiens. Deux rescapés: un Kurde irakien et un Soudanais.

Des questions se posent sur les appels qu'auraient passés les migrants aux autorités françaises et anglaises quand leur embarcation de fortune a commencé à couler, selon le témoignage d'un rescapé.

La préfecture maritime de la Manche avait exclu que l'appel des migrants en difficulté n'ait pas été traité.

A l'aéroport d'Erbil, la famille de la jeune Baran a accroché à l'arrière de l'ambulance qui la ramène à Soran une bannière avec le portrait souriant de la jeune femme, accompagné des mots "La mariée de la mer".

Agée d'une vingtaine d'années, Maryam Nuri, "Baran" pour les intimes, a été la première victime du Kurdistan a être identifiée.

Elle voulait rejoindre son fiancé au Royaume-Uni pour "une vie meilleure", avait raconté son père à l'AFP après le drame.

Rien que cette semaine, trois naufrages ont eu lieu aux larges des îles grecques, faisant au moins 30 morts. Parmi les rescapés, des Syriens et des Egyptiens, mais aussi des Irakiens.


Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.


Les marchés agricoles naviguent à vue, chahutés par la guerre commerciale

Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
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  • De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump
  • Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche

WASHINGTON: De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump, même si certains fondamentaux continuent d'influencer les cours.

"Les décisions erratiques" de Donald Trump sur le plan commercial "fragilisent l'opinion des investisseurs: ils ne savent plus trop dans quoi investir", commente auprès de l'AFP Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage.

Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche, provoquant par ailleurs des "craintes financières", selon l'analyste.

A la Bourse de Chicago, les prix du blé et du maïs ont baissé sur la semaine, à cause notamment des incertitudes commerciales. Le soja a pour sa part évolué en dents de scie, pour se retrouver au final à des niveaux proches de la semaine passée.

Sur Euronext, "les cours suivent Chicago, qui est déprimé", résume Damien Vercambre.

La pause de 90 jours décidée par Donald Trump sur une partie des surtaxes à l'importation, à l'exception notable de celles visant la Chine, est à nouveau venue bouleverser la donne après un début d'année agité.

En parallèle, le président américain Donald Trump a évoqué mercredi la possibilité d'un accord commercial "équitable" avec la Chine, sans que les négociations aient toutefois réellement commencé, d'après un ministre de premier plan.

La guerre commerciale initiée par l'exécutif américain depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump a débouché sur 145% de droits de douane additionnels sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, et 125% décidés en représailles par Pékin sur les marchandises en provenance des Etats-Unis.

"Un jour ou l'autre, un accord sera conclu avec la Chine", assure l'analyste américain Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

Mais si le ton de l'administration américaine se veut désormais rassurant, les marchés semblent attendre des actions concrètes de la part de Washington.

"Nous sommes dans une phase d'attente et d'hésitation en ce moment", les investisseurs "attendant la moindre avancée en matière de politique commerciale", confirme Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.

"Il y a (cette) peur que l'économie capote, comme (...) en 2018 (sous le premier mandat de Donald Trump, ndlr) où les prix du soja et du maïs aux Etats-Unis s'étaient cassés la figure, avant qu'il y ait une réconciliation avec la Chine", rappelle M. Vercambre.

- Influence des fondamentaux -

Si le spectre de la guerre commerciale occupe une grande partie du paysage, des éléments fondamentaux influencent tout de même les cours, dont la météo ou encore les perspectives de production.

Aux Etats-Unis, les acteurs du marché sont "moins inquiets des conditions météorologiques et de la menace d'un temps sec" notamment "pour la Corn Belt américaine", ce qui pousse le maïs américain à de "nouveaux plus bas sur deux semaines", explique Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

"Il y a eu beaucoup de pluie dans le Midwest, en particulier dans les régions du Sud", participant au mouvement baissier du maïs et du blé américain, abonde Dewey Strickler.

Sur le Vieux Continent, "les perspectives de production pour la nouvelle campagne (...) sont aussi meilleures", observe M. Vercambre.

Plus précisément, "le sud de l'Europe a bénéficié de précipitations abondantes, ce qui a amélioré l'humidité des sols et augmenté les perspectives de rendement des cultures", selon un rapport de la Commission européenne.

Selon ce même rapport, néanmoins, dans le centre et le nord de l'Europe, "les conditions sèches prédominent" ce qui pourrait "nuire au développement des cultures d'hiver".


Ukraine: Pékin dénonce des «accusations sans fondement» sur la présence selon Kiev de combattants chinois

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  • Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire
  • "La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise

PEKIN: Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire.

"La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise Guo Jiakun, lors d'un point de presse, au lendemain de la convocation de son ambassadeur au ministère ukrainien des Affaires étrangères.