LONDRES: Quatre Iraniens qui ont traversé la Manche dans de petites embarcations ont vu leurs condamnations pour infraction à la législation sur l’immigration annulées lors d’un procès en appel.
Mardi, le tribunal a statué qu’il n'avait pas été prouvé que les hommes avaient l’intention d’entrer clandestinement au Royaume-Uni.
Les quatre individus, qui ont fui l’Iran pour la Grande-Bretagne, ont été interceptés par les autorités frontalières à différents moments en 2019 et 2020 et ont tous été condamnés pour des crimes séparément.
Tous avaient parfois piloté des bateaux gonflables lors de traversées organisées par des passeurs. L’un d’eux, Samyar Bani, a affirmé avoir eu le contrôle de la direction du bateau pendant quelques secondes. Il a été libéré après avoir purgé une partie de sa peine.
«J’ai tout perdu parce que je suis venu au Royaume-Uni pour une demande d’asile. Je ne suis pas un criminel, ni un passeur. Je me suis juste assis dans un bateau et je suis venu ici pour une demande d’asile», a-t-il raconté à la BBC.
M. Bani a quitté l’Iran en passant par la Turquie, la Grèce, l’Allemagne et la France avant d’effectuer la traversée périlleuse de la Manche vers le Royaume-Uni.
Il a été condamné en 2019 après que des agents de la British Border Force l’ont vu piloter un canot pneumatique pour traverser la Manche lors de la dernière étape de son voyage.
La Cour d’appel a indiqué que le jury dans son cas avait été informé à tort qu’il avait enfreint la loi dès qu’il était entré dans les eaux britanniques car, en réalité, la distinction entre les actions légales et illégales se fait sur la base de facteurs plus complexes.
Selon les juges d’appel, «si un bateau débarque sur une plage (...), le jury pourrait conclure que le timonier a facilité une entrée illégale, même si le bateau a finalement été intercepté».
«Si, en revanche, le facilitateur sait que le migrant n’a que l’intention d’entrer au Royaume-Uni en etant ramené à terre par la British Border Force, alors il ne sera pas en train de commettre une infraction.»
Deux autres hommes, Mohamoud al-Anzi et Fariboz Rakei, ont été reconnus coupables d’avoir facilité l’entrée illégale au Royaume-Uni. Un quatrième, Ghodratallah Zadeh, a été condamné à deux ans de prison après avoir plaidé coupable d’aide à l’immigration clandestine.
La condamnation de M. Zadeh a été annulée au motif qu’il avait été informé à tort qu’il n’avait pas de défense.
S’adressant à la BBC, M. Bani a précisé qu’il attendait maintenant que le Bureau de l’Intérieur se prononce sur sa demande d’asile, ajoutant qu’il s’était converti au christianisme et n’était plus en sécurité en Iran.
Cette année, la Grande-Bretagne a été confrontée à une forte augmentation des arrivées de demandeurs d’asile et d’immigrants dans le pays via la Manche. Il est estimé que plus du triple du nombre de personnes arrivées pendant toute l’année 2020 sont passées par cette même voie en 2021.
La plupart des arrivants sont des kurdes iraniens qui fuient les persécutions et l’effondrement économique de leur pays, l’Iran.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com