DJEDDAH: Rupture, du réalisateur Hamzah K. Jamjoom, qui a remporté le premier prix dans la catégorie Meilleur film saoudien au Festival du film de la mer Rouge, se déroule comme une peinture abstraite. Parfois, une telle œuvre d'art est fascinante pour sa myriade de couleurs et ce que suscitent ses concepts. Mais c'est souvent un puzzle que le spectateur peine à recomposer. De la même façon, l’œuvre de Jamjoom est une œuvre d'art brillante qui défie la compréhension facile, de l'avis de cette critique. Il faut suivre le film sans laisser son attention vaciller ne serait-ce que quelques minutes — et c'est, en d'autres termes, un ensemble d'images animées qui véhiculent un tas de sens cachés. Le résultat est métaphorique et magnifique.
Rupture, un thriller psychologique complexe, raconte l'histoire d'une femme saoudienne enceinte qui doit faire la distinction entre la réalité et les rêves, les hallucinations et les représentations de la mort provoquées par la drogue, avant qu'un tueur ne s’en prenne à elle et sa famille. L'acteur américain Billy Zane, l'actrice saoudienne Sumaya Rida, et l'acteur saoudien Fayez Ben Jurays sont les vedettes du film.
Le réalisateur saoudien entoure son œuvre de messages percutants, notamment des discussions sur les conflits culturels et la ligne étroite entre liberté individuelle et dépendance – la frustration de l’héroïne du film d'être liée à son mari, sa famille et sa domesticité donnant amplement matière à réflexion.
L'intrigue – qui se déroule de manière dissimulée, souvent à travers des cadres sombres qui accentuent le mystère du récit – suit un couple arabe de différents horizons culturels qui se déplace à Londres pour y faire soigner la grossesse à risques de l’épouse. Malgré les conseils de son médecin et le désarroi de son mari, Malak, la femme et future mère, est déterminée à passer par cette dure épreuve. Mais lorsque le mari, Rakan, doit rentrer chez lui pour des nécessités familiales urgentes, Malak est laissée seule à combattre ses propres démons, séparer les faits réels des fruits de son imagination et éloigner les tendances hallucinatoires qui la troublent à travers d'horribles cauchemars.
Le film de Jamjoom est porteur d’un message sans équivoque sur l'autonomisation des femmes dans la société.
On peut soutenir que malgré les excellentes qualités de production telles que le montage parfait et des représentations très performantes, Rupture n'est pas évident à comprendre et n'est peut-être pas la tasse de thé de tout le monde.
L'histoire aurait pu être moins compliquée. Mais les défis surmontés par le réalisateur et les acteurs font en sorte que le film mérite d’être vu. Zane se présente comme un concierge sévère prêt à prêcher sa morale à la femme enceinte, rôle tenu par Rida, dont la façon d’exprimer la peur et la panique ajoute à la tristesse et à l'obscurité du récit. Jurays semble avoir du mal à s'imprégner de son personnage, ne parvenant pas à faire apparaître à l’écran la terrible peur de perdre éventuellement la femme qu'il adore.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com