LONDRES : Dans le sillage de l'invasion du Koweït en 1990, le régime du dictateur irakien Saddam Hussein a commis 2 000 crimes de guerre contre des Britanniques, comme le révèle un rapport récemment publié.
Classifiés depuis trente ans, les documents en question ont été dévoilés vendredi par le National Archives (Archives nationales) du Royaume-Uni. Ils lèvent le voile sur les assassinats, les viols et les tortures perpétrés contre des milliers de personnes, pour la plupart des civils, par les forces du dictateur baasiste dans le contexte de la guerre du Golfe.
Le rapport datant de 1992 a été élaboré par des enquêteurs appartenant à la police militaire royale. Il contient des « preuves irréfutables des violations systématiques » de la Convention de Genève auxquelles s'est livré l'Irak ; les forces irakiennes ont notamment pris 1 373 otages britanniques et utilisé 556 d'entre eux comme « boucliers humains ».
Dans le cadre de l'enquête faisant partie des enquêtes baptisées « Operation Sand Castle » (Opération Château de Sable), les enquêteurs ont interrogé 1 868 témoins et recueilli les déclarations de 725 autres personnes.
Parmi ces Britanniques, 300, voire plus, ont atterri au Koweït à bord d'un vol de la British Airways, au moment où les forces irakiennes franchissaient la frontière.
Sous la pression de la guerre Iran-Irak et à court d'argent, Saddam Hussein a ordonné l'invasion du pays en 1990 sur fond de différends financiers avec ce petit pays situé à sa frontière sud.
Parmi les détenus britanniques ayant servi de boucliers humains, huit sont morts après avoir été libérés. Les causes de leur décès sont liées aux abus qu'ils ont subis, à des crises cardiaques ou à des suicides.
Le rapport précise qu’«il semble que l'abus de violence auquel se sont livrées les autorités irakiennes et leurs complices pour parvenir à leurs fins ne connaissait pas de limites ».
Quatre Britanniques ont été victimes de « traitements inhumains », dont l'ancien membre des Royal Marines, Douglas Brand et son associé, Patrick Trigg, capturés au moment où ils tentaient de fuir le Koweït.
Le rapport souligne que les deux hommes ont été systématiquement battus et ont reçu des décharges électriques sur la tête et les testicules.
Cinq agents des forces spéciales ont subi des « passages à tabac violents », ajoute le rapport. Ils ont été « agressés gratuitement et sans préavis par leurs gardes » au moyen de « cannes, de morceaux de bois ou de ce qui ressemblait à des fouets ».
« Même si ces agressions se produisaient parfois au cours des interrogatoires, il est évident que les passages à tabac servaient à affaiblir le moral des soldats et leur résistance, plutôt qu'à les torturer pour leur soutirer des informations spécifiques », indique le rapport de l'opération Sand Castle.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com