BESSANCOURT: Le maire d'une commune française a écrit au président Emmanuel Macron pour l'alerter sur le sort d'une dizaine de familles syriennes vivant encore dans un domaine appartenant à Rifaat al-Assad, l'oncle du président syrien, dans des "conditions insalubres, sans électricité".
"Nous ne pouvons pas laisser ces personnes sans solution cet hiver", écrit le maire écologiste de Bessancourt, au nord de Paris, Jean-Christophe Poulet, dans le courrier consulté vendredi par l'AFP.
Pour l'édile, "il est de la responsabilité de l'Etat d'agir vite. Un décès a eu lieu parmi les résidents le week-end dernier, des personnes ayant contracté la Covid ont été hospitalisées et une personne âgée doit être maintenue sous respirateur, ce qui nécessite des besoins en eau et en électricité", a-t-il expliqué à l'AFP.
Près de 80 Syriens, ex-employés de Rifaat al-Assad, vivent gracieusement dans le haras Saint-Jacques, composé d'un château, d'écuries réaménagées en pavillons et de maisons de plus ou moins bonne facture. Ces familles étaient arrivées dans les années 1980, dans les bagages de Rifaat al-Assad en exil, après une tentative de coup d'État contre le frère de ce dernier, l'ancien président défunt Hafez al-Assad.
Le domaine d'une quarantaine d'hectares fait partie des biens confisqués par la justice dans le cadre d'un procès. En septembre, Rifaat al-Assad a été reconnu coupable de blanchiment en bande organisée et de détournement de fonds publics syriens.
La justice française l'a condamné, en son absence, à quatre ans de prison et à la confiscation d'un patrimoine évalué à 90 millions d'euros.
Pour éviter l'emprisonnement de son oncle en France, l'actuel président Bachar al-Assad l'a autorisé à rentrer en Syrie en octobre, après 36 ans d'exil forcé. Rifaat al-Assad, 84 ans, a alors laissé sur le carreau ses anciens employés et une dette de plus de 200.000 euros d'électricité au haras Saint-Jacques.
"Maintenant que Rifaat al-Assad voit ses avoirs bloqués", les familles "se retrouvent sans eau, ni électricité depuis plusieurs mois", a détaillé le maire, plaidant pour obtenir "le retour de l'électricité" puis des propositions de relogement des familles.
"On n'a eu aucune réponse concrète ni de la préfecture ni d'Enedis (gestionnaire du réseau de distribution d'électricité français, ndlr). Les familles ne vont pas bien psychologiquement", insiste-t-il.
Contactées, les autorités locales n'ont pas répondu aux appels de l'AFP.