Malgré les succès de la guerre contre le terrorisme, sa portée mondiale s’élargit

Daech et Al-Qaïda continuent d'être des «adversaires résilients» en Libye, en Syrie, en Égypte, en Algérie, au Maroc, en Tunisie, au Yémen et dans la péninsule arabique, selon le rapport. (Photo, AFP/Archives)
Daech et Al-Qaïda continuent d'être des «adversaires résilients» en Libye, en Syrie, en Égypte, en Algérie, au Maroc, en Tunisie, au Yémen et dans la péninsule arabique, selon le rapport. (Photo, AFP/Archives)
Short Url
Publié le Vendredi 17 décembre 2021

Malgré les succès de la guerre contre le terrorisme, sa portée mondiale s’élargit

  • Le rapport décrit en détail la présence terroriste dans toutes les régions et les groupes qui représentent les plus grandes menaces pour le monde entier
  • Il met en lumière les efforts antiterroristes saoudiens, notamment le Centre de ciblage du financement du terrorisme dirigé par l'Arabie saoudite et les États-Unis

 

CHICAGO: Les groupes terroristes ont élargi la portée de leurs activités violentes pour inclure davantage de pays, selon un rapport publié jeudi par le département d'État américain. Il conclut également «d’importantes activités terroristes subsistent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord».

Le rapport de 421 pages intitulé «Country Reports on Terrorism 2020» (Rapports nationaux sur le terrorisme 2020) détaille la présence terroriste dans chaque région, y compris les noms des groupes qui constituent les plus grandes menaces pour le monde, ainsi que leurs sources de financement et de soutien.

Les auteurs notent que «d'importantes activités terroristes et des refuges» persistent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord pour des organisations telles que Daech, Al-Qaïda, le Hezbollah et le régime iranien, mais ils mettent en garde contre le fait que le terrorisme est devenu «plus répandu géographiquement» dans un plus grand nombre de pays.

«Bien que l'État islamique ait perdu tout le territoire dont il s'était emparé en Irak et en Syrie, l'organisation et ses branches ont continué à mener une campagne terroriste mondiale, menant des attaques meurtrières dans le monde entier», selon le rapport, qui utilise l'État islamique comme un autre nom pour le groupe terroriste Daech.

«Illustrant l'évolution de la menace, les affiliés de l'État islamique en dehors de l'Irak et de la Syrie ont fait plus de morts en 2020 qu’au cours de toute année précédente. En 2020, les États-Unis et leurs partenaires ont continué à lutter contre Al-Qaïda et ses affiliés dans le monde entier. L'organisation a subi d'importantes pertes de leadership avec l'élimination d'Abdelmalek Droukdel, l'émir d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, et du numéro deux d’Al-Qaïda, Abou Mohammed al-Masri.

«Pourtant, les réseaux d'Al-Qaïda ont continué à exploiter les régions mal gouvernées, les zones de conflit et les failles de sécurité au Moyen-Orient dans le but d’acquérir des ressources terroristes et de mener des attaques terroristes. Al-Qaïda a encore renforcé sa présence à l'étranger, en particulier au Moyen-Orient et en Afrique, où les affiliés d'Al-Qaïda comme Al-Qaida dans la péninsule arabique, Al-Chabaab dans la Corne de l'Afrique et Jama'at Nasr al-Islam wal Muslimin au Sahel, restent parmi les groupes terroristes les plus actifs et les plus dangereux au monde.»

La coalition mondiale de 83 membres dirigée par les États-Unis pour vaincre l'État islamique a progressé dans ses tentatives d’empêcher une réapparition du groupe et de bloquer ses efforts pour fonder «un califat concret en Irak et en Syrie», selon le rapport.

Il désigne également la Force d’Al-Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique d'Iran, ou le (CGRI - QF), et les groupes terroristes soutenus par l'Iran tels que le Hezbollah, comme des affiliés d'Al-Qaïda qui sont également restés actifs dans toute la région.

Daech et Al-Qaïda restent des «adversaires résilients» en Libye, en Syrie, dans la province égyptienne du Sinaï, en Algérie, au Maroc, en Tunisie, au Yémen et dans la péninsule arabique, selon le rapport.

«L'Iran a continué à utiliser le CGRI - QF pour promouvoir les intérêts de l'Iran à l'étranger», note le rapport. «L'Iran a en outre continué à reconnaître l'implication active du CGRI-QF dans les conflits en Irak et en Syrie, ce dernier soutenant le régime d'Assad.

«Par le biais du CGRI-QF, le régime iranien a continué à soutenir plusieurs groupes terroristes désignés par les États-Unis, en fournissant des fonds, des formations, des armes et des équipements. Parmi les groupes qui reçoivent le soutien de l'Iran figurent le Hezbollah, le Hamas, le Jihad islamique palestinien, les Brigades Al-Achtar et Saraya al-Mokhtar à Bahreïn, et Kata'ib Hezbollah et Asa'ib Ahl al-Haq en Irak.»

L'Iran a de plus fourni des armes et un soutien à d'autres groupes militants en Irak et en Syrie, ainsi qu'aux Houthis au Yémen et aux Talibans en Afghanistan, selon le rapport.

«Les milices soutenues par l'Iran ont intensifié le rythme des attaques contre l'ambassade de Bagdad et les bases irakiennes hébergeant les forces américaines et d'autres forces de Defeat-ISIS (les forces pour vaincre l'État islamique)», a ajouté le rapport. «Les Houthis continuent de recevoir un soutien matériel et des conseils d'entités iraniennes, surtout pour mener des attaques contre l'Arabie saoudite.»

Le rapport souligne aussi les efforts des autorités saoudiennes pour lutter contre le terrorisme, soulignant: «L'Arabie saoudite et les États-Unis ont continué à co-diriger le Centre de ciblage du financement du terrorisme, une initiative fondée en 2017 pour accroître la collaboration multilatérale entre les États-Unis et le Golfe pour lutter contre le financement du terrorisme. En 2020, les membres du Centre de ciblage du financement du terrorisme ont imposé des sanctions contre six personnes et entités affiliées à l'État islamique.»

Outre le financement de l'Arabie saoudite, l'Agence américaine pour le développement international a versé 173,8 millions de dollars (1 dollar américain = 0,86 euro) pour lutter contre le terrorisme en Égypte, en Jordanie, au Liban, au Maroc, en Syrie et au Yémen.

Le Hezbollah continue de représenter une menace imminente pour Israël, prévient le rapport, s'étant vanté, particulièrement lors de présentations médiatiques détaillant des sites de production potentiels, d'avoir «suffisamment» de missiles à guidage de précision au Liban pour y parvenir.

Les groupes terroristes palestiniens, tels que le Hamas, le Front populaire pour la libération de la Palestine, le Commandement général du Front populaire pour la libération de la Palestine, Asbat al-Ansar, Fatah Al-Islam, Fatah Al-Intifada, Jound Al-Sham, le Jihad et les Brigades d’Abdallah Azzam à Gaza, en Cisjordanie et opérant dans 12 camps de réfugiés palestiniens au Liban, constituent des menaces, selon le rapport, bien que les forces de sécurité israéliennes et palestiniennes aient continué à coordonner leurs efforts en Cisjordanie de manière à atténuer la violence.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Short Url
  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Short Url
  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.