Le Premier ministre Jean Castex a présenté mercredi au Palais Bourbon une présidence française de l'UE qui veut "renforcer l'Europe, et donc la France", les oppositions fustigeant l'"enfumage" du président Macron, accusé de la mettre à profit pour se faire réélire.
Chaque présidence française de l'Union est un "événement politique majeur" qui suscite "beaucoup d'attentes" en France et en Europe, a souligné M. Castex en ouvrant devant les députés un débat sans vote sur les priorités de Paris pour cette échéance.
Le Premier ministre a promis que cette présidence serait menée avec "humilité, sobriété, dans le respect de ses partenaires" par la France, mais aussi "avec la force de ses convictions, de son histoire et de ses intérêts qui sont intimement liés à ceux de l'Europe".
Faisant allusion à la montée des populismes, il a relevé que "nous voyons un peu partout en Europe des forces politiques remettre en cause" le "modèle européen".
M. Castex a notamment souligné le rôle du plan de relance européen face à la crise sanitaire, qui permet à la France d'afficher un taux de croissance "autour de 6,7% en 2021" et d'avoir un "niveau de créations d'emplois au plus haut depuis 12 ans".
M. Castex a repris les grands thèmes de cette présidence semestrielle, en particulier une Europe "plus souveraine, capable de maîtriser ses frontières", capable de "s'affirmer en tant que puissance" et "dotée d'une politique de défense".
A quelques heures de l'intervention de M. Macron sur TFI/LCI, les oppositions ont repris leurs critiques sur la tenue de cette présidence européenne en pleine période électorale en France.
Le communiste Jean-Paul Lecoq a dénoncé un "enfumage pour lancer une campagne présidentielle". M. Macron "préfère se servir de cette séquence plutôt que de faire l'Histoire", a renchéri Eric Coquerel (LFI).
Chez Les Républicains, Pierre-Henri Dumont a estimé qu'il "ne reste rien ou presque rien du macronisme européen des premiers jours", et Constance Le Grip (LR) a redouté que cette présidence de l'UE ne se résume à du "marketing politique".
Bertrand Pancher (Libertés et Territoires) a estimé que la France se serait "grandie" en "intervertissant" sa présidence avec un autre pays.
Sébastien Chenu (non inscrit, membre du RN) a qualifié la politique européenne de M. Macron de "pipeau total".
Moins virulente envers M. Macron lui-même, la socialiste Marietta Karamanli toutefois émis des "doutes sur la portée de cette présidence", et plaidé pour une Europe de "grands projets".
Côté majorité, Patrick Mignola (MoDem) a appelé à "ne pas utiliser ce débat à des fins uniquement domestiques".
Le patron des députés LREM, Christophe Castaner, a souhaité que cette présidence soit un moment d'ambition, d'action, de construction".
Mais la majorité a aussi décoché quelques flèches politiques. Pieyre-Alexandre Anglade (LREM) s'est étonné de voir la candidate LR à la présidentielle Valérie Pécresse "dénoncer le plan de relance européen", estimant que ses "contradictions ne nous promettent qu'une France faible dans une Europe faible".
Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian s'est quant à lui étonné des critiques sur la concomitance des échéances européennes et nationales de la France.
"Ce débat n'est que français. Il y a des élections tout le temps dans l'UE" et "il y a un calendrier à respecter", a-t-il plaidé.