LONDRES: La décision du gouvernement britannique de réduire les critères d’éligibilité des Afghans fuyant le régime taliban «coûtera des vies», selon l’ancien ambassadeur britannique en Afghanistan.
Les changements annoncés mardi signifient que ce programme sera désormais réservé aux personnes ayant travaillé pour ou avec le Royaume-Uni et pouvant prouver qu’elles courent un certain niveau de risque en Afghanistan.
Ceux qui peuvent prouver qu’ils ont apporté une «contribution substantielle et positive» à la réalisation des objectifs militaires ou de sécurité nationale du Royaume-Uni dans le pays resteront également éligibles.
Toutefois, ces changements impliquent que les personnes ayant travaillé avec la Grande-Bretagne pour «promouvoir les droits de l’homme, la bonne gouvernance et la démocratie» et qui n’ont «aucun moyen de se mettre en sécurité au Royaume-Uni» ne pourront plus prétendre à la réinstallation.
Sir Nick Kay, qui a été ambassadeur du Royaume-Uni en Afghanistan de 2017 à 2019, a déclaré à The Independent: «Pour ces personnes courageuses, le programme de réinstallation des citoyens afghans (ACRS) doit commencer maintenant. Les retards entraînent la perte de vies afghanes, provoquent une détresse extrême et sapent la prétention du gouvernement britannique à offrir un passage sûr et un accueil chaleureux à ceux que nous avons abandonnés en août.»
Bien que près de quatre mois se soient écoulés depuis que l’Afghanistan est tombé aux mains des talibans, le programme ACRS n’est pas encore opérationnel, ce qui ne laisse que la Politique d’assistance et de relocalisation des Afghans (ARAP) pour aider les citoyens à s’échapper.
«L’ACRS, qui débutera bientôt, est l’un des programmes les plus généreux de l’histoire de notre pays. Il offrira à 20 000 personnes à risque une nouvelle vie au Royaume-Uni. Nous honorerons les engagements pris envers les individus et les groupes», a affirmé Victoria Atkins, ministre britannique chargée de la réinstallation des Afghans.
Cependant, les défenseurs des droits de l’homme ont condamné les changements apportés aux critères de réinstallation, en particulier à la lumière des commentaires antérieurs du Premier ministre britannique Boris Johnson, dans lesquels il a promis de réserver un «accueil chaleureux» aux Afghans au Royaume-Uni.
Selon Minnie Rahmane, directrice générale par intérim du Conseil mixte pour la protection des immigrants, la limitation de l’ARAP par le Royaume-Uni et son «échec honteux» à lancer le programme de réinstallation des Afghans signifiaient que la situation des Afghans ayant des liens avec le Royaume-Uni irait désormais «de mal en pis».
«Il y a quatre mois, ce gouvernement a promis aux Afghans un “accueil chaleureux”, mais, encore une fois, nous le voyons claquer la porte au nez du peuple afghan, même à ceux qui ont risqué leur vie en travaillant à nos côtés», a-t-elle déclaré à The Independent.
Elle a ajouté que ces changements laisseraient aux personnes concernées le «choix impossible» de rester en Afghanistan et de «risquer la mort» ou de faire elles-mêmes un voyage périlleux vers la Grande-Bretagne.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com