L'ONU accuse les talibans d'avoir assassiné au moins 72 personnes liées à l'ancien régime afghan

Des combattants talibans montent la garde le long d'une route à Jalalabad le 12 décembre 2021. (AFP)
Des combattants talibans montent la garde le long d'une route à Jalalabad le 12 décembre 2021. (AFP)
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Publié le Mercredi 15 décembre 2021

L'ONU accuse les talibans d'avoir assassiné au moins 72 personnes liées à l'ancien régime afghan

  • Après les déclarations de Mme Al-Nashif, le gouvernement taliban a de nouveau rejeté ces accusations, qui circulent depuis des mois dans le pays
  • Mme Al-Nashif a par ailleurs alerté sur la souffrance du peuple afghan, confrontée, selon l'ONU, à l'une des pires catastrophes humanitaires au monde

GENEVE: Les Nations unies ont accusé mardi les talibans d'être, en dépit de leur promesse d'amnistie générale, responsables d'au moins 72 exécutions extrajudiciaires depuis le mois d'août, ce que les nouveaux maîtres de Kaboul ont nié en bloc.

Entre août et novembre, l'ONU a reçu "des allégations crédibles faisant état de plus de 100 exécutions d'anciens membres des forces de sécurité nationales afghanes et d'autres personnes associées à l'ancien gouvernement, dont 72 au moins ont été attribués aux talibans", a déclaré la Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme Nada Al-Nashif, devant le Conseil des droits de l'homme à Genève (Suisse).

"Je suis alarmée par les informations persistantes faisant état d'exécutions extrajudiciaires dans tout le pays, malgré l'amnistie générale annoncée par les talibans après le 15 août", a-t-elle ajouté.

"Lorsque les forces talibanes ont pris le contrôle des districts un peu partout en Afghanistan en juillet et en août 2021, des talibans, au cours d'attaques menées en représailles, ont torturé et tué des membres de minorités ethniques et religieuses, d'anciens soldats des Forces nationales afghanes de défense et de sécurité ainsi que des personnes perçues comme favorables au gouvernement", a dénoncé pour sa part Amnesty International à l'occasion de la publication mardi d'un rapport sur les crimes de guerre dans le pays.

"Dans la seule province de Nangarhar", a relevé Mme Al-Nashif, "au moins 50 exécutions extrajudiciaires de personnes soupçonnées d'être membres de l'EI-K (la branche afghane du groupe jihadiste Etat islamique) semblent avoir été commises".

Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux se sont déjà montrés "préoccupés" par ces exécutions, révélées par des organisations de défense des droits humains, et ont demandé l'ouverture rapide d'enquêtes.

Après les déclarations de Mme Al-Nashif, le gouvernement taliban a de nouveau rejeté ces accusations, qui circulent depuis des mois dans le pays mais restent très difficile à prouver.

«Faim et misère»

"Les rumeurs sans fondement ne doivent pas être prises pour argent comptant", a réagi mardi après-midi auprès de l'AFP le porte-parole du ministère taliban des Affaires étrangères Abdul Qahar Balkhi.

Les talibans "respectent pleinement le décret d'amnistie et les employés des gouvernements précédents ne sont pas persécutés", a-t-il ajouté, assurant qu'il y aurait des enquêtes sur chaque cas suspect et que tout taliban coupable de violer l'amnistie serait "jugé et puni".

Si d'anciens membres des forces de sécurité ont été tués ces derniers mois, c'est à cause de rivalités ou d'inimitiés personnelles, soulignent régulièrement les talibans.

Mme Al-Nashif a par ailleurs alerté sur la souffrance du peuple afghan confronté, selon l'ONU, à l'une des pires catastrophes humanitaires au monde.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU a aidé 15 millions de personnes jusqu'à présent en 2021 dans le pays, dont 7 millions rien qu'en novembre --contre 4 millions en septembre.

Il a annoncé mardi qu'il allait accélérer ses opérations pour aider "plus de 23 millions de personnes confrontées à la faim sévère" en Afghanistan, en proie aux effets combinés de la sécheresse causée par le changement climatique et la paralysie économique.

L'économie du pays est au point mort depuis l'arrivée au pouvoir des fondamentalistes, qui a amené la communauté internationale à geler l'aide sur laquelle elle reposait très largement.

«Questions sans réponse»

Les talibans sont revenus mi-août au pouvoir, presque vingt ans après en avoir été chassés par les forces américaines pour les punir d'avoir hébergé des leaders d'Al-Qaïda, auteurs des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

Leur premier règne (1996-2001) leur avait valu d'être mis au ban de la communauté internationale car ils réprimaient violemment toute opposition et niaient les droits fondamentaux des femmes.

Les dirigeants talibans d'aujourd'hui, en quête de soutiens financiers et de respectabilité internationale, ont promis que leur régime serait différent.

Le 3 décembre, leur chef suprême a demandé au gouvernement, dans un décret, de "prendre des mesures sérieuses pour faire respecter les droits des femmes" en Afghanistan, notamment contre les mariages forcés, sans mentionner le droit de travailler ni d'étudier.

Mme Al-Nashif a qualifié mardi ce décret de "signal important" mais qui "laisse de nombreuses questions sans réponse".

"Par exemple", a-t-elle dit, "il n'indique pas clairement un âge minimum pour le mariage et ne fait pas référence aux droits plus larges des femmes et des filles à l'éducation, au travail, à la liberté de mouvement ou de participation à la vie publique".


Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.


Les marchés agricoles naviguent à vue, chahutés par la guerre commerciale

Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
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  • De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump
  • Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche

WASHINGTON: De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump, même si certains fondamentaux continuent d'influencer les cours.

"Les décisions erratiques" de Donald Trump sur le plan commercial "fragilisent l'opinion des investisseurs: ils ne savent plus trop dans quoi investir", commente auprès de l'AFP Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage.

Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche, provoquant par ailleurs des "craintes financières", selon l'analyste.

A la Bourse de Chicago, les prix du blé et du maïs ont baissé sur la semaine, à cause notamment des incertitudes commerciales. Le soja a pour sa part évolué en dents de scie, pour se retrouver au final à des niveaux proches de la semaine passée.

Sur Euronext, "les cours suivent Chicago, qui est déprimé", résume Damien Vercambre.

La pause de 90 jours décidée par Donald Trump sur une partie des surtaxes à l'importation, à l'exception notable de celles visant la Chine, est à nouveau venue bouleverser la donne après un début d'année agité.

En parallèle, le président américain Donald Trump a évoqué mercredi la possibilité d'un accord commercial "équitable" avec la Chine, sans que les négociations aient toutefois réellement commencé, d'après un ministre de premier plan.

La guerre commerciale initiée par l'exécutif américain depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump a débouché sur 145% de droits de douane additionnels sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, et 125% décidés en représailles par Pékin sur les marchandises en provenance des Etats-Unis.

"Un jour ou l'autre, un accord sera conclu avec la Chine", assure l'analyste américain Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

Mais si le ton de l'administration américaine se veut désormais rassurant, les marchés semblent attendre des actions concrètes de la part de Washington.

"Nous sommes dans une phase d'attente et d'hésitation en ce moment", les investisseurs "attendant la moindre avancée en matière de politique commerciale", confirme Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.

"Il y a (cette) peur que l'économie capote, comme (...) en 2018 (sous le premier mandat de Donald Trump, ndlr) où les prix du soja et du maïs aux Etats-Unis s'étaient cassés la figure, avant qu'il y ait une réconciliation avec la Chine", rappelle M. Vercambre.

- Influence des fondamentaux -

Si le spectre de la guerre commerciale occupe une grande partie du paysage, des éléments fondamentaux influencent tout de même les cours, dont la météo ou encore les perspectives de production.

Aux Etats-Unis, les acteurs du marché sont "moins inquiets des conditions météorologiques et de la menace d'un temps sec" notamment "pour la Corn Belt américaine", ce qui pousse le maïs américain à de "nouveaux plus bas sur deux semaines", explique Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

"Il y a eu beaucoup de pluie dans le Midwest, en particulier dans les régions du Sud", participant au mouvement baissier du maïs et du blé américain, abonde Dewey Strickler.

Sur le Vieux Continent, "les perspectives de production pour la nouvelle campagne (...) sont aussi meilleures", observe M. Vercambre.

Plus précisément, "le sud de l'Europe a bénéficié de précipitations abondantes, ce qui a amélioré l'humidité des sols et augmenté les perspectives de rendement des cultures", selon un rapport de la Commission européenne.

Selon ce même rapport, néanmoins, dans le centre et le nord de l'Europe, "les conditions sèches prédominent" ce qui pourrait "nuire au développement des cultures d'hiver".


Ukraine: Pékin dénonce des «accusations sans fondement» sur la présence selon Kiev de combattants chinois

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  • Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire
  • "La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise

PEKIN: Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire.

"La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise Guo Jiakun, lors d'un point de presse, au lendemain de la convocation de son ambassadeur au ministère ukrainien des Affaires étrangères.