Tunisie: Des mesures exceptionnelles qui durent, l'opposition remontée

Le président tunisien Kais Saied rencontre le représentant spécial adjoint du secrétaire général de l'ONU pour les affaires politiques en Libye, au palais de Carthage à Tunis le 12 octobre 2020. (Photo, AFP)
Le président tunisien Kais Saied rencontre le représentant spécial adjoint du secrétaire général de l'ONU pour les affaires politiques en Libye, au palais de Carthage à Tunis le 12 octobre 2020. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 14 décembre 2021

Tunisie: Des mesures exceptionnelles qui durent, l'opposition remontée

  • Les ambassadeurs des pays du G7 et de l'UE en Tunisie ont appelé à un retour «rapide» aux institutions démocratiques
  • Pour l'analyste politique Slaheddine Jourchi, le président Saied «semble déterminé à mener à bien son projet politique»

TUNIS : Les opposants du président tunisien Kais Saied sont vent débout mardi après sa décision de prolonger d'un an le gel du Parlement, y voyant une nouvelle dérive autoritaire, à trois jours du 11ème anniversaire de la révolte ayant renversé la dictature

Excluant tout "retour en arrière" quatre mois et demi après avoir suspendu le 25 juillet le Parlement dominé par le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, sa bête noire, M. Saied a procédé à une dissolution qui ne dit pas son nom de l'assemblée en prolongeant son gel jusqu'au nouveau scrutin législatif dont il a fixé la date au 17 décembre 2022.

Le chef de l'Etat a aussi annoncé, dans un discours lundi soir, un référendum pour le 25 juillet sur des amendements de la Constitution, qu'il veut plus présidentielle, et de la loi électorale qui régira les législatives.

En pleine crise socio-économique et sanitaire et après des mois de blocage politique, M. Saied, élu au suffrage universel fin 2019, a invoqué en juillet dernier un "péril imminent" pour limoger le Premier ministre soutenu par Ennahdha, suspendre les activités du Parlement et reprendre en main le pouvoir judiciaire.

Les ambassadeurs des pays membres du G7 et de l'Union européenne (UE) en Tunisie ont appelé vendredi à un retour "rapide" aux institutions démocratiques.

«Refus d'écouter»

Si M. Saied, qui se targue d'un important soutien au sein d'une opinion publique exaspérée par les blocages et la corruption, conçoit le calendrier dévoilé lundi comme une feuille de route pour tourner la page de cette crise, ses opposants l'accusent de chercher à prolonger son monopole du pouvoir.

"Son discours peut se résumer ainsi: je suis l'Etat, je suis le président, je suis le gouvernement, je suis la justice, je suis la commission électorale, je suis le peuple, je suis le prophète infaillible", a réagi sur sa page Facebook le député d'opposition Hichem Ajbouni.

"Ceux qui (...) ont eu l'honneur de se battre pour faire échec au coup d'Etat continueront sur cette voie", a pour sa part affirmé sur le même réseau social, Jaouhar ben Mbarek, l'un des opposants le plus en vue au président Saied.

M. Saied a fait savoir que les amendements qu'il entend soumettre à référendum seraient la synthèse de propositions élaborées à la faveur de "consultations populaires" à mener à partir du 1er janvier sur des plateformes électroniques dédiées.

Pour le député Samir Dilou, ex membre d'Ennahdha, "Saied va lancer un référendum électronique susceptible de faire de la Tunisie un objet de risée".

"L'allocution de Saied traduit l'état de déni dans lequel il vit et son refus d'écouter qui que ce soit", a-t-il ajouté dans une interview au quotidien Assabah.

Pour l'analyste politique Slaheddine Jourchi, le président Saied "semble déterminé à mener à bien son projet politique, faisant fi des pressions à la maison et de l'étranger".

"Il essaye de couper l'herbe sous les pieds de ses opposants en annonçant un calendrier avec des dates précises", a déclaré M. Jourchi à l'AFP.

«La tension va perdurer»

Son discours est intervenu en effet quelques jours avant des manifestations prévues par ses opposants, mais aussi ses partisans, le 17 décembre, jour de célébration du 11ème anniversaire de la révolte contre le régime de Zine el Abidine Ben Ali, qui a donné le coup d'envoi au Printemps arabe.

"Le gros problème réside dans le fait qu'il va continuer à gouverner par décrets. Son conflit politique avec ses opposants va s'aggraver et la tension va perdurer", ajoute M. Jourchi.

Le discours présidentiel a suscité des réactions mitigées dans la rue.

"C'est important de mettre les choses sur la voie constitutionnelle et juridique et de les lier à un calendrier. Mais en ce qui concerne les sujets actuels tel que l'emploi, la pauvreté, la marginalisation et la poursuite en justice de ceux qui ont commis des crimes contre le pays, son discours en est encore loin", confie à l'AFP Nizar ben Ahmida, un professeur de 37 ans.

"J'ai retenu le fait qu'il y aura des élections le 17 décembre 2022. Je pense que c'est trop loin. Il est en train de gagner du temps", estime un autre Tunisois, Nidhal, 35 ans.


Djeddah: pourparlers entre les États-Unis et l'Ukraine

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  • Les pourparlers ont eu lieu sous la direction du prince héritier Mohammed bin Salman et en présence du ministre des Affaires étrangères du Royaume, le prince Faisal bin Farhan
  • Les pourparlers s'inscrivent dans le cadre des efforts déployés par le Royaume pour résoudre la crise en Ukraine, grâce à ses relations équilibrées avec les différentes parties

RIYADH : Des pourparlers entre les États-Unis et l'Ukraine visant à mettre fin à la guerre avec la Russie ont eu lieu mardi à Djeddah, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Les pourparlers ont eu lieu sous la direction du prince héritier Mohammed bin Salman et se sont déroulés en présence du ministre des Affaires étrangères du Royaume, le prince Faisal bin Farhan, et du ministre d'État et membre du Conseil des ministres, Musaed bin Mohammed Al-Aiban.
Les États-Unis étaient représentés par le secrétaire d'État Marco Rubio et le conseiller à la sécurité nationale Michael Waltz, tandis que l'Ukraine était représentée par le chef du bureau présidentiel ukrainien Andriy Yermak, le ministre ukrainien des affaires étrangères Andrii Sybiha et le ministre de la défense Rustem Umerov.

Ces entretiens s'inscrivent dans le cadre des efforts déployés par le Royaume pour résoudre la crise en Ukraine, grâce à ses relations équilibrées avec les différentes parties, et dans le cadre de ses efforts visant à renforcer la sécurité et la paix dans le monde, a déclaré SPA.

Elles sont basées sur la conviction de l'Arabie saoudite qu'il est important d'adhérer aux lois et aux normes internationales, et que le dialogue est le moyen le plus efficace de résoudre les différends et de rapprocher les points de vue, a ajouté SPA.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a quitté le Royaume tôt mardi matin après avoir rencontré le prince héritier Mohammed bin Salman lors d'une brève visite avant le début des pourparlers.

Après la réunion, l'Arabie saoudite a exprimé l'espoir que les efforts réussissent à mettre fin à la crise en Ukraine conformément au droit international et à la Charte des Nations unies, y compris le respect des principes de souveraineté et des frontières internationalement reconnues.

Kiev a remercié Riyad pour ses efforts en vue d'accueillir les pourparlers entre l'Ukraine et les États-Unis, ainsi que pour l'aide humanitaire et l'aide au développement fournies par le Royaume.


Gaza: le blocage de l'aide fait peser un «risque» de pénurie alimentaire, prévient Berlin

Le blocage par Israël de l'acheminement de l'aide humanitaire vers Gaza fait peser un "risque" de pénurie alimentaire, a prévenu lundi la diplomatie allemande, s'inquiétant également de l'arrêt de la fourniture d'électricité dans le territoire palestinien. (AFP)
Le blocage par Israël de l'acheminement de l'aide humanitaire vers Gaza fait peser un "risque" de pénurie alimentaire, a prévenu lundi la diplomatie allemande, s'inquiétant également de l'arrêt de la fourniture d'électricité dans le territoire palestinien. (AFP)
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  • "Comme les blocages persistent déjà depuis 9 jours, la nourriture risque à nouveau de manquer"
  • L'Allemagne est aussi "extrêmement préoccupée par la coupure, désormais effective, de l'approvisionnement en électricité, qui est nécessaire notamment pour le fonctionnement de l'usine de dessalement"

BERLIN: Le blocage par Israël de l'acheminement de l'aide humanitaire vers Gaza fait peser un "risque" de pénurie alimentaire, a prévenu lundi la diplomatie allemande, s'inquiétant également de l'arrêt de la fourniture d'électricité dans le territoire palestinien.

"Comme les blocages persistent déjà depuis 9 jours, la nourriture risque à nouveau de manquer", a déclaré une porte-parole du ministère des Affaires étrangères, appelant Israël à "lever immédiatement les restrictions d'acheminement vers Gaza de toutes les formes d'aide humanitaire".

L'Allemagne est aussi "extrêmement préoccupée par la coupure, désormais effective, de l'approvisionnement en électricité, qui est nécessaire notamment pour le fonctionnement de l'usine de dessalement", a dit Kathrin Deschauer lors d'une conférence de presse régulière du gouvernement.

"L'octroi ou le refus de l'accès humanitaire n'est pas un moyen de pression légitime", a-t-elle encore déclaré.

Israël a annoncé dimanche qu'il cessait de fournir de l'électricité à Gaza, à la veille de nouvelles négociations indirectes prévues au Qatar sur les modalités de la poursuite de la trêve avec le Hamas, entrée en vigueur le 19 janvier.

Le Hamas a dénoncé un "chantage inacceptable", condamnant "fermement la décision (d'Israël) de couper l'électricité à Gaza, après l'avoir privée de nourriture, médicaments et eau".

L'unique ligne électrique entre Israël et Gaza alimente la principale usine de dessalement d'eau du territoire, qui dessert plus de 600.000 personnes. Les Gazaouis dépendent principalement de panneaux solaires et générateurs à essence pour s'approvisionner en électricité.


Gaza: Arabie saoudite, Qatar et Jordanie condamnent la coupure d'électricité par Israël

Israël a débranché dimanche l'unique ligne électrique qui fonctionnait encore avec Gaza et alimentait la principale usine de dessalement d'eau du territoire palestinien à Deir el-Balah (centre), pour accroître la pression sur le Hamas avant des pourparlers au Qatar sur la poursuite de la trêve fragile à Gaza. Une délégation israélienne est partie lundi pour Doha pour participer à ces négociations indirectes. (AFP)
Israël a débranché dimanche l'unique ligne électrique qui fonctionnait encore avec Gaza et alimentait la principale usine de dessalement d'eau du territoire palestinien à Deir el-Balah (centre), pour accroître la pression sur le Hamas avant des pourparlers au Qatar sur la poursuite de la trêve fragile à Gaza. Une délégation israélienne est partie lundi pour Doha pour participer à ces négociations indirectes. (AFP)
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  • Le ministère saoudien des Affaires étrangères a condamné "dans les termes les plus forts l'utilisation par les autorités d'occupation israéliennes d'une punition collective contre les Palestiniens de la bande de Gaza en coupant l'électricité"
  • Israël a débranché dimanche l'unique ligne électrique qui fonctionnait encore avec Gaza et alimentait la principale usine de dessalement d'eau du territoire palestinien à Deir el-Balah

RIYAD: L'Arabie saoudite, le Qatar et la Jordanie ont condamné mardi la décision d'Israël de couper l'approvisionnement en électricité de la bande de Gaza devastée par plus de 15 mois de guerre, exhortant la communauté internationale à prendre des mesures.

Le ministère saoudien des Affaires étrangères a condamné "dans les termes les plus forts l'utilisation par les autorités d'occupation israéliennes d'une punition collective contre les Palestiniens de la bande de Gaza en coupant l'électricité dans la région", selon un communiqué.

Le Qatar, pays médiateur entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, a lui aussi "fermement condamné l'acte de l'occupation israélienne consistant à couper l'électricité dans la bande de Gaza, considérant qu'il s'agissait d'une violation flagrante du droit humanitaire international", selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

De son côté, la Jordanie a dénoncé "une suite claire de la politique de famine et de siège imposée par Israël aux Palestiniens", dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Un porte-parole du ministère, Soufiane al-Qoudaha, a appelé la commmmunauté internationale à "assumer ses responsabilités" et à "obliger Israël (...) à rétablir l'électricité" dans la bande de Gaza.

Israël a débranché dimanche l'unique ligne électrique qui fonctionnait encore avec Gaza et alimentait la principale usine de dessalement d'eau du territoire palestinien à Deir el-Balah (centre), pour accroître la pression sur le Hamas avant des pourparlers au Qatar sur la poursuite de la trêve fragile à Gaza. Une délégation israélienne est partie lundi pour Doha pour participer à ces négociations indirectes.

L'accord de trêve négocié par les trois pays médiateurs -- Etats-Unis, Qatar et Egypte -- a abouti à un cessez-le-feu le 19 janvier après 15 mois de guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

Sur les 251 personnes enlevées ce jours-là en Israël, 58 sont encore retenues dans la bande de Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée israélienne.

Durant la première phase de l'accord de trêve, qui a pris fin le 1er mars, le Hamas a rendu 33 otages israéliens, parmi lesquels huit morts, et Israël a libéré environ 1.800 détenus palestiniens.