Allemagne: haute tension sur les réseaux d'électricité verte

Si rien n'est fait pour accélérer le mouvement, l'Allemagne pourrait "rater ses objectifs en terme de transition écologique". (Photo, AFP)
Si rien n'est fait pour accélérer le mouvement, l'Allemagne pourrait "rater ses objectifs en terme de transition écologique". (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 12 décembre 2021

Allemagne: haute tension sur les réseaux d'électricité verte

  • Pour atteindre ses objectifs climatiques, le pays doit considérablement élargir son réseau afin de transporter les énergies renouvelables et compenser l'arrêt total, en 2022, du nucléaire et celui à venir des centrales à charbon
  • Selon une étude réalisée par le comparateur de tarifs énergétiques Check24, le réseau allemand devrait s'élargir, en 2021, de seulement 120 kilomètres de nouvelles lignes, soit un tiers de moins qu'en 2020

CHORIN : La transition énergétique est nécessaire, "mais nous ne voulons pas de ces pylônes", martèle Hartmut Lindner qui se bat depuis quinze ans contre un projet de ligne à haute tension dans une zone naturelle protégée, à quelques kilomètres de Berlin.

Ce chantier d'envergure prévoit d'installer des lignes d'une capacité de 380 kV, pour remplacer les petits pylônes existants, entre les villes de Bertikow et Neuenhagen, autour de la capitale allemande, sur près de 115 km.

Objectif : acheminer l'énergie renouvelable produite par les éoliennes du nord de l'Allemagne jusque dans la région.

Mais le tracé actuel traverse la réserve de biodiversité de Schorfheide-Chorin, près de Berlin, où vivent "des milliers d'espèces d'oiseaux, dont certaines menacées". La taille de ces pylônes à trois étages "les met en danger", assure M. Lindner, enseignant à la retraite parti en campagne dès 2008 contre ce projet.

Après plusieurs années de consultations publiques et de discussions, le septuagénaire déplore une "absence de réaction" de la part de l'énergéticien 50Hertz, auquel il reproche de n'avoir pas modifié ses plans.

Le chantier a finalement pu partiellement débuter cette année.

Du Nord vers le Sud

Ce différend est révélateur du défi que représente pour l'Allemagne sa transition énergétique menée tambour battant. De plus en plus de riverains s'opposent à l'installation de pylônes électriques près de chez eux, au risque de ralentir la mue vers une énergie décarbornée.

Pour atteindre ses objectifs climatiques, le pays doit en effet considérablement élargir son réseau afin de transporter les énergies renouvelables et compenser l'arrêt total, en 2022, du nucléaire et celui à venir des centrales à charbon.

"Le problème est que l'énergie éolienne est produite massivement dans le nord, alors que de nombreux besoins, notamment industriels, sont au sud. Cette électricité doit donc être transportée avec de nouveaux réseaux", explique à l'AFP Dierk Bauknecht, expert à l'institut de recherche Öko-Institut.

Nordlink, Sudlink… le gouvernement allemand a lancé ces dernières années plus d'une centaine de projets de nouvelles lignes électriques, comptabilisant au total "12 000 kilomètres", selon des chiffres transmis à l'AFP par le ministère de l'Economie.

Un mouvement qui devrait s'accélérer, alors que la nouvelle coalition formée par les sociaux-démocrates, les écologistes et les libéraux, entrée en fonction cette semaine, veut désormais atteindre l'objectif ambitieux de 80% d'énergies renouvelables dans la production d'électricité d'ici 2030, contre entre 40 et 50% actuellement.

Trop lent

Mais l'installation de ces nouveaux réseaux est "trop lente", en raison des "procédures" et des "résistances locales", fait remarquer Dirk Bauknecht.

Selon une étude réalisée par le comparateur de tarifs énergétiques Check24, le réseau allemand devrait s'élargir, en 2021, de seulement 120 kilomètres de nouvelles lignes, soit un tiers de moins qu'en 2020.

Si rien n'est fait pour accélérer le mouvement, l'Allemagne pourrait "rater ses objectifs en terme de transition écologique", estime Dirk Bauknecht.

Pour résoudre ce problème, les autorités ont instauré l'an dernier une procédure simplifiée, en écourtant certaines étapes administratives et limitant les possibilités de recours, dans le cadre de la validation des projets.

Mais près de Berlin, les riverains menés par Hartmut Lindner, ont tout de même obtenu cet été, avec l'aide de l'association écologiste Nabu, une victoire judiciaire : l'arrêt momentané en référé de la construction d'un tronçon du projet, situé au nord  de la réserve naturelle, en attendant une décision sur le fond, sans doute l'an prochain.

Ils demandent à la justice d'ordonner que la ligne passe ailleurs, ou via "un réseau souterrain", permettant de protéger la biodiversité. Une solution pour le moment refusée par l'entreprise, qui la considère comme trop chère.

Contactée par l'AFP, la société 50Hertz n'a pas donné suite.

Dans les champs situés à quelques kilomètres de la maison d'Hartmut Lindner, d'immenses pylônes se dressent désormais. Il continue de se battre pour une zone humide où se regroupent des oiseaux, non loin de là. "Il faut protéger ce lieu unique", plaide-t-il.

 


Inde: l'opposition fustige Modi et ses propos anti-musulmans

Le Premier ministre indien et chef du parti au pouvoir Bharatiya Janata (BJP), Narendra Modi (Photo, AFP).
Le Premier ministre indien et chef du parti au pouvoir Bharatiya Janata (BJP), Narendra Modi (Photo, AFP).
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  • M. Modi a offert au parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) deux victoires écrasantes en 2014 et 2019
  • Les analystes politiques l'ont donné vainqueur avant même les élections générales qui ont débuté le 19 avril

NEW DELHI: L'opposition indienne a accusé jeudi le Premier ministre Narendra Modi de tenir des propos stigmatisant les musulmans et alimentant, en plein processus électoral, les tensions sectaires dans la plus grande démocratie du monde, constitutionnellement laïque.

M. Modi déploie "son jeu habituel consistant à diviser les hindous et les musulmans", a déclaré jeudi P. Chidambaram, ancien ministre des Finances et membre influent du Congrès, principal parti d'opposition,

"Le monde observe et analyse les déclarations du Premier ministre indien, qui ne sont pas à la gloire de l'Inde", a-t-il ajouté.

M. Modi a offert au parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) deux victoires écrasantes en 2014 et 2019 en jouant sur la fibre religieuse de l'électorat hindou.

Agé de 73 ans et encore très populaire dans l'ensemble du pays, le Premier ministre brigue un troisième mandat à la tête du pays.

Les analystes politiques l'ont donné vainqueur avant même les élections générales qui ont débuté le 19 avril et se déroulent en sept phases jusqu'au 1er juin.

M. Modi a présenté mardi sa candidature au siège de député de Varanasi (Bénarès), cité sacrée de l'hindouisme, dans l'Etat de l'Uttar Pradesh (nord), qu'il occupe depuis une décennie.

L'opposition et les défenseurs des droits accusent M. Modi de favoriser les hindous, majoritaires dans le pays, au détriment d'importantes minorités, dont 210 millions d'Indiens musulmans, inquiètes pour leur avenir.

M. Modi a récemment suscité l'indignation dans les rangs de l'opposition en accusant le Congrès de vouloir distribuer la "richesse nationale" aux "infiltrés", "à ceux qui ont le plus d'enfants", désignant ainsi la communauté musulmane.

L'opposition a saisi les autorités électorales qui n'ont pas sanctionné le Premier ministre. L'Inde est constitutionnellement laïque et son code électoral interdit toute campagne fondée sur des "sentiments communautaires".

Dans un entretien mardi sur la chaîne d'information continue News18, le chef du gouvernement s'est défendu d'alimenter et d'exploiter tout clivage entre hindous et musulmans.

Discrimination 

"Le jour où je commencerai à parler des hindous-musulmans sera celui où je perdrai ma capacité à mener une vie publique", a-t-il affirmé en hindi.

Le lendemain, en plein rassemblement électoral, Narendra Modi accusait le Congrès d'orchestrer un "jihad par le vote" pour que les musulmans se prononcent contre lui.

Au début de la semaine, Madhavi Latha, actrice et candidate du BJP à Hyderabad (sud), s'est autorisée, dans un bureau de vote, à vérifier que la carte électorale de musulmanes correspondait à leur identité, exigeant qu'elles ôtent leur voile.

La police de la ville a ouvert une enquête sur l'incident.

Au total, 968 millions d'Indiens sont appelés à élire les 543 membres de la chambre basse, soit plus que la population totale des Etats-Unis, de l'Union européenne et de la Russie réunis.


L'axe Pékin-Moscou, facteur de «stabilité» et de «paix» selon Xi et Poutine

Le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping assistent à un concert marquant le 75e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Russie et la Chine (Photo, AFP).
Le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping assistent à un concert marquant le 75e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Russie et la Chine (Photo, AFP).
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  • Tout juste de retour d'une tournée en Europe, Xi Jinping y a défendu le droit de maintenir avec son voisin russe des liens économiques normaux
  • Vladimir Poutine est arrivé jeudi matin à Pékin pour une visite de deux jours, son premier voyage à l'étranger depuis sa réélection en mars et son deuxième en Chine en un peu plus de six mois

PEKIN: Xi Jinping et Vladimir Poutine ont défendu jeudi l'axe Pékin-Moscou comme un facteur de "stabilité" et de "paix" dans le monde, le dirigeant russe espérant un soutien accru de la Chine à sa guerre en Ukraine.

La relation Chine-Russie "est non seulement dans l'intérêt fondamental des deux pays et des deux peuples, mais elle est également propice à la paix", a estimé Xi Jinping, lors d'une rencontre avec son homologue à Pékin.

Et "la Chine est prête à travailler avec la Russie pour (...) soutenir l'équité et la justice dans le monde". "La relation Chine-Russie aujourd'hui a été durement acquise et les deux parties doivent la chérir et la nourrir", a-t-il ajouté.

Cette relation est "un facteur de stabilité sur la scène internationale", a assuré de son côté Vladimir Poutine, selon le Kremlin. Elle "n'est pas opportuniste et elle n'est dirigée contre personne".

"Ensemble, nous soutenons les principes de justice et un ordre démocratique mondial reflétant les réalités multipolaires et fondé sur la loi internationale", a-t-il déclaré.

Après leur entretien bilatéral, les deux hommes ont signé un communiqué commun pour approfondir le "partenariat stratégique global" sino-russe, selon l'agence officielle Chine nouvelle.

«Reconnaissant»

Vladimir Poutine est arrivé jeudi matin à Pékin pour une visite de deux jours, son premier voyage à l'étranger depuis sa réélection en mars et son deuxième en Chine en un peu plus de six mois.

Quelques heures plus tôt, il s'était félicité des avancées de l'armée russe en Ukraine.

Dans leur communiqué commun jeudi, Pékin et Moscou jugent "nécessaire" d'éviter toute décision contribuant "à la prolongation des hostilités et à une nouvelle escalade du conflit".

Une formulation qui semble viser Européens et Américains, la Chine et la Russie affirmant régulièrement que ce sont les livraisons d'armes occidentales à l'Ukraine qui font durer la guerre.

Le géant asiatique est une planche de salut économique cruciale pour la Russie, en proie aux lourdes sanctions occidentales.

Tout juste de retour d'une tournée en Europe, Xi Jinping y a défendu le droit de maintenir avec son voisin russe des liens économiques normaux. La Chine bénéficie notamment d'importations d'énergie russe bon marché.

S'exprimant devant la presse au côté de Xi Jinping, Vladimir Poutine s'est dit jeudi "reconnaissant" envers la Chine pour ses "initiatives" de paix dans la crise ukrainienne, selon les agences russes.

La Chine appelle régulièrement au respect de l'intégrité territoriale de tous les pays (sous-entendu Ukraine comprise) mais exhorte aussi à prendre en considération les préoccupations de sécurité de la Russie.

Ligne rouge 

"Les deux parties sont d'accord sur le fait qu'une solution politique à la crise en Ukraine est la voie à suivre", a déclaré M. Xi face à la presse.

"La Chine espère que la paix et la stabilité seront rapidement rétablies sur le continent européen et continuera à jouer un rôle constructif à cette fin", a-t-il promis.

Par ailleurs, Vladimir Poutine a jugé "nuisible" toute alliance politique et militaire "fermée" en Asie-Pacifique, où son partenaire chinois est en concurrence avec les Etats-Unis, qui coopèrent avec l'Australie et le Royaume-Uni pour contrer l'influence de Pékin.

Le président russe a également rencontré jeudi après-midi le Premier ministre Li Qiang, lequel a déclaré que Pékin souhaitait "continuer à approfondir la coopération dans divers domaines" avec Moscou.

Ces liens sino-russes étroits sont vus avec une suspicion croissante en Occident.

Washington a fixé une ligne rouge à Pékin - ne pas fournir directement d'armes à Moscou - et dit n'avoir à ce jour pas eu la preuve du contraire.

Mais les Etats-Unis estiment que le soutien économique chinois permet tout de même à la Russie de renforcer sa production de missiles, de drones et de chars.

Banques prudentes 

Les échanges commerciaux sino-russes ont explosé depuis l'invasion de l'Ukraine, dépassant les 220 milliards d'euros en 2023, selon les douanes chinoises.

Les exportations chinoises vers le voisin russe ont toutefois baissé en mars et en avril, après la menace de sanctions américaines.

Car un décret signé en décembre par le président américain Joe Biden autorise désormais des sanctions secondaires contre les banques étrangères liées à la machine de guerre russe. Le Trésor américain peut les exclure du système financier mondial, fondé sur le dollar.

Plusieurs banques chinoises ont ainsi interrompu ou réduit leurs transactions avec leurs clients russes, selon huit ressortissants des deux pays impliqués dans le commerce bilatéral.

La Chine cherche parallèlement à renouer ses liens avec les Etats-Unis et devrait limiter le renforcement de sa coopération avec la Russie, selon des analystes.

Moscou et Pékin ont toutefois signé jeudi plusieurs accords commerciaux.

Vendredi, Vladimir Poutine doit se rendre à Harbin (nord-est) pour visiter une foire dédiée au commerce et aux investissements.


Le Premier ministre slovaque dans un état stable mais toujours «très grave»

Le Premier ministre slovaque Robert Fico transporté d'un hélicoptère par des médecins et ses agents de sécurité à l'hôpital de Banska Bystrica, en Slovaquie, où il doit être soigné, le 15 mai 2024. (Photo de AFP)
Le Premier ministre slovaque Robert Fico transporté d'un hélicoptère par des médecins et ses agents de sécurité à l'hôpital de Banska Bystrica, en Slovaquie, où il doit être soigné, le 15 mai 2024. (Photo de AFP)
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  • Le dirigeant de 59 ans a subi mercredi «une opération de cinq heures», a précisé la directrice de l'établissement Miriam Lapunikova
  • Selon le vice-Premier ministre, il s'agit d'«une attaque politique» à laquelle il faudra «réagir en conséquence»

BANSCA BYSTRICA: Le Premier ministre slovaque Robert Fico se trouve jeudi matin dans un état stable mais toujours "très grave", après avoir été blessé par balle la veille, a déclaré le vice-Premier ministre Robert Kalinak.

"Cette nuit, les médecins ont réussi à stabiliser l'état du patient", a déclaré M. Kalinak, qui est également ministre de la Défense. "Malheureusement, l'état reste très grave, car ses blessures sont compliquées", a-t-il ajouté lors d'un point de presse devant l'hôpital Roosevelt de Banska Bystrica (centre).

Le dirigeant de 59 ans a subi mercredi "une opération de cinq heures", a précisé la directrice de l'établissement Miriam Lapunikova, confirmant qu'il est toujours dans un état "vraiment très grave" et va rester en soins intensifs.

Robert Fico a été touché par balle "plusieurs fois", selon sa page officielle Facebook, mercredi en début d'après-midi après une réunion de cabinet à Handlova, dans le centre de la Slovaquie. L'attentat a suscité une vive émotion dans le pays d'Europe centrale et une vague de condamnations internationales.

Selon M. Kalinak, il s'agit d'"une attaque politique" à laquelle il faudra "réagir en conséquence".

La police a arrêté l'assaillant présumé, un homme de 71 ans identifié par les médias slovaques comme un écrivain local. Aucune information n'a été donnée à ce stade sur ses motivations.