LOS ANGELES : C'est le rêve de toute actrice débutante: être choisie par Steven Spielberg lui-même parmi 30.000 candidates pour un rôle principal qui ouvre les portes d'Hollywood et trace potentiellement la voie vers un Oscar.
Les pieds sur terre, Rachel Zegler, qui interprète Maria dans la nouvelle adaptation de "West Side Story", raconte que tout n'a pas été simple pour elle dans ce casting.
"Ça ne ressemblait pas à un conte de fées. En fait, j'étais vraiment dans tous mes états!", déclare la jeune femme, qui n'avait que 16 ans lorsqu'elle a envoyé une vidéo dans laquelle elle chantait "I Feel Pretty", un des tubes du film original sorti en 1961.
L'actrice a ensuite dû passer par "huit ou neuf" séries d'auditions, sur une période de près d'un an.
"A chaque fois, je quittais les auditions en me disant que si je n'avais pas le rôle, j'avais quand même hâte de voir le film, que j'avais rencontré ces gens super ce jour-là et qu'ils se souviendraient peut-être de moi pour un prochain truc", retrace-t-elle.
"Et puis j'ai vraiment fini par faire le film", sourit Rachel Zegler.
En raison du coup d'arrêt imposé par la pandémie de Covid-19 à l'industrie du divertissement, le film est resté en suspens pendant plus de deux ans. Dans l'intervalle, Rachel Zegler s'est payé le luxe de décrocher le rôle de Blanche Neige dans le prochain remake de Disney en prises de vues réelles.
Aujourd'hui âgée de 20 ans, Rachel Zegler est bien partie pour briguer l'Oscar de la meilleure actrice en mars prochain, à la faveur de l'énorme campagne mondiale menée pour le lancement de "West Side Story".
Elle assure cependant ne pas être nécessairement très à l'aise avec la popularité. "C'est l'expérience la plus douloureuse, la plus bouleversante qui soit". Mais "être connue, c'est aussi marrant et cool", tempère-t-elle.
- Critiques élogieuses -
La décision de Steven Spielberg de faire une nouvelle version du film aux dix Oscars - un record pour une comédie musicale - a suscité les reproches de nombreux fans de "West Side Story", qui estimaient qu'on ne pouvait pas faire mieux que l'original.
Les critiques sont cependant élogieuses, particulièrement pour Rachel Zegler et Ariana DeBose, qui remplace Rita Moreno dans le rôle d'Anita.
Les clichés des années 1950 concernant les immigrés portoricains, les insultes racistes présentes dans l'original et le choix d'une actrice blanche pour jouer Maria à l'époque n'ont pas aidé à apaiser la controverse.
Mais Spielberg a choisi cette fois-ci de jouer la carte de l'authenticité.
Elle-même métisse portoricaine, Ariana DeBose estime que sa culture lui a permis de s'affranchir de la performance emblématique de Rita Moreno, qui revient d'ailleurs dans le remake avec un nouveau personnage.
"Ce n'était pas intimidant parce que nous sommes différentes. Bien sûr, c'est une légende à 100%, tout le monde l'adore", explique Ariana DeBose à propos de Mme Moreno à l'AFP.
"Mais nous sommes profondément différentes, avec des expériences de vie différentes", insiste l'actrice.
"Quand vous sentez que vous avez quelque chose à offrir à votre personnage, vous vous y accrochez. Et vous ne vous mettez pas la pression en pensant à l'héritage laissé par quelqu'un d'autre", poursuit-elle.
Rita Moreno, l'une des rares artistes à avoir cumulé un Oscar (prix cinématographique), un Emmy Award (télévision), un Grammy Award (musique) et un Tony Award (théâtre), "nous a montré qu'il était possible d'avoir du succès", assure Ariana DeBose en référence aux artistes latino-américains.
Et "avec mon personnage, désormais les jeunes Latino-Américaines noires pourront enfin se voir dans la peau du personnage principal", ajoute-t-elle.
Rachel Zegler, qui a des origines colombiennes du côté de sa mère, se dit elle aussi "fière en tant que latina" de faire partie d'un tel projet.