PARIS : Après deux expériences internationales, le réalisateur Asghar Farhadi revient en Iran avec "Un héros", l'histoire d'une rédemption empêchée par une société rongée par la méfiance et la manipulation.
Présenté en compétition à Cannes, le film avait raflé le Grand Prix ex-aequo avec "Compartiment n°6" du Finlandais Juho Kuosmanen.
Avec ce nouveau long-métrage, en salles mercredi, le cinéaste deux fois oscarisé renoue avec ses thèmes de prédilection: le recensement des maux qui rendent l'émancipation et le bonheur en société impossibles, après deux films tournés en Europe: "Le passé" (2013) et "Everybody knows" (2018).
Au centre de l'intrigue, l'histoire de Rahim (Amir Jadidi), emprisonné pour dettes. Par un coup du destin, il se voit proposer par sa compagne de rembourser son prêt avec les pièces d’or d’un sac à main qu’il a trouvé dans la rue.
Tenté, Rahim est finalement rattrapé par sa conscience et va tout faire pour retrouver la propriétaire du sac. Informé de son geste, le directeur de la prison, qui cherche à faire oublier la vague de suicides dans son établissement, va médiatiser l'affaire.
Seulement voilà, Rahim et sa famille vont être rattrapés par les réseaux sociaux. En quelques instants, Rahim passe du statut de héros à menteur.
Critique des réseaux sociaux, de la peine de mort, du système carcéral, de la bureaucratie... Le film dénonce les rouages d'une société qui empêche ses citoyens d'avancer.
"Il y a deux façons d'aborder ces thèmes: ou on critique de façon directe, ou on examine et critique la société" à travers une histoire (...) "Pour certains, critiquer la société ne veut pas dire critiquer le système. Or, pour moi tout est lié", s'était-il justifié en conférence de presse à Cannes.
"Je ne suis pas quelqu'un qui va s'exprimer à travers des brûlots. Je préfère susciter la réflexion, le questionnement à travers mes films. C'est mon choix, c'est le mode d'expression que j'ai choisi", avait-il ajouté.
Choisi pour représenter l'Iran aux Oscars, le cinéaste s'est livré, fin novembre et dans une lettre ouverte, à une virulente critique du gouvernement de son pays et s'est dit prêt à renoncer à le représenter aux Oscars.
Le cinéaste, qui a accédé à la célébrité grâce à "Une séparation" (2011,) a représenté la République islamique aux Oscars à quatre reprises depuis 2009.