Nouveau chancelier, nouvelles ambitions ? Olaf Scholz dans l'arène européenne

Photographie du chancelier allemand Olaf Scholz lors d'une session du parlement allemand au Bundestag (chambre basse du parlement) à Berlin, le 9 décembre 2021. (AFP)
Photographie du chancelier allemand Olaf Scholz lors d'une session du parlement allemand au Bundestag (chambre basse du parlement) à Berlin, le 9 décembre 2021. (AFP)
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Publié le Vendredi 10 décembre 2021

Nouveau chancelier, nouvelles ambitions ? Olaf Scholz dans l'arène européenne

  • Suivant une longue tradition de l'après-guerre, c'est à Paris que le social-démocrate de 63 ans réserve sa visite inaugurale
  • Le nouveau chancelier allemand Olaf Scholz fait son entrée sur la scène européenne vendredi avec des visites à Paris et Bruxelles et de grandes ambitions affichées pour l'Europe

BERLIN : Le nouveau chancelier allemand Olaf Scholz fait son entrée sur la scène européenne vendredi avec des visites à Paris et Bruxelles et de grandes ambitions affichées pour l'Europe après la tiédeur des années Merkel sur le sujet.

Suivant une longue tradition de l'après-guerre, c'est à Paris que le social-démocrate de 63 ans réserve sa visite inaugurale.

Il sera reçu à déjeuner par le chef de l'Etat Emmanuel Macron, avant de se rendre à Bruxelles pour y rencontrer les dirigeants des institutions de l'Union européenne et préparer le sommet européen des 16 et 17 décembre.

Pour tous ces entretiens, le programme s'annonce chargé, de la résurgence de la pandémie de Covid-19 aux craintes d'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Après les 16 ans de règne d'Angela Merkel, qui a connu quatre présidents français, Olaf Scholz veut incarner une continuité assumée et rassurante pour les partenaires étrangers. 

« Approche différente »

Le ministre des Finances du précédent gouvernement n'entend toutefois pas être seulement un Merkel bis. 

Saluée par Paris, la feuille de route des quatre années à venir, signée par Olaf Scholz avec ses alliés de coalition écologistes et libéraux, témoigne d'ambitions nouvelles côté allemand en matière de politique européenne.

"Que nous appelions cela autonomie stratégique ou souveraineté européenne, peu importe le titre, qui fait couler beaucoup d'encre. C'est l'idée derrière qui compte", a déclaré mercredi à Paris la nouvelle cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock.

"C'est enfin la réponse au discours de la Sorbonne" d'Emmanuel Macron, dans lequel ce dernier plaidait il y a quatre ans pour de vastes réformes européennes, estime Pascale Joannin, directrice générale de la Fondation Robert Schuman. Angela Merkel n'avait que poliment pris note.

Désormais, Berlin souhaite à terme "l'évolution de l'Union européenne vers un Etat fédéral européen", fonctionnant de manière décentralisée. Une initiative qui va au-delà des propositions de Paris en matière d'intégration. 

"C’est vraiment une approche différente, une ouverture de l'Allemagne vers la France" pour oeuvrer à la cohésion d'une Europe fragilisée par le recul de l'Etat de droit en son sein ou le risque de marginalisation géopolitique, juge pour l'AFP le directeur de l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg (dfi), Frank Baasner.

 Conséquences 

Si la volonté de réinvestir le chantier des réformes européennes est de nature à plaire aux responsables des institutions de l'UE vendredi à Bruxelles, il ne devrait pas en être de même lors de la rencontre prévue aussi sur place entre Olaf Scholz et le secrétaire général de l'Otan.

D'une part l'Alliance atlantique voit traditionnellement d'un mauvais oeil les efforts en direction d'une Europe de la Défense, d'autre part le programme du gouvernement Scholz ne fait aucune mention de l'objectif de l'Otan d'augmenter les dépenses militaires.

Alors qu'Angela Merkel, sous la pression des Etats-Unis, s'en tenait à l'engagement à tendre vers un volume de dépenses de 2% du Produit intérieur brut par an, le programme d'Olaf Scholz ne parle que d'un objectif de 3% du PIB non seulement pour l'Otan mais aussi pour l'aide au développement et la diplomatie allemande.

Par ailleurs, la nouvelle équipe aux commandes à Berlin veut être plus ferme à l'égard des régimes autoritaires.

Olaf Scholz a menacé mercredi de possibles "conséquences" pour le gazoduc controversé Nord Stream II reliant la Russie à l'Allemagne en cas d'invasion de l'Ukraine par les troupes russes, un projet soutenu envers et contre tout par Angela Merkel.

Et la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock (Vert) a lancé l'idée de réduire les importations de l'UE en provenance de Chine, accusée de violations des droits humains à l'encontre de la minorité de musulmane des Ouïghours dans la province de Xinjiang. 

En accord avec les partenaires européens, elle n'a pas exclu de suivre les Etats-Unis dans un boycott diplomatique des jeux olympiques d'hiver à Pékin, s'attirant les foudres de la Chine, ce dont M. Scholz s'est gardé.


Offensif contre Trump, Carney assure que le Canada « gagnera »

Le chef libéral du Canada et Premier ministre élu Mark Carney s'exprime après avoir été élu à la tête du Parti libéral, à Ottawa, le 9 mars 2025. L'ancien banquier central est chargé de diriger la réponse d'Ottawa aux menaces du président américain, le 9 mars 2025. (Photo by Dave Chan / AFP)
Le chef libéral du Canada et Premier ministre élu Mark Carney s'exprime après avoir été élu à la tête du Parti libéral, à Ottawa, le 9 mars 2025. L'ancien banquier central est chargé de diriger la réponse d'Ottawa aux menaces du président américain, le 9 mars 2025. (Photo by Dave Chan / AFP)
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  • Le futur Premier ministre du Canada, Mark Carney, est monté au créneau contre Donald Trump, assurant dans un discours offensif que son pays « gagnera » et « ne fera jamais partie des États-Unis, de quelque façon que ce soit ».
  • L'ancien banquier central de 59 ans, novice en politique, a promis de « bâtir une nouvelle économie et de créer de nouvelles relations commerciales ».

OTTAWA : Le futur Premier ministre du Canada, Mark Carney, est monté au créneau contre Donald Trump, assurant dans un discours offensif que son pays « gagnera » et « ne fera jamais partie des États-Unis, de quelque façon que ce soit ».

« Les Canadiens sont toujours prêts quand quelqu'un lance le gant. Que les Américains ne s'y trompent pas. Dans le commerce comme au hockey, le Canada gagnera », a-t-il lancé dimanche soir, en référence à la rivalité sportive des deux pays, instrumentalisée récemment par Donald Trump.

« Donald Trump attaque les familles, les travailleurs et les entreprises canadiennes, nous n'allons pas le laisser réussir », a promis Mark Carney lors de son discours, après avoir été triomphalement élu à la tête du Parti libéral pour remplacer Justin Trudeau.

Le président américain a lancé une guerre commerciale avec son voisin en imposant des droits de douane sur des produits canadiens et ne cesse de dire qu'il souhaite que le Canada devienne le « 51ᵉ État américain ».

« Les Américains veulent nos ressources, notre eau, notre terre, notre pays », a-t-il mis en garde. « S'ils devaient réussir, ils détruiraient notre façon de vivre. » « Aux États-Unis (...) il n'y aura jamais de droit à la langue française », a-t-il dit dans son discours, passant régulièrement de l'anglais au français. « La joie de vivre, la culture et la langue française font partie de notre identité ».

L'ancien banquier central de 59 ans, novice en politique, a promis de « bâtir une nouvelle économie et de créer de nouvelles relations commerciales ».

Il deviendra officiellement Premier ministre dans les jours qui viennent, après une passation de pouvoir avec Justin Trudeau, qui avait annoncé sa démission début janvier, après près de dix ans au pouvoir.

M. Carney pourrait cependant ne pas rester en poste très longtemps, puisque le Canada doit organiser des élections au plus tard en octobre.

- Élections -

Dans le centre des congrès de la capitale d'Ottawa, où de grands drapeaux canadiens ont été installés sous des spots rouges, les militants ont exulté à l'annonce des résultats.

Pour Sean Cruz, un des militants, ce vote est « un bon résultat. Nous avons besoin d'un nouveau visage au gouvernement et d'un nouveau visage au sein du parti ».

Luzminda Longkines, vêtue de rouge, se réjouit d'avoir un parti fort face aux conservateurs qui affirment que le « pays est cassé ». « Mais c'est faux et Donald Trump vient d'unir le pays, nous avons maintenant un ennemi commun ! »

Dans son discours d'adieu, Justin Trudeau a lui aussi mis en garde le pays, estimant que les attaques de Donald Trump représentaient un « défi existentiel ».

Mark Carney, originaire de l'ouest canadien, devra rapidement rassembler son parti en vue des prochaines élections.

« Il est considéré comme le seul candidat qui donne aux libéraux une chance de remporter les prochaines élections », estime Cameron D. Anderson, de l'université Western Ontario.

- Félicitations internationales

Jusqu'ici, les électeurs canadiens semblaient rejeter des libéraux usés, impopulaires et jugés responsables de la forte inflation, de la crise du logement et des services publics. Mais l'arrivée de Donald Trump a rebattu les cartes politiques.

Économiste sorti à la fois de Harvard aux États-Unis et d'Oxford au Royaume-Uni, Mark Carney a fait fortune en tant que banquier d'affaires chez Goldman Sachs avant de diriger la Banque du Canada puis la Banque d'Angleterre.

Selon un sondage de l'institut Angus Reid publié mercredi, M. Carney est le choix préféré des Canadiens pour affronter M. Trump, avec 43 % des personnes interrogées qui le plébiscitent contre 34 % pour le chef de file des conservateurs, Pierre Poilievre.

La Chine, qui entretient des relations tumultueuses avec le Canada, a félicité M. Carney, tout en disant « espérer que la partie canadienne pourra garder une vision objective et rationnelle » et « suivre une politique positive et pragmatique » à son égard, selon la déclaration d'un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Parmi les Européens, le Premier ministre britannique Keir Starmer se réjouit, lui, de « travailler en étroite collaboration avec lui sur des priorités internationales communes, notamment au sein du G7 », tandis qu'Emmanuel Macron a souligné qu'« au moment où nous faisons face à tant de défis, les liens entre la France et le Canada sont plus forts que jamais ».


Un manifestant pro-palestinien de l'université de Columbia arrêté par les autorités américaines

Contactée, l'université n'a pas commenté l'arrestation. "Columbia continuera à respecter la loi (...) les forces de l'ordre doivent avoir un mandat judiciaire pour pénétrer dans les parties non-publiques de l'université", a-t-elle indiqué dans un communiqué. (AFP)
Contactée, l'université n'a pas commenté l'arrestation. "Columbia continuera à respecter la loi (...) les forces de l'ordre doivent avoir un mandat judiciaire pour pénétrer dans les parties non-publiques de l'université", a-t-elle indiqué dans un communiqué. (AFP)
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  • Un des leaders des manifestations étudiantes pro-palestiniennes de la prestigieuse université de Columbia à New York a été arrêté par les autorités fédérales américaines
  • Mahmoud Khalil, un des responsables de ces manifestations qui agitent le campus de Columbia depuis le printemps 2024, a été arrêté dimanche en soutien aux décrets du président Trump interdisant l'antisémitisme

NEW YORK: Un des leaders des manifestations étudiantes pro-palestiniennes de la prestigieuse université de Columbia à New York a été arrêté par les autorités fédérales américaines, alors que Donald Trump a promis d'expulser dans leur pays d'origine les étudiants étrangers "agitateurs".

Mahmoud Khalil, un des responsables de ces manifestations qui agitent le campus de Columbia depuis le printemps 2024, a été arrêté dimanche "en soutien aux décrets du président Trump interdisant l'antisémitisme, et en coordination avec le département d'Etat", a annoncé sur X le Department of Homeland Security (DHS), un service de police chargé entre autres du contrôle aux frontières, de l'immigration et de la lutte contre le terrorisme.

Le DHS a affirmé que M. Khalil "a mené des activités liées au Hamas, une organisation terroriste désignée", sans plus de précisions.

"Nous allons retirer leur visa ou leur green card (titre de résidence permanente aux Etats-Unis, NDLR) à tous les soutiens du Hamas aux Etats-Unis pour qu'ils puissent être expulsés", a commenté le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio sur X.

"Des agents du Department of Homeland Security ont arrêté Mahmoud Khalil, un Palestinien fraîchement diplômé de Columbia", a indiqué dans un communiqué le Syndicat des étudiants travailleurs de l'université. Selon ce syndicat, M. Khalil dispose du droit de résidence permanente aux Etats-Unis.

Contactée, l'université n'a pas commenté l'arrestation. "Columbia continuera à respecter la loi (...) les forces de l'ordre doivent avoir un mandat judiciaire pour pénétrer dans les parties non-publiques de l'université", a-t-elle indiqué dans un communiqué.

L'université de Columbia, établissement privé de la prestigieuse et sélective Ivy League, qui compte quelque 30.000 étudiants et où le budget pour une année de scolarité s'élève à environ 90.000 dollars, était devenue l'épicentre parfois tendu des manifestations contre les bombardements israéliens à Gaza et le soutien de l'administration Biden à Israël.

A l'appel de sa présidente, qui a depuis démissionné, la police de New York avait délogé manu militari du campus quelques dizaines de militants et étudiants pro-palestiniens le 30 avril 2024.

Tout au long de la campagne présidentielle, Donald Trump a vertement critiqué ces manifestations et les universités où elles se déroulaient.

Son gouvernement est passé à l'acte vendredi en annonçant la "suppression immédiate" de 400 millions de dollars de subventions fédérales à l'université de Columbia, l'accusant d'inaction face "à des actes antisémites".


Un homme a escaladé Big Ben à Londres avec un drapeau palestinien

Un manifestant brandissant un drapeau palestinien fait un geste depuis le côté de la tour Elizabeth, plus connue sous le nom de « Big Ben », au Palais de Westminster, qui abrite les Chambres du Parlement, dans le centre de Londres, le 8 mars 2025. (Photo par Ben STANSALL / AFP)
Un manifestant brandissant un drapeau palestinien fait un geste depuis le côté de la tour Elizabeth, plus connue sous le nom de « Big Ben », au Palais de Westminster, qui abrite les Chambres du Parlement, dans le centre de Londres, le 8 mars 2025. (Photo par Ben STANSALL / AFP)
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  • En fin de matinée, cet homme se trouve toujours à plusieurs mètres de haut sur la tour, au bord de la Tamise.
  • L'homme est vêtu d'un manteau noir et d'une casquette, tient un drapeau palestinien ainsi qu'un keffieh.

LONDRES : Un homme a escaladé samedi matin la célèbre tour où se trouve l'horloge de Big Ben à Londres, en brandissant un drapeau palestinien.

La Metropolitan Police a été alertée à 7 h 24 (locales et GMT) de la présence d'un homme grimpant la Tour Elizabeth, au Palais de Westminster, le Parlement britannique, a indiqué la police londonienne dans un communiqué.

« Des agents sont sur les lieux et s'efforcent de mettre fin à l'incident en toute sécurité », a-t-elle ajouté.

En fin de matinée, cet homme se trouve toujours à plusieurs mètres de haut sur la tour, au bord de la Tamise.

Le pont de Westminster a dû être fermé, ce qui a entraîné d'importants embouteillages dans cette zone du centre de Londres.

De nombreuses personnes se sont rassemblées à l'extérieur du cordon de sécurité mis en place par la police.

Les pompiers et des ambulances sont présents.

Trois personnes, membres des services de secours, ont été montées sur une nacelle, l'une d'elles utilisant un mégaphone pour parler à l'homme qui a escaladé la tour.

Celui-ci, vêtu d'un manteau noir et d'une casquette, tient un drapeau palestinien ainsi qu'un keffieh.