Syrie: une frappe américaine transforme un séjour d'une famille en cauchemar

Ahmad Qassum, un Syrien qui a été blessé avec sa famille lors d'une frappe de drone américain, se tient aux côtés de son fils Mahmud alors que ce dernier est allongé sur un lit dans une unité de soins intensifs (USI) d'un hôpital de la Syrian American Medical Society (SAMS) dans la ville d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, tenue par les rebelles, le 7 décembre 2021. (Photo, AFP)
Ahmad Qassum, un Syrien qui a été blessé avec sa famille lors d'une frappe de drone américain, se tient aux côtés de son fils Mahmud alors que ce dernier est allongé sur un lit dans une unité de soins intensifs (USI) d'un hôpital de la Syrian American Medical Society (SAMS) dans la ville d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, tenue par les rebelles, le 7 décembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 08 décembre 2021

Syrie: une frappe américaine transforme un séjour d'une famille en cauchemar

  • Après la frappe, la voiture s'est transformée en «barque de sang». Sa femme et ses quatre enfants ont été blessés. Son fils Mahmoud, neuf ans, est toujours en soins intensifs.
  • Le Pentagone a confirmé avoir lancé une attaque de drone vendredi contre un «haut responsable» du groupe Houras al-Din (les Gardiens de la religion), la branche syrienne d'Al-Qaïda

AL RAMI : Ahmad Qassoum n'imaginait pas une seconde que sa femme, ses enfants et lui-même seraient blessés au retour d'un court séjour chez des proches: leur voiture a été visée par erreur par une frappe américaine ciblant un dirigeant affilié à Al-Qaïda en Syrie.

"Nous sommes tombés sur une moto devant nous et au moment où j'ai tenté de la dépasser (...) c'est une frappe aérienne qui nous touchait", a dit à l'AFP Ahmad, 52 ans, bandage à la main, depuis la maison de la famille de son épouse à Al-Rami, village de la région de Jabal al-Zawiya, au sud d'Idleb.

Après la frappe, la voiture s'est transformée en "barque de sang". Sa femme et ses quatre enfants ont été blessés. Son fils Mahmoud, neuf ans, est toujours en soins intensifs.

Le Pentagone a confirmé avoir lancé une attaque de drone vendredi contre un "haut responsable" du groupe Houras al-Din (les Gardiens de la religion), la branche syrienne d'Al-Qaïda.

Le 3 novembre, le Pentagone avait annoncé avoir ouvert une enquête sur une frappe aérienne du 18 mars 2019 qui a tué des civils à Baghouz, alors dernier bastion de l'Etat islamique (EI) en Syrie. L'annonce de l'enquête est intervenue deux semaines après une publication du New York Times accusant l'armée américaine d'avoir cherché à dissimuler la présence de victimes non-combattantes.

Depuis le début de ses opérations en Syrie et en Irak contre l'EI à l'été 2014, la coalition internationale a suggéré dans un rapport publié en août qu'"au moins 1 417 civils avaient été accidentellement tués à la suite des raids de la coalition depuis le début" de ses opérations dans les deux pays.

Mais des experts estiment que le nombre est beaucoup plus élevé.

«Compensation»

"Qu'avons nous fait pour être visés ainsi par un avion américain?", s'interroge l'homme, excédé. Il en fait porter la responsabilité aux Etats-Unis et demande "une compensation... et que ceux qui nous ont fait cela soient jugés".

La famille était sur le chemin du retour à son domicile à Afrine (au nord d'Alep), ville dans laquelle ils se sont réfugiés il y a environs deux ans.

Ne quittant pas son téléphone portable des mains, il répond à des dizaines de messages et d'appels, afin de rassurer des proches et des connaissances, sans mentionner les personnes venant les réconforter chez eux ou à l'hôpital.

Ahmad se rend régulièrement à l'hôpital de la Société médicale syro-américaine à Idleb où Mahmoud suit un traitement. Il interroge les médecins sur l'état de santé de son fils et lui tient le téléphone pour qu'il puisse parler avec sa sœur qui vit en Turquie. 

A l'intérieur de la salle de soins intensifs, Mahmoud est allongé sur le lit, recouvert d'un drap épais.

La moitié de son visage est émaillée de blessures causées par les débris, alors que sa tête et ses pieds sont bandés.

"Je n'ai rien mangé pendant les trois jours où Mahmoud était dans le coma", explique Ahmad avec affection en prenant des nouvelles de son fils: "Mahmoud est plus précieux que mon âme, il est très gâté. Il est tout pour moi".

Le docteur Ahmad Al-Bayoush, supervisant le traitement de Mahmoud, explique que ce dernier avait une "lésion cérébrale" en arrivant à l'hôpital, qui a nécessité "une intervention chirurgicale".

"Sa santé s'est améliorée aujourd'hui et son état est stable", a-t-il clarifié, mais "il est toujours en soins intensifs, sous surveillance".

Les autres membres de la famille avaient des blessures à des degrés divers des plus légères aux plus graves.

Dans sa maison familiale, l'épouse d'Ahmad, Fatima Qarqouh, 47 ans, est allongée dans une chambre modeste où elle peine à respirer, à bouger et même à parler. Sur son visage, des caillots de sang et des points de suture. Ses pieds plâtrés sont maintenus par des fils de fer.

Elle ne s'est pas encore remise de l'horreur de la tragédie: "Qu'avons nous-fait pour que l'avion nous bombarde mes enfants et moi(...)", lâche-t-elle avec colère: "Certes, personne n'est mort, mais nous sommes grièvement blessés et nous avons perdu notre voiture".


L'armée israélienne dit avoir frappé plusieurs cibles du Hezbollah au Liban

Jeudi, l'armée israélienne avait annoncé avoir "intercepté" un drone du Hezbollah, lancé selon elle en direction du territoire israélien. L'armée a dénoncé vendredi une "violation" de l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien. (AFP)
Jeudi, l'armée israélienne avait annoncé avoir "intercepté" un drone du Hezbollah, lancé selon elle en direction du territoire israélien. L'armée a dénoncé vendredi une "violation" de l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien. (AFP)
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  • "Dans la nuit (jeudi) (...), l'armée de l'air israélienne a frappé de multiples cibles terroristes du Hezbollah dans la vallée de la Békaa (...) qui présentaient une menace", a indiqué l'armée dans un message sur les réseaux sociaux
  • Un des sites visés renferme une "infrastructure souterraine, utilisée pour le développement et la fabrication d'armement", a ajouté l'armée

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé vendredi matin avoir frappé dans la nuit plusieurs cibles du mouvement islamiste Hezbollah dans l'est du Liban, malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis fin novembre.

"Dans la nuit (jeudi) (...), l'armée de l'air israélienne a frappé de multiples cibles terroristes du Hezbollah dans la vallée de la Békaa (...) qui présentaient une menace", a indiqué l'armée dans un message sur les réseaux sociaux, affirmant rester "engagée" dans le cessez-le-feu entre Israël et le mouvement libanais.

Un des sites visés renferme une "infrastructure souterraine, utilisée pour le développement et la fabrication d'armement", a ajouté l'armée, qui dit avoir également frappé des installations "à la frontière syro-libanaise utilisées par le Hezbollah pour le trafic d'armes à destination du Liban".

Jeudi, l'armée israélienne avait annoncé avoir "intercepté" un drone du Hezbollah, lancé selon elle en direction du territoire israélien. L'armée a dénoncé vendredi une "violation" de l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien.

Les hostilités entre Israël et le Hezbollah avaient débuté le 8 octobre 2023 au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas, allié du mouvement libanais, contre Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

 


Liesse à Ramallah à l'arrivée des prisonniers palestiniens libérés

A l'arrivée des deux bus transportant les prisonniers libérés, les policiers palestiniens ont eu du mal à retenir la foule. (AFP)
A l'arrivée des deux bus transportant les prisonniers libérés, les policiers palestiniens ont eu du mal à retenir la foule. (AFP)
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  • Des coups de feu ont été tirés en guise de célébration
  • Au total, 110 Palestiniens ont été libérés jeudi, selon les autorités israéliennes et palestiniennes

RAMALLAH: Agitant des drapeaux et tirant des coups de feu en l'air, des milliers de Palestiniens en liesse ont accueilli les prisonniers libérés par Israël à Ramallah en Cisjordanie occupée.

Pour ce troisième échange d'otages israéliens à Gaza contre des prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de trêve entre Israël et le Hamas, l'Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas a organisé l'accueil et seuls les drapeaux jaunes du parti Fatah de M. Abbas étaient visibles au départ.

Mais à l'arrivée des deux bus transportant les prisonniers libérés, les policiers palestiniens ont eu du mal à retenir la foule, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Des coups de feu ont été tirés en guise de célébration. Plusieurs Palestiniens ont scandé des slogans pro-Hamas et d'autres ont agité le drapeau vert du mouvement islamiste palestinien qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.

Au total, 110 Palestiniens ont été libérés jeudi, selon les autorités israéliennes et palestiniennes.

Selon Amin Shuman, chef du comité chargé des affaires des prisonniers palestiniens à Ramallah, 66 sont arrivés en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, 21 ont été expulsés, 14 ont été transféré à Jérusalem-Est et neuf à Gaza.

Ils ont tous été libérés en échange de trois Israéliens enlevés lors de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et retenus depuis à Gaza.

Après plusieurs heures d'attente, la foule a fait exploser sa joie à la vue des bus affrétés par la Croix-Rouge internationale.

"Où est papa?" 

"Où est papa?" En larmes, Raghda Nasser, 21 ans, s'est faufilée dans la foule pour atteindre son père, Hussein Nasser, qu'elle serrait dans ses bras pour la première fois.

Hussein Nasser avait été emprisonné alors que sa femme était enceinte il y a 22 ans, pour des motifs que Raghda n'a pas révélés. Elle et sa sœur Hedaya, 22 ans, ont enlacé leur père qui pleurait avec elles.

Quelques heures avant sa libération, Raghda Nasser a raconté à l'AFP qu'elle venait de lui rendre visite en prison "derrière la vitre".

Elle et sa soeur avaient quitté tôt le matin leur village près de Naplouse (nord) pour venir à Ramallah. Pour l'occasion, elles ont porté des robes noires traditionnelles palestiniennes avec des motifs rouges finement cousus.

Etudiante en littérature anglaise, Raghda Nasser a dit avoir de la chance car son père serait présent pour sa remise de diplôme dans quelques mois.

Porté en triomphe 

Parmi les prisonniers libérés jeudi, figurent Mohammad Abou Warda qui purgeait 48 peines de prison à vie et Zakaria al-Zoubeidi, responsable d'attentats anti-israéliens et ex-leader local de la branche armée du Fatah.

Drapeau palestinien autour du cou, souriant et faisant le V de la victoire, Zakaria al-Zoubeidi a été porté en triomphe par la foule à sa descente du bus l'ayant emmené de la prison militaire israélienne d'Ofer en Cisjordanie.

L'ex-détenu qui portait toujours son survêtement gris de prisonnier, a embrassé des bébés et serré la main des gens.

Plus d'une heure après l'arrivée des bus, la foule a commencé à se disperser dans la nuit alors que les familles ramenaient leurs proches libérés à la maison, au milieu d'une parade de scooters klaxonnant joyeusement.

 


L'émir du Qatar est le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis la chute d'Assad

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, et Ahmed Al-Sharaa, le président intérimaire de la Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, et Ahmed Al-Sharaa, le président intérimaire de la Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas, en Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas, en Syrie. (QNA)
Ahmed Al-Sharaa a été déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence tenue cette semaine. (QNA)
Ahmed Al-Sharaa a été déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence tenue cette semaine. (QNA)
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  • Le président intérimaire de la Syrie, Ahmed Al-Sharaa, accueille le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani à l'aéroport de Damas
  • Cette visite marque une reprise significative des relations entre le Qatar et la Syrie, le Qatar étant appelé à jouer un rôle majeur dans la reconstruction

LONDRES : L'émir du Qatar, le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas jeudi, devenant ainsi le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis l'effondrement du régime de Bachar Assad.

Ahmed Al-Sharaa, déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence mercredi soir, a accueilli le cheikh Tamim à son arrivée à l'aéroport international de Damas.

Le premier ministre syrien Mohammed Al-Bashir, le ministre des affaires étrangères Asaad Al-Shaibani et le ministre de la défense Murhaf Abu Qasra étaient également présents.

Le Qatar a soutenu les factions de l'opposition syrienne pendant les 13 années de guerre civile qu'a connues le pays avant que M. Assad ne quitte Damas pour Moscou au début du mois de décembre.

La visite du cheikh Tamim marque une reprise significative des relations entre le Qatar et la Syrie, le Qatar devant jouer un rôle majeur dans la reconstruction, selon l'agence de presse du Qatar.

L'analyste politique et auteur Khaled Walid Mahmoud a déclaré à la QNA que la visite de Cheikh Tamim était "hautement symbolique et historiquement significative, étant la première d'un dirigeant arabe depuis la chute de l'ancien régime".

La visite pourrait rouvrir les canaux diplomatiques et soutenir une résolution politique durable à Damas, en soulignant les liens étroits du Qatar avec les États-Unis et la Turquie, ainsi que son rôle de médiateur de confiance en Syrie et au Moyen-Orient, a-t-il ajouté.

Le Qatar jouera un rôle crucial dans la reconstruction de la Syrie, en particulier dans des secteurs clés tels que l'énergie, les transports et le logement, qui ont été dévastés par la guerre civile.

Ahmed Qassim Hussein, chercheur au Centre arabe de recherche et d'études politiques, a déclaré à la QNA que la visite de l'émir était le signe d'une évolution du rôle du Qatar dans les sphères politique, économique et sécuritaire de la Syrie.

Le soutien du Qatar aux nouveaux dirigeants syriens dirigés par le président Al-Sharaa, devenu insurgé, s'est manifesté par sa décision de rouvrir l'ambassade à Damas après sa fermeture en 2011.

Il a déclaré que "la visite reflète l'engagement du Qatar à rétablir les relations diplomatiques et à favoriser la coopération avec la Syrie", ajoutant que Doha aide les dirigeants syriens à traverser la phase de transition de la Syrie et à favoriser la stabilité à long terme.