Pénurie de Pfizer, Moderna boudé

Le vaccin Moderna permet donc aux centres de vaccination d'augmenter les créneaux de rendez-vous et de garantir que chacun puisse recevoir sa dose de rappel. (AFP)
Le vaccin Moderna permet donc aux centres de vaccination d'augmenter les créneaux de rendez-vous et de garantir que chacun puisse recevoir sa dose de rappel. (AFP)
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Publié le Mercredi 08 décembre 2021

Pénurie de Pfizer, Moderna boudé

  • Alors que la vaccination va accélérer dans les semaines à venir, certains patients semblent plus réticents face au sérum développé par la firme américaine
  • Selon des études, les concentrations d'anticorps sont plus élevées quand on a été vacciné avec Moderna qu'avec Pfizer

À l’instar de nombreux autres pays, la France fait face à une recrudescence du nombre de cas de Covid-19. ​​Les contaminations continuent d’augmenter. Ce mardi 7 décembre, plus de 59 019 nouveaux cas positifs au coronavirus ont été enregistrés pendant les dernières vingt-quatre heures, contre 47 177 cas mardi dernier.

Alors que la campagne de rappel est appelée à s'intensifier dans les jours à venir, de plus en plus de patients semblent faire preuve de réticence à l’égard du vaccin Moderna.

Et pour cause, plus de trois millions de doses de Pfizer ont été commandées cette semaine contre 800 000 de Moderna pour une raison évidente: vingt-deux personnes peuvent être vaccinées avec un seul flacon de Moderna contre sept pour Pfizer. Et comme il en reste 20 millions de doses dans les stocks, quatre fois plus que de Pfizer, elles seront massivement envoyées dans les centres de vaccination dès la semaine prochaine. Le vaccin Moderna permet donc aux centres de vaccination d'augmenter les créneaux de rendez-vous et de garantir que chacun puisse recevoir sa dose de rappel.

Les professionnels savent qu'il faudra convaincre, pour éviter d'enrayer rapidement la campagne vaccinale face à une «cinquième vague».

Les interrogations sur l’efficacité du vaccin Moderna contre le variant Omicron du nouveau coronavirus alimentent un doute.

en chiffres

      Doses administrées: 108 millions

      Personnes complètement vaccinées: 47,5 millions

      Personnes ayant reçu une dose de rappel: 10 millions

      Pourcentage de la population complètement vaccinée: 70,5%

Depuis quelques jours, certains patients ayant pris rendez-vous dans l’un des centres de vaccination pour la dose de rappel, à la suite de deux injections du même vaccin Pfizer, ont été surpris de recevoir un SMS les informant que les personnes âgées de plus de 30 ans recevront le vaccin Moderna.

La réticence qu'inspire le vaccin Moderna tient beaucoup aux risques de myocardite que son usage induit, même si des études tendent à relativiser: les cas sont rares et jusque-là sans conséquences graves. Désormais déconseillé aux moins de 30 ans, une population jeune pour qui ce risque est plus prononcé, ce vaccin à ARN messager (comme celui de Pfizer) aurait cependant une plus grande efficacité que son concurrent.

C'est la raison qui explique la méfiance de certains face à ce vaccin qui présente toutefois des avantages indéniables.

Si le vaccin Moderna est moins connu, c'est aussi parce qu'au printemps dernier, la France a surtout été livrée avec des doses Pfizer.

À ce jour, quelques 10 millions de Français ont déjà reçu une dose de rappel.

Dans l’objectif de mieux protéger les personnes âgées, plus enclines à développer des formes graves de Covid-19, le gouvernement français a annoncé récemment que toutes les personnes de 65 ans et plus pourront désormais recevoir leur 3e dose sans prise de rendez-vous. Par ailleurs, depuis le 27 novembre dernier, les plus de 18 ans sont aussi éligibles à une troisième injection. ​​

Pfizer VS Moderna

Approuvé mi-janvier par l’Union européenne, le Moderna fait partie des quatre vaccins autorisés en France contre la Covid-19.

Le Moderna est similaire à celui de Pfizer quant à la technique utilisée et le taux d’efficacité, mais les doses sont bien moins nombreuses.

«Quelle que soit la variante prédominante Alpha puis Delta, Moderna s'est avéré légèrement plus efficace», a déclaré Casas, épidémiologiste et professeur agrégé au Brigham and Women's Hospital et à la Harvard Medical School.

 

Efficacité contre les formes graves

Moderna: 95%

Pfizer: 94%

 

Composition du vaccin

Moderna: ARNm codant pour la protéine S du coronavirus stabilisée sous sa forme de préfusion dans des gouttelettes lipidiques

Pfizer: ARNm codant pour la protéine S du coronavirus stabilisée sous sa forme de préfusion dans des gouttelettes lipidiques

 

Concentration du vaccin

Moderna: 100 µg dans 0,5 millilitre de solution saline

Pfizer: 30 µg dans 0,3 millilitre de solution saline

Ce qu’en dit la science…

Selon des études, les concentrations d'anticorps sont plus élevées quand on a été vacciné avec Moderna qu'avec Pfizer. Les Américains ont récemment publié une étude dans laquelle ils montrent que l'efficacité de la vaccination par Moderna est plus prolongée que l'efficacité de la vaccination avec Pfizer, explique Pr Odile Launay-Puybasset, responsable du centre d'investigation clinique vaccin à l'hôpital Cochin (AP-HP) à Paris.

Alors que la France fait face à la 5e vague de Covid-19 et que la campagne de rappel est appelée à s'intensifier dans les jours à venir, de plus en plus de patients semblent faire preuve de réticence face au sérum développé par la firme américaine.

Depuis le discours d’Emmanuel Macron, un rappel de troisième dose est désormais disponible pour tous les Français de 18 ans ou plus. La vaccination est ouverte à tous les adultes sans condition et aux adolescents de 12 ans et 2 mois à 17 ans compris.

Les 65 ans et plus pourront recevoir leur dose de rappel sans rendez-vous.


Après les tensions, Paris et Alger entament un nouveau chapitre

Lors d'un appel téléphonique récent, les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune sont convenus de relancer les échanges bilatéraux et de jeter les bases de cette reprise. (AFP)
Lors d'un appel téléphonique récent, les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune sont convenus de relancer les échanges bilatéraux et de jeter les bases de cette reprise. (AFP)
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  • Lors d'un appel téléphonique récent, les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ont décidé de relancer les échanges bilatéraux
  • L'échange téléphonique a permis de formaliser une feuille de route ambitieuse et pragmatique

Après avoir frôlé la rupture, un nouveau chapitre s'ouvre dans les relations entre la France et l'Algérie.

Lors d'un appel téléphonique récent, les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune sont convenus de relancer les échanges bilatéraux et de jeter les bases de cette reprise.

Le communiqué publié par le palais de l'Élysée fait suite à plusieurs signes récents de rapprochement, notamment l'entretien accordé par Tebboune aux journalistes des médias publics algériens, où il a exprimé sa volonté de renouer le dialogue avec son homologue français et de mettre fin à ce qu'il a qualifié de «période d'incompréhension» entre leurs deux pays.

L'échange téléphonique a permis de formaliser une feuille de route ambitieuse et pragmatique, centrée sur trois axes prioritaires: la coopération sécuritaire, la gestion des flux migratoires et les questions mémorielles.

Le communiqué conjoint, publié à l’issue de cet échange, souligne la volonté des deux chefs d’État de dépasser les crises récentes pour amorcer une relation apaisée et mutuellement bénéfique.

Premier résultat concret dans le cadre de cette volonté affichée, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot se rend à Alger le 6 avril pour des entretiens avec son homologue algérien Ahmed Attal.

Les ministres devront détailler un programme de travail ambitieux et en décliner les modalités opérationnelles et le calendrier de mise en œuvre.

La coopération sécuritaire doit reprendre sans délai, notamment pour lutter contre le terrorisme au Sahel et sécuriser les frontières de la région.

La gestion des migrations irrégulières et la question des réadmissions de ressortissants algériens en situation irrégulière en France sont au cœur des discussions. 

Cette dynamique s’inscrit dans la continuité de l’engagement du président français, exprimé dès le début de son premier mandat et même avant, lors de sa campagne électorale en Algérie, où il avait qualifié la colonisation de «crime contre l’humanité».

Plus tard et dès son élection en 2017, Macron a affiché sa volonté de regarder «la vérité en face». Sa première visite officielle en Algérie marquait la priorité qu’il entend donner à la relation franco-algérienne, en posant les bases d’un dialogue sincère et apaisé. 

Cet engagement a été réaffirmé par la déclaration d’Alger en août 2022, qui prévoyait la mise en place d’une «commission mixte des historiens» chargée d’examiner les archives et de favoriser une meilleure compréhension mutuelle.

Les enjeux de ce rapprochement, dont l’objectif est la poursuite du travail de refondation des relations bilatérales, dépassent le cadre strictement bilatéral et s’inscrivent dans un contexte géopolitique et sécuritaire complexe.

La coopération entre Paris et Alger est essentielle pour répondre aux défis régionaux, notamment dans le Sahel, où le terrorisme et l’instabilité menacent la sécurité de l’Afrique du Nord et de l’Europe. 

La France et l’Algérie partagent un intérêt commun pour la lutte contre les groupes armés et leur coopération stratégique revêt une importance capitale pour stabiliser la région.

La gestion des flux migratoires reste un point de tension récurrent, car si la France souhaite des mécanismes de réadmission efficaces, l’Algérie demande le respect de la dignité et des droits de ses ressortissants. 

Malgré la volonté de réconciliation affichée, le dossier mémoriel reste un obstacle majeur.

La question des excuses officielles pour les crimes coloniaux demeure sensible. Si Emmanuel Macron a reconnu des «crimes contre l’humanité» en 2017, les demandes d’excuses formelles de l’Algérie n’ont pas encore été pleinement satisfaites. 

Les travaux de la commission mixte des historiens, lancés à l’été 2022, doivent permettre d’approfondir la recherche sur cette période sombre et de poser les bases d’un dialogue apaisé.

Malgré les gestes d’ouverture, les relations entre Paris et Alger restent fragiles, en partie en raison d’une méfiance réciproque, alimentée par des perceptions contradictoires des enjeux bilatéraux.

L’un des points de friction les plus marquants est la question du Sahara occidental. La position française, perçue comme favorable au Maroc, a suscité des crispations du côté algérien, allant jusqu’au rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France. 

Pour Alger, le soutien implicite de Paris au plan d’autonomie marocain est perçu comme un alignement qui remet en cause l’équilibre diplomatique régional.

Bien que la France ait tenté de clarifier sa position, en affirmant vouloir accompagner une dynamique internationale de sortie de crise, ce dossier demeure une source de tension. 

Au-delà des relations diplomatiques, les opinions publiques des deux pays jouent un rôle crucial dans l’évolution du partenariat.

En Algérie, une partie de la population reste méfiante vis-à-vis des intentions françaises, nourrie par un sentiment de souveraineté exacerbée et par la mémoire toujours vive des exactions coloniales. 

En France, la question algérienne suscite également des clivages politiques. Certains considèrent les gestes mémoriels comme une forme de repentance excessive, tandis que d’autres appellent à une reconnaissance plus franche des torts commis pendant la colonisation. 

La relance des relations entre la France et l’Algérie repose sur un équilibre délicat entre la reconnaissance du passé, la gestion des défis actuels et la mise en œuvre d’une coopération tournée vers l’avenir. 

Malgré la volonté politique manifeste, la concrétisation de ce partenariat dépendra de la capacité des deux dirigeants à dépasser les clivages historiques et à impulser une dynamique durable.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau.