PARIS: Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin doit présenter lundi une version remaniée de son schéma national de maintien de l'ordre (SNMO), qui précise notamment la place et le rôle des journalistes lors des manifestations, ainsi que l'a ordonné la justice.
En juin dernier, le Conseil d'Etat avait infligé un désaveu au locataire de la place Beauvau en annulant plusieurs dispositions du nouveau SNMO présenté en septembre 2020 et en l'obligeant à revoir sa copie.
Parmi les mesures censurées, la technique de "la nasse" - qui consiste à encercler les manifestants et à les retenir dans un périmètre donné - telle qu'elle était présentée par M. Darmanin et l'obligation faite aux journalistes de quitter les lieux des manifestations à leur dispersion.
La question du maintien de l'ordre fait l'objet de vives controverses depuis la vague de protestation contre la loi travail en 2016, et, surtout, le mouvement des "gilets jaunes" en 2018-2019.
Leurs cortèges ont été émaillés de violentes échauffourées, de dégradations et de nombreux blessés dans les rangs des manifestants, notamment éborgnés par des tirs de LBD (lanceur de balle de défense) des forces de l'ordre.
Un mois avant la décision du Conseil d'Etat, la commission indépendante sur les relations entre la presse et les forces de l'ordre avait fait des propositions pour rapprocher les deux parties. Elle proposait notamment le non recours aux accréditations pour la presse et l'absence d'obligation de dispersion lors des manifestations.
"La nouvelle version du schéma national du maintien de l'ordre permettra ainsi de décliner les conclusions de ce rapport", avait annoncé Emmanuel Macron en septembre en présentant les conclusions des consultations du Beauvau de la sécurité.
Elle "permettra de consacrer la place et le rôle des journalistes mais d'imposer aussi à toutes les parties prenantes présentes dans une manifestation ou à l'issue d'une manifestation des règles qui vont avec ces situations exceptionnelles comme il se doit", ajoutait-il.
"D'après nos informations, le SNMO révisé se met en conformité avec la décision du Conseil d'Etat", a affirmé Anne-Sophie Simpere, chargée de plaidoyer Libertés à Amnesty International France. "C'était important, notamment pour la liberté d'informer".
"Reste que la logique générale du schéma est problématique et ne permettra pas de mettre fin aux violations des droits humains que nous avons constatées", a poursuivi Anne-Sophie Simpere, qui a déploré que le SNMO "reste axé sur la répression plutôt que sur la protection et la sécurité de tous".
Dans une étude publiée le 29 novembre, la Défenseure des droits a noté que les forces de l'ordre en France semblent "fortement marquées par un prisme confrontationnel" et enclines à appliquer la loi avec une "approche principalement punitive".