LUMAJANG: Déambulant dans la boue et les cendres grises, les habitants des villages au pied du volcan indonésien Semeru tentaient désespérément dimanche d'extraire de leurs maisons englouties les rares biens qui leur restent.
Des pères portent leurs filles traumatisées sur leur cœur dans une écharpe. Des vieillards transportent des matelas sur leurs dos. Des paysans serrent dans leurs bras des chèvres qui ont survécu par miracle. Après l'apocalyptique éruption de la veille, tous sont en état de choc, errant au milieu d'un village dont il ne reste rien.
"Tout à coup, le ciel est devenu sombre, et puis la pluie et les nuées ardentes sont arrivées", raconte Bunadi, un habitant du village de Kampung Renteng, à l'est de Java, qui dit avoir été surpris par le déferlement de "boue brûlante".
La spectaculaire éruption a fait plus d'une dizaine de morts et de nombreux blessés. Des panaches de cendres et des coulées de boues brûlantes, mélange de pluie de débris et de cendres, ont déferlé sur les hameaux situés sous le volcan, forçant des centaines de familles à fuir sans rien emporter et laissant de nombreux sans-abri.
Réfugiées dans une mosquée, des mères attendent, assises sur le sol à côté de leurs enfants endormis. Elles ont eu la chance d'échapper au cataclysme qui a enseveli des villages entiers sous les cendres et fait des dizaines de grands brûlés.
Alors que les opérations de secours se poursuivent, des habitants désespérés se risquent à retourner dans leurs villages, malgré les risques pour leur santé à cause de l'air vicié, pour essayer de récupérer quelque chose au milieu de la mer de boue qui désormais recouvre tout.
Dans une maison de Lumajang, des assiettes, des pots et des bols attendent sur une table, comme si le dîner était sur le point d'être servi. Mais c'est la cendre volcanique grisâtre qui a remplacé la nourriture.
Emportés par la boue
Certains villageois comptent leurs proches disparus. "Dix personnes ont été emportées par le flot de boue", raconte Salim, un autre habitant de Kampung Renteng. "L'un d'eux a presque réussi à s'en sortir. On lui a crié de courir, mais il a répondu : je ne peux pas, qui va nourrir mes vaches ?"
Non loin de là, à Sumber Wuluh, les toits des maisons dépassent à peine de la surface du sol, donnant une idée du volume phénoménal de boue qui a coulé en très peu de temps sur le village.
Des cadavres de vaches jonchent le sol. Certains animaux sont encore en vie, mais atrocement mutilés. Leur chair est à vif, calcinée par la boue incandescente.
Un évacué, cigarette aux lèvres, est mis à l'abri par les sauveteurs, dont les uniformes orange contrastent avec le paysage gris-sombre, aux allures d'enfer.
Assis à même la cendre les uns à côtés des autres, un groupe de villageois de Sumber Wuluh regardent le cratère du Semeru, d'où des fumées continuent de s'échapper. Au milieu des arbres brûlés et sans feuillage et des maisons et véhicules ensevelis dans la boue, ils sont, avec les rares animaux qui les entourent, les seuls signes de vie dans un paysage mort.