Twitter avoue que sa nouvelle politique anti-harcèlement est détournée par l'extrême droite

Selon Michael Breen, président du groupe Human Rights First, «Twitter a donné aux extrémistes une nouvelle arme pour nuire à ceux qui ont le plus besoin de protection et qui mettent en lumière le danger». (Photo, AFP)
Selon Michael Breen, président du groupe Human Rights First, «Twitter a donné aux extrémistes une nouvelle arme pour nuire à ceux qui ont le plus besoin de protection et qui mettent en lumière le danger». (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 05 décembre 2021

Twitter avoue que sa nouvelle politique anti-harcèlement est détournée par l'extrême droite

  • Pour lutter contre le harcèlement, Twitter a annoncé que les utilisateurs pourraient demander le retrait des photos publiées sans leur consentement
  • Mais le nouveau règlement est à l'inverse utilisé par l'extrême droite américaine pour se protéger et harceler ses opposants

WASHINGTON : Destiné à lutter contre le harcèlement en ligne, le nouveau règlement de Twitter concernant les images et vidéos est à l'inverse utilisé par l'extrême droite américaine pour se protéger et harceler ses opposants, selon des militants et des experts.

Twitter a décrété mardi que les utilisateurs (hors personnalités publiques) pourraient demander à ce que des photos ou des vidéos où ils apparaissent, publiées sans leur consentement, soient retirées du réseau social.

L'entreprise a cependant admis dès vendredi que la mise en place de cette mesure avait été difficile. 

"Nous avons été informés d'un nombre significatif de signalements malveillants et coordonnés, et malheureusement, nos équipes ont fait plusieurs erreurs", a déclaré Twitter.

"Nous avons rectifié ces erreurs et nous procédons à une enquête interne pour s'assurer que ce règlement soit utilisé comme il se doit", a ajouté la firme à l'oiseau bleu.

Ce type de problèmes, de nombreux militants anti-racistes l'avaient anticipé dès l'annonce de la nouvelle politique.

Leurs craintes ont été rapidement confirmées, le chercheur Kristofer Goldsmith tweetant une capture d'écran d'un message que l'extrême droite avait fait circuler sur Telegram: "En raison de la nouvelle politique de Twitter sur la vie privée, de façon inattendue, les choses tournent à notre avantage".

"Toute personne possédant un compte Twitter devrait signaler les publications de doxxing (une pratique qui consiste à dévoiler des informations privées sur quelqu'un, ndlr) des comptes suivants", précisait le message, accompagné d'une liste de dizaines d'identifiants.

Gwen Snyder, militante et chercheuse à Philadelphie, a vu son compte bloqué cette semaine, conséquence d'un signalement lié à une série de photos publiées en 2019, montrant un homme politique local lors d'une manifestation organisée par le groupe d'extrême droite Proud Boys.

Plutôt que de faire appel auprès de Twitter, elle a préféré supprimer les photos et parler publiquement de ce qu'il s'était passé.

"Le fait que Twitter élimine (mon) travail de sa plateforme est incroyablement dangereux, et va favoriser et encourager les fascistes", a-t-elle déploré.

Pour justifier sa nouvelle politique, Twitter avait souligné que "partager des contenus personnels, tels que des images ou des vidéos", pouvait "violer la vie privée d'une personne, et causer un préjudice émotionnel ou physique".

Mais cette règle ne s'applique pas aux "personnalités publiques" ou lorsque "les contenus accompagnant les tweets sont partagés dans l'intérêt général ou apportent une valeur ajoutée au débat public".

«Effacer les preuves»

Malgré tout, le compte de Chad Loder, qui milite en Californie, a été bloqué après des signalements liés à des images d'un rassemblement anti-vaccins, et d'une confrontation devant le domicile d'un ancien journaliste de Vice.

"Twitter dit que je dois supprimer mes tweets comprenant des photos de personnes à un évènement public digne d'une couverture médiatique et qui a effectivement été suivi par les médias, ou je ne récupérerai jamais mon compte", a déclaré Chad Loder, précisant qu'il s'agissait du troisième signalement de son compte en 48 heures.

"Le signalement massif mené par l'extrême droite est la dernière salve en date d'un effort continu et concerté visant à effacer les preuves de leurs crimes et de leurs méfaits."

La nouvelle politique de Twitter a été annoncée au lendemain de l'arrivée de Parag Agrawal à la tête de Twitter pour remplacer le cofondateur Jack Dorsey. Pour les experts, si elle repose sur de bonnes intentions, elle est extrêmement difficile à mettre en oeuvre.

En partie car la plateforme est devenue essentielle dans l'identification de personnes liées à l'extrême droite, des internautes s'improvisant détectives et publiant leurs noms ou des informations permettant de les identifier.

Ce "doxxing" a coûté à certaines des personnes visées leur emploi, les exposant parfois à des poursuites judiciaires, pendant que les militants qui publiaient ces données étaient eux-mêmes menacés ou harcelés.

Après l'assaut du Capitole, le 6 janvier, lors duquel des milliers de partisans de Donald Trump avaient tenté d'empêcher les élus de certifier la victoire de Joe Biden, les personnes impliquées avaient fait l'objet d'une intense recherche sur internet.

Même la police fédérale américaine publie régulièrement des images de personnes non identifiées, recherchées pour leur lien avec les violences.

Selon Michael Breen, président du groupe Human Rights First, "Twitter a donné aux extrémistes une nouvelle arme pour nuire à ceux qui ont le plus besoin de protection et qui mettent en lumière le danger".


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

Short Url

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Short Url
  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
Short Url
  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.