L’ONU avertit que sa crédibilité sur la question palestinienne est en jeu

Abdallah Shahid appelle les États membres à unir leurs forces pour résoudre le conflit, conformément aux lois humanitaires, aux droits humains internationaux et à la charte des Nations unies. (AFP)
Abdallah Shahid appelle les États membres à unir leurs forces pour résoudre le conflit, conformément aux lois humanitaires, aux droits humains internationaux et à la charte des Nations unies. (AFP)
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Publié le Jeudi 02 décembre 2021

L’ONU avertit que sa crédibilité sur la question palestinienne est en jeu

  • Le président de l’Assemblée générale des nations unies, Abdallah Shahid, qualifie de «décourageante» l’absence de progrès sur une question qui est à l’ordre du jour de l’ONU depuis les premières années de sa création
  • La séance plénière se tient quelques jours après le soixante-quatorzième anniversaire de la résolution 181, qui recommande le partage de la Palestine en deux États, arabe et juif

NEW YORK: Dans le conflit israélo-palestinien, l’enjeu est bien plus grand que la paix et la sécurité au Moyen-Orient, affirme Abdallah Shahid, président de l’Assemblée générale des nations unies.

La réputation de la communauté internationale, ainsi que sa capacité à faire preuve de solidarité pour résoudre les différends internationaux, conformément à la vision fondatrice de l’Organisation des nations unies (ONU), sont également en jeu, avertit-il.

«C'est pour cela que nous ne pouvons perdre espoir», soutient M. Shahid, en appelant les États membres à unir leurs forces pour résoudre le conflit, conformément aux lois humanitaires, aux droits humains internationaux et à la charte des Nations unies.

«Nous devons préserver la crédibilité de cette grande institution et promouvoir un dialogue et un engagement positifs entre les parties concernées.»

S’exprimant mercredi lors d’une séance plénière de l’Assemblée générale consacrée aux enjeux palestiniens et à la situation du Moyen-Orient, M. Shahid a qualifié de «décourageante» l’absence de progrès sur une question qui est à l’ordre du jour de l’ONU depuis les premières années de sa création.

Les situations en Palestine et dans la région au sens large sont «étroitement liées», précise-t-il.

«Nous avons vu à maintes reprises comment les répercussions du conflit israélo-palestinien compromettent la stabilité de la région dans son ensemble», poursuit-il.

«Tant que le peuple palestinien sera privé d’État, tant que des colonies illégales continueront d’être construites sur des terres auxquelles les Palestiniens ont droit à juste titre, tant que les familles palestiniennes seront obligées de fuir la violence et les injustices dont elles sont victimes et qu’elles ne pourront pas rentrer chez elles, la colère et le ressentiment ne feront que s’attiser.»

«Cela contribuera à un cycle de violence qui dure depuis bien trop longtemps.»

La séance plénière se tient quelques jours après le soixante-quatorzième anniversaire de la résolution 181, adoptée par l’Assemblée générale le 29 novembre 1947. Elle recommande le partage de la Palestine en deux États, arabe et juif, tandis que la ville de Jérusalem serait placée sous contrôle international.

Adopter une solution à deux États sur la base des frontières d’avant 1967 est ce que le monde peut faire de «plus important» pour aider à résoudre le conflit, affirme M. Shahid, qui appelle à une accélération du processus politique multilatéral pour trouver un règlement juste et pacifique.

Évoquant les défis majeurs auxquels font face les Palestiniens, il souligne qu’il est temps pour la communauté internationale de traduire ses paroles en actes en matière d’aide humanitaire, de soutien aux efforts de résolution du conflit et de respect de la dignité des Palestiniens.

«D’année en année, nous parlons de la crise humanitaire abominable en Palestine, en particulier dans la bande de Gaza. Mais les mots sont insuffisants. Les mots ne peuvent pallier le manque d’eau courante, d’électricité, d’assainissement adéquat et de conditions de vie décentes qui touche des millions de Palestiniens», explique-t-il.

«Les mots peuvent exprimer comment ces défis ont été exacerbés par la pandémie de Covid-19, sans pour autant pouvoir les résoudre. Les mots ne peuvent sauver le peuple palestinien des décennies d’occupation, des arrestations arbitraires et du recours excessif à la force. Les mots ne peuvent restaurer leurs maisons démolies ou mettre fin à la prolifération des colonies illégales sur leurs terres.»

«Plus de la moitié des cinq millions de Palestiniens des territoires occupés dépendent de l’aide humanitaire pour survivre. Ce nombre atteint 80 % à Gaza, où les habitants réclament l’accès aux services et équipements de base», indique M. Shahid.

Les nombreux réfugiés palestiniens à travers le Moyen-Orient sont également en danger, ajoute-t-il, soulignant l’important déficit de financement de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient. Il appelle la communauté internationale à fournir un soutien financier suffisant pour maintenir le travail salvateur de l’organisme en question.

«Il est temps de nous rassembler en tant que communauté internationale et de réitérer notre engagement à protéger les droits du peuple palestinien», souligne M. Shahid.

«Accordons-leur ce qu'ils réclament à juste titre depuis si longtemps: dignité, indépendance et respect.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
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  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.


Les efforts pour panser les «profondes divisions» de la Syrie sont ardus mais «pas insurmontables», déclare Guterres

Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
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  • Antonio Guterres salue "la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", "la résilience et le courage" des Syriens
  • La transition offre l'opportunité de "forger une nation où chaque Syrien peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité"

NEW YORK : Les efforts pour guérir les "profondes divisions" de la Syrie seront longs et ardus mais les défis à venir ne sont "pas insurmontables", a déclaré dimanche le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime Assad.

Une offensive surprise menée par une coalition de forces rebelles dirigées par Hayat Tahrir al-Sham et des milices alliées a rapidement balayé les zones tenues par le régime à la fin du mois de novembre 2024. En l'espace de quelques jours, elles se sont emparées de villes clés et ont finalement capturé la capitale Damas.

Le 8 décembre de l'année dernière, alors que les défenses du régime s'effondraient presque du jour au lendemain, le président de l'époque, Bachar Assad, a fui la République arabe syrienne, mettant fin à plus de 50 ans de règne brutal de sa famille.

"Aujourd'hui, un an s'est écoulé depuis la chute du gouvernement Assad et la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", a déclaré M. Guterres, saluant la "résilience et le courage" des Syriens "qui n'ont jamais cessé de nourrir l'espoir en dépit d'épreuves inimaginables".

Il a ajouté que cet anniversaire était à la fois un moment de réflexion sur les sacrifices consentis en vue d'un "changement historique" et un rappel du chemin difficile qui reste à parcourir pour le pays.

"Ce qui nous attend est bien plus qu'une transition politique ; c'est la chance de reconstruire des communautés brisées et de guérir de profondes divisions", a-t-il déclaré, ajoutant que la transition offre l'occasion de "forger une nation où chaque Syrien - indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique - peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité".

M. Guterres a souligné que les Nations Unies continueraient à soutenir les Syriens dans la mise en place de nouvelles institutions politiques et civiques.

"Les défis sont importants, mais pas insurmontables", a-t-il déclaré. "L'année écoulée a montré qu'un changement significatif est possible lorsque les Syriens sont responsabilisés et soutenus dans la conduite de leur propre transition.

Il a ajouté que les communautés à travers le pays construisent de nouvelles structures de gouvernance et que "les femmes syriennes continuent de mener la charge pour leurs droits, la justice et l'égalité".

Bien que les besoins humanitaires restent "immenses", il a souligné les progrès réalisés dans la restauration des services, l'élargissement de l'accès à l'aide et la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Des efforts en matière de justice transitionnelle sont en cours, a-t-il ajouté, ainsi qu'un engagement civique plus large. M. Guterres a exhorté les gouvernements à soutenir fermement une "transition dirigée par les Syriens et prise en charge par les Syriens", précisant que le soutien doit inclure le respect de la souveraineté, la suppression des obstacles à la reconstruction et un financement solide pour le redressement humanitaire et économique.

"En ce jour anniversaire, nous sommes unis dans un même but : construire les fondations de la paix et de la prospérité et renouveler notre engagement en faveur d'une Syrie libre, souveraine, unie et ouverte à tous", a ajouté M. Guterres.