Au procès du 13-Novembre, le mystérieux voyage de Mohamed Abrini en Angleterre

Ce croquis d'audience réalisé le 2 novembre 2021 montre les coaccusés Mohamed Abrini, Mohamed Amri et Salah Abdeslam, principal suspect des attentats de Paris du 13 novembre 2015. (Photo, AFP)
Ce croquis d'audience réalisé le 2 novembre 2021 montre les coaccusés Mohamed Abrini, Mohamed Amri et Salah Abdeslam, principal suspect des attentats de Paris du 13 novembre 2015. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 30 novembre 2021

Au procès du 13-Novembre, le mystérieux voyage de Mohamed Abrini en Angleterre

Ce croquis d'audience réalisé le 2 novembre 2021 montre les coaccusés Mohamed Abrini, Mohamed Amri et Salah Abdeslam, principal suspect des attentats de Paris du 13 novembre 2015. (Photo, AFP)
  • La photo du visage du Belge de 36 ans s'affiche en grand sur les écrans de la cour d'assises spéciale de Paris, mais lui n'est pas dans la salle
  • A Raqqa, capitale autoproclamée de l'Etat islamique, Mohamed Abrini retrouve son ami de 20 ans Abdelhamid Abaaoud, futur coordinateur des attentats qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis

PARIS: Quel était le but caché du séjour de Mohamed Abrini en Angleterre à son retour de Syrie à l'été 2015 ? Au procès des attaques djihadistes du 13-Novembre, la cour s'est penchée mardi sur ce mystérieux voyage, en l'absence de l'"homme au chapeau" des attentats de Bruxelles. 

L'enquêteur belge "441.157.616" commence son témoignage en citant l'accusé: "mon parcours est comme les lettres de l'alphabet. A comme Abrini, Z comme Zaventem", avait dit lors d'un interrogatoire celui qui avait renoncé à se faire exploser à l'aéroport bruxellois en mars 2016. 

La photo du visage du Belge de 36 ans s'affiche en grand sur les écrans de la cour d'assises spéciale de Paris, mais lui n'est pas dans la salle. 

Pour la troisième journée d'audience consécutive, cinq accusés dont Mohamed Abrini et son ami d'enfance et principal accusé Salah Abdeslam, refusent de comparaître pour protester contre l'absence physique à la barre et l'anonymisation des enquêteurs belges. 

"Tout a commencé en 2014", situe le policier antiterroriste depuis Bruxelles. Mohamed Abrini est en prison pour de la petite délinquance quand il apprend la mort de son frère cadet en Syrie. 

"En rentrant dans ma cellule j'ai pété un câble. Je me suis dis +je sors, je pars+", dit l'enquêteur, qui lit de toute évidence de larges passages d'audition et un texte déjà écrit. 

L'une des avocates de Mohamed Abrini, Me Marie Violleau, s'en exaspère vite. L'enquêteur ralentit, et poursuit.  

Dès sa sortie de prison, les proches de Mohamed Abrini remarquent qu'il se radicalise, entre dans "un trip Etat islamique". Il "parle bco (beaucoup, ndlr) de jihad lol", dit sa petite amie dans un texto à sa soeur.  

A celle qu'il traite désormais de "mécréante", Mohamed Abrini écrit fin 2014: "je vais me battre pour défendre la cause du tout-puissant", "le prix à payer c'est de laisser sa vie".  

Aux enquêteurs, il affirmera qu'il ne veut que se rendre sur la tombe de son frère.  

Il leur raconte son passage en Syrie depuis la Turquie, en juin 2015. "Un jeu d'enfant", "il suffit de traverser un champ de maïs", rappelle l'enquêteur en visioconférence.  

« Mission »

A Raqqa, capitale autoproclamée de l'Etat islamique, Mohamed Abrini retrouve son ami de 20 ans Abdelhamid Abaaoud, futur coordinateur des attentats qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis. 

"Il ne m'a pas parlé de ses projets pour l'Europe", assurait-il en interrogatoire. Ça aurait été "comme si le braqueur parlait à des petits voleurs de poules", lit encore "441.157.616".  

Dans les citations choisies par l'enquêteur, on reconnaît le parler coloré dont Mohamed Abrini a déjà usé devant la cour. "On n'est pas sortis du ventre de nos mères avec une Kalachnikov à la main", avait-il notamment lancé début novembre.  

A la fin de ce séjour d'une dizaine de jours - sans formation au combat, selon Mohamed Abrini - Abdelhamid Abaaoud lui aurait donné 2.000 euros pour une "mission": aller "récupérer de l'argent" - 4.000 euros - en Angleterre. 

L'enquêteur n'y croit pas. "Pourquoi prendre autant de risques" pour si peu ? 

Le véritable but de ce voyage reste un mystère, et les versions de Mohamed Abrini et de certains de ses coaccusés soupçonnés de l'avoir aidé ont "beaucoup varié", note le président de la cour, Jean-Louis Périès. 

Mohamed Abrini assure qu'il n'a rencontré les hommes chargés de lui remettre de l'argent qu'une seule fois. Pourquoi alors a-t-il passé une semaine sur place, pourquoi ces échanges téléphoniques et déplacements à Londres, Birmingham et Manchester, révélés par l'enquête ? 

Et cette photo, que l'enquêteur fait passer à l'écran: on y voit Mohamed Abrini poser devant le stade de Manchester United. Un "repérage" pour un projet d'attentat ? Un détour touristique, avait plutôt balayé le fan de foot, qui a aussi fait des arrêts au casino et dans "le plus grand bar à chicha d'Angleterre". 

L'enquêteur voit lui "un lien" entre ce voyage et le retour en Europe du chef opérationnel des attentats: "deux jours après avoir reçu l'info qu'Abrini avait réceptionné l'argent, Abaaoud quitte la Syrie". 

"On peut donner un autre sens à cette mission", dit l'enquêteur: quand Abaaoud "arrive, tout est prêt". 


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".