PARIS: A l'isolement jusqu'à jeudi après avoir été contaminé à la Covid par sa fille, Jean Castex doit parfois jouer à cache-cache à Matignon pour continuer à exercer sa fonction tout en se conformant aux protocoles sanitaires dont il est le garant.
Hors de question de ne pas s'annoncer avant d'emprunter le petit couloir reliant, au premier étage de l'hôtel Matignon, les appartements privés du chef du gouvernement à son bureau. Car, pour les personnels comme membres de cabinet, il ne faudrait pas croiser la route de M. Castex, testé positif à la Covid mardi 23 novembre et strictement tenu à l'écart du monde pendant dix jours, selon les règles édictées par les autorités de santé.
Une ligne de conduite que le Premier ministre s'astreint à suivre scrupuleusement, rapporte son entourage, d'autant plus qu'il a été constaté depuis un mois, lors de ses dernières sorties, un relâchement dans les effusions qu'il s'est accordées.
« Oui, il a serré quelques mains », consentent tout juste ses conseillers, en soulignant toutefois que M. Castex, trois fois cas contact depuis le début de la pandémie, a finalement été rattrapé par le virus dans le cadre familial et non professionnel.
Voilà donc M. Castex, adepte des déplacements à répétition dans tout ce que la France compte de zones blanches et d'angles morts, confiné sur son temps personnel avec la dernière de ses quatre filles, âgée de 11 ans, et retenu par ailleurs dans son bureau. Et son impatience palpable à retrouver le terrain est accrue par son absence totale de symptômes, après avoir connu un bref épisode de toux et quelques heures « embuées ».
Ballet téléphonique
Un grand jeu de cache-cache est donc organisé depuis une semaine rue de Varenne, le but pour tous étant d'éviter le Premier ministre, dont les plateaux repas sont par exemple déposés dans une salle attenante à ses appartements et récupérés par son épouse.
Quatre personnes seulement (le directeur de cabinet Nicolas Revel, le chef de cabinet Mathias Ott, et les conseillers Florian Bosser et Thibault de Cacqueray) peuvent pénétrer dans son bureau, pour y déposer ou enlever parapheurs, dossiers et bouteilles d'eau, tous désinfectés au passage. Elles doivent porter un masque FFP2 et surtout s'assurer que M. Castex soit bien sorti avant d'y entrer.
Un ballet coordonné par téléphone ou SMS, et qui met parfois à l'épreuve les compétences techniques du Premier ministre. Ainsi, il a dû ce weekend être guidé via haut-parleur pour enregistrer lui-même le message vidéo diffusé lundi soir à la Mutualité, pour le lancement de la maison commune de la majorité.
L'agenda a été quelque peu aménagé pour faire la part belle aux entretiens bilatéraux en visio-conférence. L'habituelle réunion du lundi, pour caler le programme de la semaine, s'est ainsi tenue dans le « salon bleu » au rez-de-chaussée avec les membres du cabinet, et le Premier ministre à l'écran depuis l'étage du dessus.
M. Castex devrait retrouver jeudi sa liberté. Et reprendre immédiatement le large, pour un déplacement en fin d'après-midi sur une thématique sanitaire, avant de se rendre vendredi à Bourg-en-Bresse pour le congrès de l'Association des départements de France, et samedi à Brive auprès du 126e régiment d'infanterie.