PARIS : Cinquième vague de Covid-19, nouveau variant Omicron... Le climat d'incertitude et les restrictions sanitaires qui s'accumulent dans le monde menacent de faire tousser la solide croissance de l'économie française, même si le pays semble mieux résister à ce stade que certains de ses voisins européens.
L'Insee a confirmé mardi que l'économie française a connu au troisième trimestre un de ses meilleurs taux de croissance en un demi-siècle, à +3%.
Mais, déjà, des nuages s'amoncellent. La cinquième vague de Covid-19 qui frappe durement l'Europe n'épargne pas la France, obligeant les autorités à durcir le pass sanitaire pour inciter davantage les Français à se faire vacciner.
Un confinement ou d'autres restrictions plus strictes ne sont pas d'actualité, contrairement à ce qui se passe ailleurs en Europe, mais l'incertitude sanitaire est renforcée par l'apparition du variant Omicron au danger encore mal évalué.
Pour l'heure, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, affiche un optimisme inébranlable, avec une croissance attendue à plus de 6,7% par la Banque de France ou l'OCDE cette année. "Je n'ai pas d'inquiétude particulière pour la croissance française", qui est "solide", martèle-t-il depuis plusieurs jours.
"La cinquième vague est là et le variant Omicron lui donne une ampleur que personne n'imaginait encore il y a quelques semaines. Pour autant, on ne veut pas tomber dans la panique. D'une certaine manière, il faut garder son sang froid", a abondé mercredi le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, en marge d'un évènement de l'organisation patronale.
"Même sans nouvelles restrictions, la situation actuelle est un peu plus effrayante qu'avant, et cela va donc sans doute rendre les consommateurs plus prudents" dans leurs dépenses, alors que ce sont elles qui ont tiré la croissance française ces derniers mois, prévient toutefois Charlotte de Montpellier, économiste chez ING.
En attendant, la consommation des ménages a reculé de 0,4% en octobre, avant même l'accélération de la 5e vague.
Tourisme et transports sous «vigilance»
Bien que la France semble pour l'heure moins touchée que d'autres pays, les restrictions de déplacements décidées ailleurs pourraient pénaliser l'activité touristique.
La question est majeure pour le secteur, même si "on n'est pas dans la saison touristique la plus haute", nuance Emmanuel Jessua, économiste à l'Institut Rexecode, qui se dit "prudent" sur l'impact réel de la nouvelle vague de Covid.
Il y a néanmoins clairement un "point de vigilance sur les secteurs liés au tourisme et à la mobilité", ajoute-t-il.
"De nouvelles mesures sanitaires entraveront (...), selon toute probabilité, le secteur des services, lequel est actuellement le principal moteur de la reprise", juge de son côté Joe Hayes, économiste au sein du cabinet IHS Markit.
Mais la 5e vague pourrait aussi avoir un impact sur les chaînes de production, déjà fortement perturbées par les pénuries. Si des pays se confinent "on risque d'avoir des chaînes de production qui se rétablissent moins rapidement", estime Charlotte de Montpellier, qui a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour le dernier trimestre 2021 et le premier trimestre 2022.
De quoi inquiéter de nouveau le secteur automobile, au moment où les constructeurs français pensaient entrevoir le bout du tunnel sur les pénuries de semi-conducteurs.
Si la situation devait s'aggraver, l'Etat sera "toujours là pour les entreprises", a voulu rassurer M. Le Maire mardi.
"On va essayer de ne pas pleurer avant d’avoir mal", estime le président du Medef, ajoutant que si le nouveau variant "provoque des baisses d’activité massives, la question du soutien de l’Etat se posera, mais on en est vraiment pas là".
Pour l'instant, le gouvernement rappelle la nécessité des gestes barrières, et le protocole sanitaire a été légèrement renforcé dans les entreprises.
La ministre du Travail, Elisabeth Borne, a aussi appelé les employeurs à "faciliter" le télétravail.
Le gouvernement compte aussi sur l'adaptation des entreprises et des Français, après près de deux ans d'épidémie. Si le premier confinement du printemps 2020 avait vu l'activité chuter d'un tiers, elle n'avait reculé que de 8% lors du deuxième confinement de novembre 2020, puis d'environ 5% lors de la troisième vague au printemps dernier.