KHARTOUM: Le chef de l'armée soudanaise a restructuré les postes de haut niveau au sein des services de renseignement: au moins huit officiers des services de renseignement ont été licenciés et le chef des renseignements de l'armée a été remplacé. C’est ce qu’ont rapporté dimanche dernier deux sources officielles à Reuters.
La décision du président du Conseil souverain, Abdel Fattah al-Burhan, intervient une semaine après que ce dernier a signé un accord qui autorise le rétablissement du Premier ministre, Abdallah Hamdok, assigné à résidence depuis le putsch du 25 octobre.
Les sources précisent que cinq des officiers licenciés occupaient des postes de haut rang et qu’ils étaient au pouvoir bien avant le coup d'État de 2019 qui a renversé l'autocrate Omar al-Bachir, président du Soudan depuis 1989. Samedi dernier, des sources officielles ont affirmé qu'Al-Burhan avait désigné un nouveau chef des services de renseignement.
Il reste à déterminer l'impact que ces décisions pourraient avoir sur l'équilibre des pouvoirs après le retour de M. Hamdok. Ce dernier remplacera dès samedi deux importants responsables de la police soudanaise après les violences meurtrières qui ont été commises ces dernières semaines à l'encontre de manifestants opposés au pouvoir militaire.
Dans le même temps, M. Al-Burhan s'est entretenu avec l'envoyée de l'Union européenne pour la Corne de l'Afrique, Annette Weber; les deux responsables se sont demandé s’il était nécessaire de mettre en place les structures de l'autorité de transition et de créer le conseil législatif de transition, notamment dans le but de traiter des questions liées au processus électoral.
Au cours de la réunion, le général Al-Burhan «s'est engagé à assurer un climat de stabilité au cours de la période de transition jusqu'à la tenue d'élections libres et équitables». Par ailleurs, il a réaffirmé son soutien au gouvernement que formera M. Hamdok afin de lui permettre de mener à bien ses missions nationales, rapporte l'agence de presse Suna.
Mme Weber a réitéré le soutien continu de l'Union européenne à la transition politique du Soudan en vue d’organiser les élections, en particulier sur le plan logistique et technique. Elle estime en effet que «le Soudan revêt une grande importance pour la sécurité de la région et celle de la mer Rouge».
Avant le putsch, le pouvoir était partagé entre l'armée et les groupes civils qui ont contribué à un soulèvement contre Al-Bachir. De nombreux membres de ces groupes s'opposent aujourd'hui à l'accord conclu entre le général Al-Burhan et le Premier ministre Hamdok qui appelle l'armée à se retirer de la vie politique.
Cet accord prévoit notamment la libération des prisonniers politiques arrêtés après le coup d'État. Si certains détenus ont été libérés, d'autres demeurent en détention.
Les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Norvège, qui pilotent la politique étrangère de l'Occident à l'égard du Soudan, ont appelé à la libération de tous les Soudanais emprisonnés pour leurs convictions politiques. «Leur libération est indispensable afin de restaurer la confiance et de ramener le Soudan sur la voie de la liberté et de la démocratie», ont déclaré ces pays dans un communiqué.
(avec Reuters)
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.