GENÈVE : Les membres de l'OMS sont convenus dimanche de lancer des négociations en vue de créer un instrument international pour mieux prévenir et combattre la prochaine pandémie qui ne manquera pas de venir, en pleine 5e vague de Covid.
Le projet d'accord doit encore être officiellement validé lors de la réunion exceptionnelle de l'Assemblée mondiale de la santé - organe décisionnel suprême de l'Organisation mondiale de la santé qui rassemble ses 194 membres - qui débute lundi et durera trois jours, à un moment où le nouveau variant du coronavirus Omicron se répand sur la planète.
"Après de longues négociations, les Etats membres de l'OMS ont convenu aujourd'hui (dimanche) de manière informelle d'entamer des négociations sur un Traité pandémique. La résolution doit maintenant être formellement adoptée demain (lundi) par les dirigeants mondiaux" lors de la session spéciale de l'Assemblée mondiale de la santé, a annoncé la mission de l'Union européenne sur son compte Twitter.
"Les événements de ces dernières semaines démontrent plus que jamais le besoin de solidarité et de leadership au niveau mondial. Nous attendons avec impatience que les dirigeants mondiaux démontrent leur engagement commun demain. L'élan est là - Le monde doit mieux être préparé!", a-t-elle ajouté.
Plusieurs autres délégations ont fait de même.
"Nous venons d'atteindre un consensus sur ce texte: une étape importante vers un nouvel accord mondial sur la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies", a tweeté l'ambassadeur britannique Simon Manley.
Jusqu'à présent les Etats-Unis n'étaient pas favorables à un traité - préférant un processus plus rapide - mais ont fini par lâcher du lest.
Pas avant 2024
Le projet d'accord prévoit la création d'"un organe intergouvernemental de négociation (dénommé 'organe de négociation') ouvert à tous les États membres et aux membres associés pour rédiger et négocier une convention, un accord ou un autre instrument international de l'OMS sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies".
Le but est de discuter sur le meilleur moyen de doter l'OMS d'un cadre juridique lui permettant de mieux affronter une future crise. Nombreux s'accordent en effet à dire que l'actuel Règlement sanitaire international, qui guide l'action de l'OMS depuis 2005, n'est pas adapté pour faire face à des crises de l'ampleur de la Covid.
Le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, est clairement en faveur d'un traité: "Le chaos provoqué par cette pandémie ne fait que mettre en exergue que le monde a besoin d'un accord international à toute épreuve qui dicte les règles", a-t-il dit.
Cet organe de négociation devra se réunir pour la première fois au plus tard le 1er mars prochain afin "d'élire deux coprésidents, en respectant un équilibre entre pays développés et pays en développement, et quatre vice-présidents, chacun représentant une des six régions de l'OMS".
Il devra ensuite commencer l'élaboration d'un avant-projet à soumettre à sa deuxième réunion, qui devra avoir lieu au plus tard le 1er août prochain.
Les conclusions de l'organe intergouvernemental ne devraient toutefois pas être publiées avant la 77e Assemblée mondiale de la Santé en 2024, après un rapport d'étape en 2023.
La réunion extraordinaire de la semaine prochaine se tient deux ans après le début de la pandémie, qui a coûté des millions de vies et des milliers de milliards d'euros. La gestion de la Covid a montré les limites de ce que l'OMS a le droit et les moyens de faire.
Le projet de texte sur lequel les pays sont tombés d'accord appelle à "renforcer l'architecture sanitaire mondiale" et souligne la nécessité de développer "la conception et la distribution de contre-mesures médicales telles que vaccins, traitements et produits de diagnostic, l'accès sans entrave, rapide et équitable à ces contre-mesures".