Les femmes saoudiennes à la conquête des entreprises

Lancée à partir d’un camion-restaurant en 2018 par Abir al-Hashim, Nine Soft Serve est désormais une chaîne de six magasins à Alkhobar et Riyad.
Lancée à partir d’un camion-restaurant en 2018 par Abir al-Hashim, Nine Soft Serve est désormais une chaîne de six magasins à Alkhobar et Riyad.
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Publié le Vendredi 26 novembre 2021

Les femmes saoudiennes à la conquête des entreprises

  • Pas moins de 17,7% des Saoudiennes ont créé ou dirigé une entreprise en 2020, selon une récente étude publiée par le Global Entrepreneurship Monitor (GEM), un chiffre plus élevé que la moyenne mondiale
  • Une culture d’entreprise s’installe dans le Royaume et de plus en plus de jeunes créent leurs propres sociétés, dans la foulée de la Vision 2030, lancée par le prince héritier saoudien

L’Arabie saoudite effectue une transition vers une économie plus diversifiée, après avoir été dépendante du pétrole pendant une grande partie du siècle dernier. Cette tendance a été initiée par la Vision 2030 mise en place par le Royaume, ainsi que par les engagements pris lors du sommet de la COP26.

Alors que les géants du secteur privé tels qu’Aramco et Sabic continuent de dominer l’économie, une culture d’entreprise s’installe et de plus en plus de jeunes créent leurs propres sociétés. Contrairement aux perceptions internationales, ce sont les femmes saoudiennes qui jouent un rôle majeur dans cette nouvelle ère.

Pas moins de 17,7% des Saoudiennes ont créé ou dirigé une entreprise en 2020, selon une étude publiée le mois dernier par le Global Entrepreneurship Monitor (GEM), l’observatoire mondial de l’activité entrepreneuriale basé à Londres qui suit l’évolution internationale des start-ups. Ce chiffre est considérablement plus élevé que la moyenne mondiale des femmes qui se lancent dans les affaires (11%).

Le rapport note également que plus de 30% des Saoudiennes ont l’intention de créer une entreprise au cours des trois prochaines années et que les femmes sont «plus susceptibles de concrétiser ces intentions» que les hommes.

GEM indique que ces mesures sont soutenues par «les récentes politiques et interventions du gouvernement pour soutenir les femmes entrepreneures dans le Royaume». Nouf al-Qahtani, propriétaire de la chaîne de parfumeries NSHQ est en l’illustration. Elle s’est lancée dans les affaires en 2005, en reconditionnant et en revendant sa collection de parfums.

Sa start-up l'a menée des souks du Koweït aux revendeurs d’huiles essentielles de France et d’Italie, et un prêt de 300 000 riyals saoudiens (70 677 euros) du Fonds du prince Sultan lui a permis de lancer sa première boutique à Alkhobar en 2015. Aujourd’hui, elle gère trois boutiques de parfums à Alkhobar et à Riyad avec une équipe de 14 personnes, tandis qu’un quatrième magasin devrait bientôt voir le jour.

«Il est aujourd’hui plus facile pour les femmes saoudiennes de se lancer dans les affaires», affirme Mme al-Qahtani à Arab News. «De nombreux hommes d’affaires du Royaume ne voulaient même pas parler aux femmes célibataires lorsque j’ai créé mon entreprise. Ils me disaient: “Reviens avec ton père ou ton frère et nous lui parlerons”», ajoute-t-elle. «Mais maintenant, les femmes saoudiennes sont plus puissantes. Elles s’encouragent mutuellement, et même la mentalité des hommes saoudiens a changé. S’ils lancent une entreprise, ils veulent avoir une femme comme partenaire. Vous savez pourquoi? Parce qu’elle travaillera plus dur, elle fera de son mieux pour faire ses preuves et elle sera plus organisée.»

Mme al-Qahtani attribue ce changement culturel aux réformes introduites par le prince héritier Mohammed ben Salmane. «J’aime sa façon de donner confiance aux citoyens saoudiens, et en particulier aux femmes et en leur identité nationale. Avant, les consommateurs saoudiens ne voulaient que des produits importés, mais maintenant, ils s’intéressent vraiment aux producteurs locaux comme moi.»

Abir al-Hashim, propriétaire de la chaîne de magasins de glaces Nine Soft Serve, est une autre femme qui a plus ou moins commencé à partir de rien et qui a accompli de grandes choses. Ayant débuté son business par une seule unité mobile basée à Alkhobar dans la province orientale du Royaume en 2018, elle exploite désormais six points de vente: quatre à Riyad et deux à Alkhobar.

Mme Al-Hashim reconnaît que les circonstances se sont rapidement améliorées pour les femmes entrepreneures en Arabie saoudite. «Il y a cinq ans encore, il était très difficile pour les femmes de mener une vie indépendante et de diriger une entreprise», dit-elle. «Tout le processus commercial est devenu plus facile, notamment en termes d’applications technologiques. Il est tellement plus simple de communiquer avec le gouvernement en ligne, et en tant que femme, vous n’avez plus besoin d’un homme pour parler en votre nom.»

Mme Al-Hashim a récemment été contactée par Monsha’at (l’Autorité générale pour les petites et moyennes entreprises) qui lui a fait remarquer que son produit était idéal pour un projet de franchise. L’Autorité a ensuite fourni à Mme Al-Hashim des conseils et des ressources pour développer son activité au niveau local et international, et l’a mise en contact avec un cabinet de conseil en franchisage.

Il s’agit d’un exemple de la nouvelle approche proactive du gouvernement saoudien, un changement radical par rapport aux formalités administratives pénibles et aux délais excessifs auxquels étaient confrontés tous ceux qui faisaient des affaires dans le Royaume. «Nous bénéficions d’un soutien officiel très important, et c’est quelque chose dont je suis très fière», souligne Mme al-Qahtani.
 

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Le Centre de stimulation du langage et de l’écoute, à Djeddah, a été créé par Rana Mirza en 2012 pour aider les enfants souffrant de troubles du langage.

Rana Mirza, qui a fait face à des obstacles successifs lors de la création de son centre de stimulation du langage et de l’écoute pour les enfants souffrant de troubles de l’apprentissage, à Djeddah, en 2012, aurait souhaité bénéficier des avantages que les créatrices de start-ups considèrent aujourd’hui comme acquis en Arabie saoudite.

«Je devais payer un homme pour suivre toutes les formalités administratives dans les différents bureaux du gouvernement, mais maintenant je peux tout faire moi-même. Les services électroniques du gouvernement permettent d’économiser énormément de temps et d’énergie, car il n’est plus nécessaire de se rendre physiquement dans un bureau. Tout se fait en ligne», explique-t-elle.

Ce facteur est important pour Mme Mirza, dont le centre, qui emploie 40 personnes, doit obtenir de nombreuses autorisations officielles pour pouvoir proposer toute une gamme de thérapies linguistiques et psychologiques.

Ces femmes d’affaires ont un message clair pour les autres femmes qui envisagent de créer une nouvelle start-up. «Elles doivent croire en elles», dit Mme al-Qahtani. «Si elle croient en elle, les autres leur feront aussi confiance. Vous ne pouvez rien commencer sans passion. Si vous n’avez pas de passion pour ce que vous faites, vous perdez votre temps», estime Mme Al-Hashim.

Mme Mirza, quant à elle, donne un conseil plus pragmatique: «Essayez d’avoir des connaissances en matière de gestion, de contrôle de la qualité, de finances et de service clientèle avant de lancer votre entreprise. Je l’ai appris à mes dépens. Ce n’est pas seulement une question de passion, c’est une question de savoir-faire.»

Ces trois entrepreneures témoignent prouvent que des opportunités importantes existent pour toute personne, homme ou femme, qui profite de la culture d’entreprise émergente en Arabie saoudite.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


Comment les entrepreneurs saoudiens s'orientent vers les marchés publics

Cette évolution nécessite souvent un changement fondamental de mentalité, en particulier dans des domaines tels que la gouvernance, la discipline financière et la conformité réglementaire. Shutterstock
Cette évolution nécessite souvent un changement fondamental de mentalité, en particulier dans des domaines tels que la gouvernance, la discipline financière et la conformité réglementaire. Shutterstock
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  • Cette transition exige souvent un changement fondamental d'état d'esprit, en particulier dans des domaines tels que la gouvernance, la discipline financière et la conformité réglementaire.  
  • Le passage d'une startup agile à une société cotée en bourse est un processus de transformation, et c'est un défi auquel de nombreuses entreprises de l'écosystème des startups d'Arabie saoudite.

RIYAD : Alors que les jeunes entreprises approchent de l'étape critique de l'introduction en bourse, l'un de leurs plus grands défis est la transition d'une entreprise rapide, dirigée par ses fondateurs, à une entreprise qui doit répondre aux exigences rigoureuses des marchés publics.  

Cette transition exige souvent un changement fondamental d'état d'esprit, en particulier dans des domaines tels que la gouvernance, la discipline financière et la conformité réglementaire.  

Le passage d'une startup agile à une société cotée en bourse est un processus de transformation, et c'est un défi auquel de nombreuses entreprises de l'écosystème des startups d'Arabie saoudite, qui évolue rapidement, seront bientôt confrontées.  

Historiquement, les acquisitions stratégiques constituaient la principale stratégie de sortie pour les startups à la recherche de liquidités. Cependant, avec un nombre croissant d'entreprises en phase finale de développement qui atteignent leur taille, les introductions en bourse apparaissent rapidement comme une option viable - et de plus en plus attrayante.  

À mesure que le paysage entrepreneurial du Royaume mûrit, la voie des marchés publics devient un choix plus important pour les startups qui cherchent à se développer au-delà de leurs équipes fondatrices et à puiser dans les capitaux nécessaires à leur expansion.

"De nombreuses startups ont des difficultés dans ce domaine parce que ce qui a fonctionné dans leurs premières années - décisions rapides, croissance agressive et structures souples - ne résistera pas à l'examen public", a déclaré Mohammed Al-Meshekah, fondateur et partenaire général d'Outliers, investisseur de la première heure dans la société saoudienne Tabby, aujourd'hui évaluée à 3,3 milliards de dollars et en passe d'être introduite en bourse. 

Mohammed Al-Meshekah, fondateur et partenaire général d'Outliers. Fournisseur
Mohammed Al-Meshekah, fondateur et partenaire général d'Outliers.(Photo Fournie) 

S'adressant à Arab News, M. Al-Meshekah a déclaré que "les bons investisseurs travaillent avec les fondateurs pour institutionnaliser leur entreprise sans nuire à son agilité".    

Il a ajouté : "Cela signifie qu'il faut resserrer la discipline financière dès le début, et non pas comme une solution de dernière minute, s'assurer que les rapports sont clairs, que l'économie des unités est durable et que l'allocation des capitaux est intentionnelle."  

Mohammed Al-Zubi, associé directeur et fondateur de Nama Ventures, qui a soutenu les licornes saoudiennes Salla et Tamara - toutes deux en passe d'être cotées en bourse - s'est fait l'écho de ce sentiment, affirmant que la meilleure approche consiste à mettre en place une gouvernance de niveau IPO bien avant que cela ne devienne nécessaire.   

"Cela signifie qu'il faut structurer correctement les rapports financiers, s'assurer que les cadres de conformité sont en place et mettre en place une équipe de direction capable de s'adapter à l'environnement d'une société publique", a déclaré M. Al-Zubi à Arab News.  

Obstacle réglementaire

Le respect de la réglementation est un autre obstacle, en particulier dans les régions où les jeunes entreprises technologiques à forte croissance doivent s'adapter à des cadres conçus à l'origine pour les industries traditionnelles.    

"Dans le même temps, il est possible de faire évoluer les cadres réglementaires dans la région afin de mieux soutenir les entreprises à forte croissance", a déclaré M. Al-Meshekah d'Outliers.   

"De nombreuses normes existantes ont été conçues pour les industries traditionnelles, qui diffèrent naturellement de la structure et des besoins d'expansion des entreprises axées sur la technologie", a-t-il ajouté, notant que les régulateurs doivent trouver un équilibre entre la garantie de la stabilité du marché et la possibilité pour les entreprises ayant un potentiel mondial d'être cotées localement.    

"En trouvant cet équilibre, l'Arabie saoudite et plus largement la région pourraient devenir une destination de premier plan pour les introductions en bourse à forte croissance, attirant non seulement les entreprises créées dans la région, mais aussi celles du monde entier à la recherche d'un marché public solide pour se développer.    

L'alignement des investisseurs joue également un rôle clé dans le bon déroulement de la transition vers l'introduction en bourse. "Les startups dont les investisseurs privilégient les gains à court terme au détriment d'une croissance durable

sont souvent confrontées à des difficultés lors de la transition vers les marchés publics", a déclaré M. Al-Zubi. 

Mohammed Al-Zubi, associé gérant et fondateur de Nama Ventures. (Photo Fournie)
Mohammed Al-Zubi, associé gérant et fondateur de Nama Ventures. (Photo Fournie)

"Celles qui sont soutenues par des partenaires à long terme qui les guident vers une exécution disciplinée, une préparation réglementaire et des opérations évolutives sont celles qui réussissent à franchir le pas.   

L'introduction en bourse : la nouvelle stratégie de sortie

Selon M. Al-Zubi, il y a cinq ans à peine, les introductions en bourse n'étaient pas considérées comme une voie de sortie viable pour les jeunes entreprises de la région, les acquisitions stratégiques étant considérées comme la seule stratégie de sortie évidente.   

Les acquisitions stratégiques étaient considérées comme la seule stratégie de sortie claire. "Bien que les acquisitions aient fourni des liquidités, elles ont souvent laissé beaucoup d'argent sur la table parce que les startups étaient acquises avant d'avoir atteint leur plein potentiel", a-t-il déclaré.   

Aujourd'hui, a noté M. Al-Zubi, la dynamique est en train de changer. "Les introductions en bourse sont désormais la stratégie de sortie dominante, et nous voyons de plus en plus de startups en phase finale se préparer activement pour les marchés publics. Des entreprises comme Tamara et Salla sont la preuve que les startups régionales peuvent se préparer à l'introduction en bourse et, à mesure que les marchés de capitaux continuent d'évoluer, cette tendance s'accélérera.    

Toutefois, les acquisitions et les ventes secondaires continueront à jouer un rôle, en particulier dans les secteurs où les acteurs mondiaux cherchent des points d'entrée sur le marché saoudien.    

"L'introduction en bourse étant désormais une véritable option, les fondateurs ne sont plus contraints de vendre prématurément", a ajouté M. Al-Zubi. "Au lieu de cela, ils peuvent se développer davantage, capturer plus de valeur et se retirer à une évaluation beaucoup plus élevée par le biais des marchés publics.  

M. Al-Meshekah reconnaît que les introductions en bourse vont devenir un élément de plus en plus important du paysage des sorties, mais il précise qu'elles viendront compléter les acquisitions ou les ventes secondaires, et non les remplacer complètement.   

"À mesure que les startups saoudiennes gagneront en maturité, nous assisterons à un élargissement de l'éventail des stratégies de sortie, l'introduction en bourse devenant une voie essentielle pour les entreprises capables de soutenir une croissance indépendante. Mais les meilleures entreprises ne sont pas conçues pour un résultat unique ; elles créent une valeur durable avec des options, que ce soit par le biais d'une introduction en bourse, d'une acquisition ou de ventes secondaires", a-t-il ajouté, en soulignant les tendances historiques aux États-Unis pour illustrer la façon dont la dynamique évolue dans les écosystèmes en cours de maturation.    

"Si nous prenons les États-Unis comme point de référence, les introductions en bourse ont dominé les sorties financées par le capital-risque, représentant plus de 80 % dans les années 1980, avant de tomber à 50 % dans les années 1990 et de chuter à moins de 10 % au cours des 25 dernières années", a-t-il déclaré.    

"Il est naturel que les introductions en bourse soient le fer de lance d'un écosystème en développement, et que les fusions-acquisitions suivent lorsque les entreprises en place acquièrent des innovations pour rester compétitives.  

Rôle des investisseurs après l'introduction en bourse

Si l'introduction en bourse est une étape importante pour toute startup, elle marque le début d'une nouvelle phase plutôt que la fin du voyage.    

Le passage d'une société privée financée par un capital-risque à une entité cotée en bourse pose de nouveaux défis, obligeant les fondateurs à passer de l'exécution d'une croissance élevée à une discipline financière à long terme et à la gestion des actionnaires.    

"L'introduction en bourse n'est pas une fin en soi. Il s'agit simplement d'une nouvelle phase de l'évolution d'une entreprise", a déclaré M. Al-Meshekah.   

"À ce stade, le rôle des investisseurs devient celui de gestionnaires à long terme, qui contribuent à assurer une transition réussie vers les marchés publics sans perdre ce qui a fait la force de l'entreprise au départ."    

Il a averti que l'un des plus grands risques après l'introduction en bourse est le "court-termisme", c'est-à-dire la pression pour donner la priorité aux performances trimestrielles plutôt qu'à la création de valeur à long terme.   

"Les sociétés de capital-risque qui accompagnent l'entreprise depuis sa création jouent un rôle clé en aidant les dirigeants à rester fidèles à leur vision initiale tout en s'adaptant aux nouvelles attentes des actionnaires publics", a déclaré M. Al-Meshekah.   

Il a ajouté que les meilleures entreprises "équilibrent la discipline financière avec l'agilité d'innover, en résistant à l'envie d'optimiser les mouvements du cours de l'action à court terme au détriment du leadership à long terme sur le marché".

M. Al-Zubi a souligné que la base d'investisseurs changeait également lorsqu'une entreprise atteignait les marchés publics.   

"Chaque étape du parcours d'une startup nécessite un ensemble différent d'investisseurs dotés d'une expertise spécialisée", a-t-il déclaré.    

"Les investisseurs en capital de départ jouent un rôle essentiel pour faire passer une entreprise de l'idée à l'échelle, mais lorsqu'une startup atteint les marchés publics, le relais doit être pris par les investisseurs en capital et les fonds institutionnels qui sont mieux adaptés à cette phase."    

À ce stade, une startup n'est plus jugée uniquement sur son potentiel de croissance, mais également sur sa capacité à générer une rentabilité durable, une valeur actionnariale et une gouvernance solide.   

"Les sociétés de capital-risque en phase de démarrage, dont l'expertise consiste à naviguer dans l'incertitude et à faire évoluer les startups, doivent prendre du recul et permettre à l'entreprise d'être guidée par ceux qui ont une grande expérience des marchés publics", a déclaré M. Al-Zubi.    

Cela ne signifie pas que les premiers investisseurs disparaissent complètement. "Certains restent impliqués en siégeant au conseil d'administration, mais leur influence diminue naturellement au fur et à mesure que de nouvelles parties prenantes, structures financières et attentes opérationnelles deviennent prioritaires", a-t-il expliqué.    

M. Al-Zubi souligne que les fondateurs doivent accepter cette transition et s'entourer des bons conseillers.    

"Les introductions en bourse ne sont pas seulement des sorties, elles sont un passage à un nouveau mode de fonctionnement, et les fondateurs qui comprennent cette transition seront ceux qui prospéreront sur les marchés publics."    

M. Al-Meshekah s'est fait l'écho de ce sentiment, en notant que les introductions en bourse réussies dans le secteur de la technologie présentent des caractéristiques communes.    

"Elles ne se contentent pas d'adapter leur produit existant ; elles se développent sur de nouveaux marchés, approfondissent les relations avec les clients et construisent des fossés concurrentiels durables", a-t-il déclaré.    

"Les investisseurs de la première heure qui restent engagés peuvent assurer la continuité, en aidant les fondateurs à franchir ce cap tout en conservant les principes qui ont été à l'origine de leur succès initial." 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite en passe de devenir la Silicon Valley du Moyen-Orient, selon des experts

Grâce à des initiatives stratégiques et à des partenariats mondiaux solides, l'Arabie saoudite s'affirme comme un acteur clé du paysage technologique mondial. (Shutterstock)
Grâce à des initiatives stratégiques et à des partenariats mondiaux solides, l'Arabie saoudite s'affirme comme un acteur clé du paysage technologique mondial. (Shutterstock)
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  • L'Arabie saoudite est en train de se transformer rapidement en un centre technologique régional
  • Au cœur de cette transformation se trouve le projet Transcendance, une initiative révolutionnaire de 100 milliards de dollars lancée en 2024

RIYAD : L'Arabie saoudite est en train de se transformer rapidement en un centre technologique régional, suscitant des comparaisons avec la Silicon Valley, grâce à une vague d'investissements stratégiques et d'initiatives de premier plan, ont déclaré des experts à Arab News.  

Au cœur de cette transformation se trouve le projet Transcendance, une initiative révolutionnaire de 100 milliards de dollars lancée en 2024.   

Dirigé par le Fonds d'investissement public du Royaume en partenariat avec Google, le projet vise à créer un écosystème complet d'intelligence artificielle en Arabie saoudite.  

L'initiative est destinée à soutenir la croissance des startups technologiques locales, à créer des opportunités d'emploi et à favoriser les collaborations avec les entreprises technologiques mondiales, positionnant ainsi le Royaume à l'avant-garde de l'innovation régionale.  

Ces efforts sont complétés par la conférence technologique annuelle LEAP, qui continue d'attirer l'attention internationale. L'édition 2025 de l'événement a attiré plus de 170 000 visiteurs et garanti des investissements dépassant les 14,9 milliards de dollars, soulignant l'attrait croissant de l'Arabie saoudite en tant que destination pour la technologie et l'innovation.  

Ces développements sont au cœur de la stratégie de réforme économique plus large du Royaume dans le cadre de Vision 2030, qui vise à diversifier l'économie et à réduire sa dépendance de longue date à l'égard des revenus pétroliers.  

Grâce à des initiatives stratégiques et à des partenariats mondiaux solides, l'Arabie saoudite consolide sa place en tant qu'acteur clé du paysage technologique mondial.  

Interrogé par Arab News, Noor Al-Nahhas, cofondatrice et PDG de nybl, une société de logiciels basée aux Émirats arabes unis, a déclaré : "L'Arabie saoudite se transforme rapidement en un centre technologique mondial, sous l'impulsion de l'ambitieux programme Vision 2030. Le Royaume crée un écosystème solide pour que les startups technologiques puissent prospérer tout en accélérant les investissements dans l'IA et la deep tech - des technologies qui sont essentielles pour faire progresser le secteur."   

"Avec les développements émergents que nous voyons dans le Royaume, les obstacles sont peu nombreux - c'est la Silicon Valley du Moyen-Orient et une force montante dans le paysage technologique mondial", a-t-elle ajouté.    

Mamdouh Al-Doubayan, directeur général de Globant pour la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, s'est également fait l'écho d'opinions similaires. Il a déclaré que les investissements de l'Arabie saoudite dans l'infrastructure numérique devraient être soutenus par des partenariats clés pour atteindre les résultats souhaités.  

"Le Royaume fait des investissements substantiels dans l'infrastructure numérique tout en favorisant un écosystème qui nourrit l'innovation et l'esprit d'entreprise. Les partenariats clés sont essentiels pour faire avancer cette vision", a affirmé M. Al-Doubayan.   

Le facteur crucial des PME

Vikas Panchal, directeur général pour le Moyen-Orient de la multinationale indienne de technologie Tally Solutions, a déclaré à Arab News que les petites et moyennes entreprises d'Arabie saoudite ont un rôle crucial à jouer dans la poursuite de l'évolution technologique du Royaume.   

"L'Arabie saoudite progresse rapidement dans son parcours de transformation numérique, les PME jouant un rôle central dans cette évolution. La Vision 2030 du Royaume a placé la technologie et la numérisation au premier plan de la diversification économique, favorisant un environnement propice aux affaires dans lequel les PME sont considérées comme devant continuellement réussir", a expliqué M. Panchal.   

Il a ajouté que les programmes soutenus par le gouvernement, tels que les initiatives de soutien aux PME de Monsha'at, ainsi que les investissements dans l'IA, la fintech et le commerce électronique, équipent les entreprises d'outils numériques évolutifs, leur permettant ainsi d'être compétitives à l'échelle mondiale.   

"Avec des réglementations commerciales rationalisées et un intérêt croissant pour la recherche d'efficacité axée sur la technologie, l'Arabie saoudite est en passe de devenir un pôle technologique mondial", a ajouté M. Panchal.  

L'innovation locale

Au milieu de ces avancées, les experts ont également souligné les défis potentiels que l'Arabie saoudite pourrait rencontrer alors qu'elle s'efforce de s'établir en tant que destination technologique mondiale.  

M. Al-Doubayan a noté que si le Royaume fait des progrès significatifs en matière de transformation numérique, il sera essentiel de relever certains défis pour assurer une croissance durable.  

Il a souligné que l'un des principaux obstacles auxquels l'Arabie saoudite pourrait être confrontée est la constitution d'un solide vivier de talents pour soutenir le secteur technologique en plein essor.  

« Bien que le Royaume investisse dans l'éducation et la formation, il est essentiel d'attirer et de retenir des professionnels qualifiés dans un paysage mondial compétitif », a confirmé M. Al-Doubayan.
« En outre, il peut s'avérer complexe de naviguer dans les cadres réglementaires et de garantir un environnement favorable à l'innovation, d'autant plus que le pays cherche à trouver un équilibre entre les progrès technologiques rapides et les pratiques traditionnelles », a-t-il poursuivi. 

M. Panchal a déclaré que certains des défis auxquels le Royaume est confronté comprennent les coûts de la transformation numérique, en particulier parmi les PME du Royaume.  

 "Alors que les grandes entreprises adoptent rapidement l'IA et l'automatisation, de nombreuses PME sont encore confrontées à des défis pour passer des opérations traditionnelles aux opérations numériques. Le manque d'expertise dans l'adoption de la gestion financière basée sur le cloud, l'automatisation fiscale et la comptabilité en temps réel peut ralentir leur compétitivité", a-t-il souligné.   

"Pour certaines PME, le coût initial de la transition vers des opérations entièrement numériques peut représenter un véritable défi. En donnant aux PME des solutions technologiques abordables et faciles à utiliser, l'Arabie saoudite peut surmonter ces obstacles et accélérer la réalisation de son objectif d'une économie véritablement axée sur la technologie", a-t-il noté.    

M. Al-Doubayan a également exprimé des opinions similaires et a déclaré que certaines entreprises sont confrontées au risque de limitations infrastructurelles, car le développement de l'infrastructure numérique et physique nécessaire pour soutenir des projets ambitieux peut être à la fois long et coûteux.  

M. Al-Nahhas a déclaré que l'Arabie saoudite devrait renforcer ses capacités en matière d'IA afin de réaliser véritablement ses ambitions technologiques à l'avenir.   

"Un facteur essentiel à prendre en compte est la vitesse à laquelle la course mondiale à l'IA évolue. Il s'agit d'un aspect essentiel dont il faudra tenir compte à mesure que l'Arabie saoudite avancera dans la poursuite de ses objectifs Vision 2030", a déclaré le PDG de nybl.  

Il a également indiqué que l'Arabie saoudite devrait essayer de développer son écosystème local pour l'innovation technologique plutôt que de l'importer d'autres pays.   

"Un exemple frappant est celui de DeepSeek, qui a développé en peu de temps un modèle d'IA capable de rivaliser avec ceux de la Silicon Valley et de perturber le secteur de manière sans précédent", a révélé M. Al-Nahhas.   

DeepSeek, un chatbot développé par la Chine, utilise de grands modèles de langage avancés et a été lancé pour la première fois le 10 janvier.   

Dès sa sortie, il a rapidement dépassé ChatGPT, devenant l'application gratuite la plus téléchargée sur l'App Store iOS aux États-Unis.   

Les performances impressionnantes de DeepSeek, associées à son coût relativement faible, ont fait des vagues dans le monde entier, remettant en cause la domination des modèles d'IA basés aux États-Unis.   

Grâce à ses technologies de traitement du langage naturel, DeepSeek est capable de comprendre, d'interpréter et de générer du langage humain de manière plus efficace, ce qui permet de réduire de 60% les résultats de recherche non pertinents par rapport aux moteurs de recherche traditionnels.  

"Cela met en évidence la rapidité de l'innovation dans le secteur technologique, mais soulève également une question fondamentale : Pourquoi devrions-nous importer de la technologie alors que nous avons les ressources et la vision nécessaires pour la créer dans le Royaume ? Pour être véritablement à la pointe, l'Arabie saoudite doit redoubler d'efforts en matière d'innovation locale - une dépendance excessive à l'égard de solutions externes risque d'entraîner une dépendance et de ralentir les progrès", a averti M. Al-Nahhas.

Lors de la récente conférence LEAP, qui s'est tenue à Riyad du 9 au 12 février, le ministre saoudien des Communications et des Technologies de l'information, Abdullah Al-Swaha, a également évoqué le sujet de DeepSeek et a déclaré qu'il surpassait tous les modèles d'IA.   

"Nous devons célébrer le moment du ChatGPT de 2022, mais nous devons aussi apprécier le moment DeepSeek. Le monde n'a pas besoin de polarisation à l'ère de l'intelligence. Nous devons travailler collectivement pour célébrer ces avancées, où DeepSeek bat jusqu'à présent tous les modèles d'IA", a confirmé le ministre.   

M. Al-Nahhas a ajouté que l'Arabie saoudite avait la possibilité d'établir des références mondiales en développant l'IA et la technologie profonde en interne, et qu'elle pouvait s'assurer que la technologie n'était pas uniquement destinée au Royaume, mais qu'elle pouvait être exportée dans le monde entier, contribuant ainsi à la croissance de l'économie du pays.   

"Pour être compétitif sur la scène mondiale, il faut changer d'état d'esprit : L'Arabie saoudite n'est pas seulement un consommateur de technologie, nous sommes des créateurs, conduisant la prochaine vague d'innovation du Royaume vers le monde", a précisé M. Al-Nahhas.   

Dhruv Verma, fondateur et PDG de Thriwe, une entreprise de plateforme de prestations technologiques qui a étendu sa présence à l'Arabie saoudite en 2023, a déclaré que les lois strictes sur la protection des données peuvent constituer des obstacles pour les entreprises technologiques étrangères, ce qui rend l'engagement à long terme du secteur privé vital pour une croissance durable.   

"À mesure que la numérisation s'accélère, le risque de cybermenaces et de violations de données augmente, ce qui souligne la nécessité de mesures de cybersécurité robustes et de collaborations transfrontalières", a déclaré M. Verma.

Arun Bruce, PDG de la société de conseil en gestion TransformationX, basée à Dubaï, a déclaré à Arab News que l'Arabie saoudite devrait renforcer son écosystème de startups pour garantir que le secteur technologique prospère à long terme.   

Il s'est également fait l'écho du point de vue de M. Al-Nahhas selon lequel le Royaume devrait éviter de trop dépendre des technologies internationales et devrait développer des innovations de pointe au niveau local.   

"La scène des startups technologiques en Arabie saoudite est certainement en train de se renforcer, grâce à de nombreux accélérateurs et initiatives gouvernementales, mais elle a encore du chemin à faire pour rivaliser avec les centres de startups mondiaux et régionaux", a expliqué M. Bruce.   

"Alors que l'Arabie saoudite cherche à se développer, il devient important de localiser ses apports technologiques. Des entreprises telles que l'ALAT, soutenue par le PIF, sont certainement en train d'amener le Royaume dans la bonne direction", a-t-il conclu. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les exportations de dattes saoudiennes augmentent de 15,9% en 2024 pour atteindre 451 millions de dollars

L'Arabie saoudite compte environ 123 000 exploitations agricoles de palmiers dans tout le pays. (SPA)
L'Arabie saoudite compte environ 123 000 exploitations agricoles de palmiers dans tout le pays. (SPA)
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  • Les exportations de dattes de l'Arabie saoudite ont connu une augmentation de 15,9% en glissement annuel en 2024
  • L'Arabie saoudite, qui compte plus de 33 millions de palmiers, soit environ 27% du total mondial, possède environ 123 000 exploitations agricoles de palmiers dans tout le pays

RIYAD : Les exportations de dattes de l'Arabie saoudite ont connu une augmentation de 15,9% en glissement annuel en 2024, atteignant 1,695 milliard de riyals saoudiens (451,7 millions de dollars), selon des données récemment publiées par le Centre national pour les palmiers et les dattes.

La même année, le Royaume a produit plus de 1,9 million de tonnes de dattes, soulignant son rôle important dans l'industrie mondiale des dattes, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

L'Arabie saoudite, qui compte plus de 33 millions de palmiers, soit environ 27% du total mondial, possède environ 123 000 exploitations agricoles de palmiers dans tout le pays, ce qui renforce encore sa position de leader mondial dans la production de dattes.

Selon Market Research Future, le marché mondial des dattes devrait passer de 120 millions de dollars en 2023 à 220 millions de dollars en 2032, avec un taux de croissance annuel composé de 5,22%.

"Les dattes saoudiennes ont connu une expansion notable sur les marchés mondiaux, atteignant les consommateurs dans 133 pays. La valeur des exportations représente une augmentation de 15,9% par rapport à 2023", lit-on dans un communiqué de l’Agence de presse saoudienne, soulignant que les dattes saoudiennes ont connu une expansion notable dans toutes les régions du monde. 

"Cette croissance est attribuée aux efforts soutenus visant à améliorer la qualité des dattes saoudiennes et à élargir leur présence sur le marché mondial, soulignant l'importance croissante du secteur des palmiers et des dattes dans le soutien de l'économie nationale et la diversification des flux de revenus", a conclu le communiqué. 

L'industrie des dattes du Royaume a connu une transformation remarquable depuis le lancement de Vision 2030 en 2016 - une initiative stratégique visant à diversifier l'économie non pétrolière de l'Arabie saoudite.

Selon des données récentes, la valeur des exportations de dattes saoudiennes a bondi de 192,5% au cours des huit dernières années, reflétant un taux de croissance annuel composé impressionnant de 12,7%.

Cette trajectoire ascendante souligne les progrès continus de l'Arabie saoudite pour s'imposer comme un acteur clé du marché mondial des dattes, tout en mettant en évidence le rôle croissant du secteur dans la contribution à la sécurité alimentaire mondiale.

Le succès du secteur peut être attribué au soutien inébranlable des dirigeants du Royaume, qui reconnaissent l'industrie des palmiers et des dattes comme une pierre angulaire du patrimoine et de l'identité culturelle saoudiens.

Ce soutien est complété par les efforts de collaboration des producteurs, des exportateurs et des agences gouvernementales qui s'efforcent de rationaliser les processus d'exportation et d'étendre la portée des marchés internationaux grâce à des partenariats stratégiques avec le secteur privé.

L'importance culturelle et économique des dattes est symbolisée par l'inclusion d'un palmier dattier flanqué d'épées croisées dans l'emblème national saoudien. Symbole de l'hospitalité arabe et élément essentiel de la vie quotidienne des Saoudiens, ce fruit a une signification profondément enracinée dans le Royaume.

Ces dernières années, une série d'initiatives locales et internationales ont contribué à augmenter la valeur marchande des dattes saoudiennes. En particulier, la création du Centre national des palmiers et des dattes et du Conseil international des dattes, qui réunit 11 pays producteurs de dattes, témoigne du rôle crucial joué par le Royaume dans l'élaboration de l'avenir de l'industrie mondiale des dattes.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com