KHARTOUM: Le Premier ministre soudanais Abdalla Hamdok a dit lundi que la préservation des gains économiques des deux dernières années faisait partie des raisons pour lesquelles il a décidé de retourner à son poste après avoir conclu un accord avec l’armée, alors qu’il avait été écarté du pouvoir lors du coup d’état du mois passé.
Interviewé à Khartoum, à l’endroit même où il avait été assigné à résidence suite à la prise de contrôle militaire du 25 octobre, Hamdok a déclaré qu’il croyait fortement qu’un gouvernement de technocrates – qu’il est tenu de former – pourrait améliorer la qualité de vie [des Soudanais].
Les partis politiques dominants ainsi que le mouvement de contestation populaire du Soudan se sont opposés à la décision de Hamdok de signer l’accord avec l’armée ce dimanche. Certains ont considéré que c’était de la trahison ou encore une couverture politique du coup d’état.
«La préservation des gains économiques et l’ouverture économique mondiale font partie des raisons pour lesquelles j’ai décidé de retourner», a annoncé Hamdok.
Depuis que Hamdok a été élu Premier ministre en 2019 dans le cadre d’un accord de partage du pouvoir, après le renversement du président Omar Bashir, le Soudan a institué des réformes économiques, entre autres la levée des subventions sur les carburants et un flottement contrôlé de la devise soudanaise.
Les réformes, surveillées par le Fonds monétaire international, ont abouti à un allègement des dettes étrangères du Soudan (soit plus de 50 milliards de dollars) – un accord qui a été remis en question en raison du coup d’état.
La Banque mondiale ainsi que certains bailleurs de fonds bilatéraux ont suspendu des aides économiques dont le Soudan a urgemment besoin après la prise de contrôle militaire.
«Nous allons poursuivre nos contacts avec les institutions financières internationales. Le nouveau budget de janvier sera orienté vers la réforme économique et ouvrira la porte aux investissements au Soudan», a dit Hamdok.
La coalition civile ainsi que ses anciens ministres qui partageaient le pouvoir avec l’armée avant le coup d’état ont rejeté l’accord, évoquant une violente répression contre des manifestations antimilitaires au cours du dernier mois.
Cependant, Hamdok a assuré qu’un nouveau gouvernement de technocrates aiderait à améliorer l’économie du Soudan qui a souffert d’une crise prolongée résultant en l’une des plus grandes inflations du monde et en une pénurie de produits de première nécessité.
[Ce gouvernement] pourrait également œuvrer pour la finalisation d’un accord de paix signé l’année dernière avec quelques groupes rebelles pour mettre fin à de longues années de conflits internes, a ajouté Hamdok.
«L’implémentation de l’accord de paix de Juba et la finalisation des processus de paix avec les groupes qui n’ont pas signé l’accord de Juba sont en tête de l’ordre du jour du nouveau gouvernement», a-t-il précisé.
Après que l’accord entre l’armée et Hamdok a été annoncé dimanche, des protestataires qui avaient préalablement défendu Hamdok se sont mis à scander des slogans contre lui. Hamdok a dit qu’il avait signé l’accord pour éviter de nouvelles effusions de sang.
«Nous nous engageons à suivre la voie démocratique, à respecter la liberté d’expression et les manifestations pacifiques et à nous ouvrir davantage au monde», a-t-il déclaré lundi.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com