NEW YORK : L'ONU a appelé les «autorités de facto et les forces de sécurité du Soudan à faire preuve de retenue et à s'abstenir de commettre d'autres violations des droits humains».
Les propos du porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, sont intervenus alors que les opposants au coup d'État au Soudan ont promis jeudi d'intensifier leurs protestations après que 15 civils auraient été tués durant le jour le plus meurtrier qu’ait connu le pays depuis le coup d’Etat survenu le mois dernier, risquant une nouvelle confrontation avec la junte.
« La liberté d'expression et de réunion sont des droits humains fondamentaux accordés à chaque Soudanais », a déclaré Dujarric, ajoutant que les manifestants «ils doivent avoir la possibilité de s'exprimer pacifiquement et sans crainte de représailles».
Plus de trois semaines après la prise du pouvoir par le général Abdel Fattah Al-Burhan, qui a suspendu la transition du Soudan vers un régime civil, les militants pro-démocratie sont confrontés à une lutte de plus en plus dangereuse dans les rues.
Les décès de mercredi, recensés par des médecins alliés au mouvement de protestation, portent le bilan depuis le coup d'État du 25 octobre à au moins 39 morts.
Les dernières violences ont été condamnées par les États occidentaux qui ont suspendu leur aide économique depuis le coup d'État. Malgré la pression économique, le pays ayant désespérément besoin d'aide étrangère, les efforts pour trouver une issue à la crise sont au point mort.
Un haut responsable du département d'État américain a déclaré qu'il s'agissait « d'un moment vraiment critique », exprimant un sentiment « assez positif » à propos des récents entretiens tenus par la secrétaire d'État adjointe Molly Phee à Khartoum, « qui, je le sais, semblent être de mauvais présage ».
S'exprimant depuis la capitale nigériane Abuja, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'est dit "profondément préoccupé" par l'effusion de sang de mercredi.
Il a condamné les meurtres et a exhorté l'armée soudanaise à autoriser les manifestations pacifiques.
Les manifestants ont décrit le comportement de la police lors des manifestations de mercredi comme plus agressif qu'auparavant, signe que l'armée cherche à renforcer sa position.
L'armée a déclaré que les manifestations pacifiques étaient autorisées, mais des affrontements de rue ont de nouveau secoué Khartoum alors que les services Internet sont rétablis jeudi.
Les meurtres de mercredi ont été condamnés par le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme Michelle Bachelet, qui a déclaré « qu'il est tout à fait honteux que des balles réelles aient à nouveau été utilisées contre des manifestants ».
Des affrontements ont été signalés jeudi dans la ville jumelle de Khartoum, Bahri, qui a connu des violences mercredi.
Un témoin a déclaré que les forces de sécurité avaient tiré des gaz lacrymogènes et des balles réelles alors qu'elles enlevaient les barricades érigées par les manifestants, qui se dispersaient et se regroupaient. Un témoin à Omdurman, de l'autre côté du Nil, a déclaré que les forces de sécurité ont également retiré les barricades et utilisé des gaz lacrymogènes lors de l'arrestation des manifestants.
Un groupe de comités de résistance de quartier coordonnant le mouvement de protestation dans l'est de Khartoum a annoncé une « escalade ouverte » contre le coup d'État dans un communiqué.
"Maintenant, nous menons des consultations parmi les comités de résistance sur l'intensification de l'escalade contre le coup d'État", a déclaré un haut responsable des comités.
Des photos de personnes tuées lors de précédentes manifestations ont été brandies en l'air lors des manifestations de mercredi.
"Je ne pense pas que les violences de mercredi auront fait grand-chose pour (réduire) la volonté de la rue a résisté au coup d'État", a déclaré Jonas Horner de Crisis Group.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com