CASABLANCA : La mort de Youssef, un jeune casablancais, dans des circonstances opaques, pose question et suscite l’indignation sur les réseaux sociaux au Maroc.
L’affaire remonte au 8 septembre dernier, lorsqu’un accident de la circulation, dans la zone Ain Sebaa-Hay Mohammadi à Casablanca, provoque la mort d'un jeune homme dans un accident de moto et blesse son compagnon, ainsi qu'un policier.
Bavure policière
Cette histoire qui aurait pu finir dans les oubliettes des faits divers, a refait surface ces derniers jours, déterrée par les Green Boys, groupe d’ultras (NDLR: groupe de supporters organisés qui ont une certaine influence sur la population) du Raja de Casablanca. Ces derniers ont en effet publié un message accompagné d'un enregistrement audio dans lequel la mère de Youssef, demandant que justice soit faite, donne sa version des faits.
Le message explique que Youssef, qui conduisait une moto, aurait été pris en chasse par une patrouille de police (composée de trois motards et d’une voiture) car il ne portait pas de casque de protection. Le jeune homme aurait été bousculé par les motards et serait tombé de sa moto. Une fois à terre, les policiers l’auraient passé à tabac jusqu'à ce que Youssef rende l'âme.
Selon la mère du défunt, l'équipe médicale qui a pris en charge Youssef a déclaré qu’il ne s’agissait pas «seulement d’un accident de la circulation» et ils ont demandé une autopsie.
Les supporters rajaouis et la famille de la victime accusent des policiers d'avoir refusé de leur remettre les résultats de l'autopsie, ainsi que l’enregistrement d'une caméra de surveillance placée à proximité d'une station de tramway qui aurait enregistré l'intervention des éléments de la police.
Pour les Green Boys, il ne fait aucun doute que Youssef, qui revenait d’un rassemblement du groupe ultra, a été victime d’une bavure policière.
Les réseaux sociaux s’enflamment
Le message des Green Boys a rapidement fait le tour des réseaux sociaux au Maroc. À peine a-t-il été publié sur le groupe Facebook dudit «ultra» qu’il a été repris et partagé par d’autres ultras marocains et par des milliers d’internautes marocains. En quelques heures, le hashtag #JusticeForYoussef se retrouvait au sommet des tendances sur les réseaux sociaux.
On veut la vérité.. #JusticeForYoussef pic.twitter.com/BuE4EOtcOS
— imad stitou (@StitouImad) November 16, 2021
Dans le message publié par cette faction de supporters du club du Raja, la scène du meurtre de Youssef aurait été filmée par un témoin, qui lui aussi aurait été tabassé par un policier. Ce dernier ne portait pas son uniforme. Il aurait confisqué le téléphone du témoin pour supprimer la vidéo.
La DGSN s'en mêle
Face à la colère grandissante sur les réseaux sociaux, la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a rapidement réagi. Dès mardi, la DGSN a publié un communiqué, relayé par la MAP, dans lequel elle indique qu’elle «traite avec le sérieux nécessaire les enregistrements et les contenus numériques publiés sur les réseaux sociaux» concernant l’accident survenu le 8 septembre dernier. En général, lorsque la DGSN s’en mêle, c’est que l’affaire est grave.
Le communiqué poursuit en assurant que «dans le souci d’éclairer l’opinion publique et d’établir la vérité, la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) s’est chargée de poursuivre et d’approfondir l’enquête sur cette affaire sous la supervision du Parquet compétent, afin d’en élucider toutes les circonstances».
Ce communiqué a été publié juste après que la mère du défunt a posté un message sur son compte Facebook, s’en remettant au roi du pays pour que justice soit faite.
Bavure policière? Accident de la circulation? Pourquoi les enregistrements vidéos ne sont-ils pas disponibles? Pourquoi la police aurait-elle refusé de délivrer les résultats de l’autopsie? Qui sera dans le viseur de la DGSN? Autant de questions sans réponse, pour l’instant.
Affaire à suivre.