BERLIN : Pas encore au pouvoir mais déjà sur le grill: la future coalition qui va succéder en Allemagne à Angela Merkel cherche la parade à une quatrième vague virulente du coronavirus et décline plusieurs propositions, dont l'obligation d'être testé ou vacciné dans les transports publics.
Signe du flottement qui règne avant le départ de la chancelière conservatrice et l'arrivée d'une nouvelle majorité, une responsable écologiste a aussi évoqué une obligation vaccinale pour les personnels soignants et de maisons de retraite, avant de se rétracter.
Mais le débat sur cette mesure, très controversée en Allemagne, reste ouvert, a souligné le futur chancelier, le social-démocrate Olaf Scholz.
Un retour massif au télétravail est en revanche clairement dans les tuyaux, sauf "raison professionnelle impérieuse" de venir au bureau.
Les mesures seront soumises jeudi au Parlement allemand, alors que les trois partis --sociaux-démocrates du SPD, Verts et libéraux du FDP-- mettent la dernière main à leur "contrat de coalition", avec l'objectif de nommer officiellement Olaf Scholz à la chancellerie dans la semaine du 6 décembre.
Merkel préoccupée
Une réunion entre le gouvernement et les dirigeants des 16 régions allemandes est aussi prévue jeudi.
Avant même que soit conclu un accord, inédit entre trois formations dans l'histoire allemande, les premiers nuages s'amoncellent donc dans le ciel de la future coalition.
L'Allemagne est confrontée à une intense quatrième vague d'une pandémie qui a déjà tué depuis début 2020 plus de cinq millions de personnes dans le monde.
"Nous allons être confrontés à des semaines difficiles", a mis en garde samedi Angela Merkel, chargée d'expédier les affaires courantes avant de prendre sa retraite politique.
Lundi, le taux d'incidence sur sept jours a ainsi dépassé pour la première fois la barre symbolique des 300, un niveau trois fois plus élevé qu'il y a trois semaines.
En Bavière (554,2) et dans les Länder d'ex-RDA de Thuringe (546,1) et de Saxe (759,3), la situation est même critique.
"Avec le nombre de cas que nous avons maintenant, les hôpitaux de tout le pays dépasseront la limite de capacité dans les deux premières semaines de décembre", prédit Karl Lauterbach, expert en santé du parti SPD.
"La vague à venir va éclipser toutes les vagues précédentes", résume le Premier ministre du Land de Saxe, Michael Kretschmer,
L'heure est donc à un nouvel "effort national", réclamé par la chancelière sur le départ.
La règle des 3G (vacciné, guéri ou testé) devrait ainsi s'appliquer dans les transports publics, "y compris les transports scolaires et les taxis", selon le projet de la coalition, consulté par l'AFP.
Appliquer cette mesure s'avèrerait toutefois extrêmement complexe, prévient l'association des communes allemandes.
Les Länder doivent en outre pouvoir instaurer de nouvelles restrictions de contact dans les lieux publics et privés, visant spécifiquement les non vaccinés.
Un responsable du SPD a évoqué la perspective d'un "quasi confinement des non vaccinés", même s'il n'est pas question de contrôler leurs déplacements.
Les marchés de Noël, une institution en Allemagne, sont sur la sellette.
Poids de l'extrême droite
Les trois partis comptent cependant ne pas prolonger au-delà du 25 novembre l'état d'urgence sanitaire, un cadre juridique qui permet de décider un confinement, ce qu'écartent les trois partis. Une décision critiquée par des conservateurs en passe de retrouver l'opposition après 16 années au pouvoir et qui trouvent là un possible angle d'attaque contre la future majorité.
Les causes de cette détérioration rapide de la situation sanitaire sont multiples. Le taux de vaccination complète (67,5%) reste éloigné de l'objectif de 75% fixé par le gouvernement Merkel.
Environ 14 millions d'Allemands éligibles au vaccin n'auraient ainsi pas reçu d'injection. La Saxe là encore est la mauvaise élève du pays, avec une petite majorité de vaccinés (59,6%).
Les régions frontalières que sont la Bavière et la Saxe sont aussi victimes de la dégradation de la situation sanitaire dans les pays limitrophes comme l'Autriche, qui a décidé lundi un confinement des non-vaccinés, la République tchèque ou encore la Pologne.
Autre élément d’explication : les régions d'ex-RDA sont des bastions de l'extrême droite, particulièrement rétive à la vaccination. La moitié des personnes non vaccinées aurait ainsi voté pour le parti extrémiste AfD aux élections du 26 septembre, selon un sondage Forsa.