LIVERPOOL: La police antiterroriste britannique passe au crible le profil d'Emad Al Swealmeen, mort dans l'explosion d'un taxi dimanche à Liverpool (nord de l'Angleterre) qui est, selon des médias britanniques, un demandeur d'asile converti au christianisme.
Les enquêteurs pensent que l'engin explosif a été "fabriqué" par cet homme de 32 ans, passager du taxi et tué par la déflagration, survenue peu avant 11H00 (locales et GMT) devant un hôpital pour femmes au moment où le Royaume-Uni commémorait les victimes des guerres, à l'occasion du "Dimanche du Souvenir". Ses motivations restent cependant à déterminer.
"Nous comprenons mieux d'heure en heure, mais il faudra probablement un certain temps, peut-être plusieurs semaines, avant d'être sûrs de savoir ce qui s'est passé", a indiqué la police, qui considère pour l'heure qu'il s'agit d'un "acte terroriste".
Selon des médias britanniques mardi, Emad Al Swealmeen est un demandeur d'asile du Moyen-Orient se présentant comme Syrien et n'était pas connu des services de renseignement. Arrivé au Royaume-Uni il y a plusieurs années, il s'y était converti au christianisme.
Sa motivation "doit encore être établie", a souligné le secrétaire d'Etat chargé de la police, Kit Malthouse, devant les députés, mais cet événement constitue "un rappel brutal de plus de la menace liée au terrorisme que nous encourons tous".
Elizabeth et Malcom Hitchcott, un couple de chrétiens habitant à Liverpool, ont exprimé leur "choc" et leur "tristesse" en apprenant qu'Emad Al Swealmeen, qu'ils avaient hébergé pendant des mois, était considéré comme responsable de l'explosion.
Interné en psychiatrie
"Il a vécu ici pendant huit mois, et nous vivions côte à côte. On n'a jamais eu l'impression que quelque chose n'allait pas", a déclaré M. Hitchcott à la chaîne ITV. Il a expliqué que le jeune homme avait quitté l'islam pour devenir chrétien et fait son baptême et sa confirmation à la cathédrale de Liverpool.
"Il était très calme (...) J'avais l'habitude de prier chaque jour une demi-heure au salon avec lui. Je ne pense pas qu'il simulait sa foi", a également dit M. Hitchcott au Telegraph.
Selon lui, Emad Al Swealmeen a été interné environ six mois en psychiatrie il y a quelques années après un incident dans le centre-ville impliquant un couteau.
M. Hitchcott a expliqué que la demande d'asile de son protégé avait été rejetée, car les services compétents ne pensaient pas qu'Emad Al Swealmeen était Syrien comme il le prétendait.
Selon le tabloïd The Sun, qui avance qu'Al-Swealmeen était Jordanien, la police antiterroriste pense que les refus répétés opposés à sa demande d'asile et ses problèmes psychologiques ont pu le pousser à l'acte.
Dans le cadre de l'enquête, quatre hommes, âgés de 20, 21, 26 et 29 ans, avaient été interpellés dimanche et lundi et ont depuis été relâchés.
"Vrai miracle"
Russ Jackson, chargé de la police antiterroriste de la région, a indiqué que les enquêteurs avaient fait des "progrès significatifs" et "récupéré des preuves importantes à l'adresse avenue Rutland qui est en train de devenir centrale dans l'enquête".
C'est dans cette avenue, où Emad Al Swealmeen louait depuis peu un logement, qu'il avait emprunté un taxi dimanche matin pour se rendre à une maternité à Liverpool.
Selon la BBC, les enquêteurs tentent de déterminer si la charge principale a effectivement explosé, aucuns véhicule alentour ayant été endommagé, et si elle contenait du TATP, un explosif artisanal utilisé notamment lors de l'attentat contre une salle de concert à Manchester en 2017.
Le chauffeur de taxi, qui a pu s'extraire du véhicule avant qu'il ne soit consumé par les flammes, est sorti de l'hôpital où il avait été soigné pour des blessures.
"L'explosion s'est produite pendant qu'il était dans la voiture et c'est un vrai miracle qu'il ait pu s'échapper", a expliqué son épouse sur Facebook.
Le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Damian Hinds, a déclaré mardi que la pandémie de coronavirus pourrait avoir "exacerbé" le nombre de personnes s'auto-radicalisant en ligne, soulignant sur Sky News que la police avait déjoué "plus de trente complots à un stade avancé au cours des dernières années".
Après cette attaque, le Royaume-Uni a relevé lundi à "grave" le niveau de la menace terroriste sur le sol britannique, un mois après le meurtre le 15 octobre du député David Amess pendant une permanence parlementaire à une soixantaine de kilomètres de Londres.