PARIS : La France est "en solidarité" avec la Pologne, confrontée à un afflux de migrants à sa frontière avec le Bélarus, et n'a "pas de leçons à (lui) donner" alors que Varsovie va y construire un mur, a souligné le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal mardi.
Interrogé sur France Inter pour savoir si Paris soutenait cette construction, il a indiqué que "la France ce qu'elle dit, l'Europe ce qu'elle dit, c'est qu'on doit faire respecter nos frontières. Ce qu'elle dit, c'est qu'elle est en solidarité avec les pays confrontés à cette situation".
"Évidemment, la situation et cette escalade (entre Pologne et Bélarus, NDLR) me désolent; ce que je dis, c'est que je n'ai pas de leçons à donner à des pays qui sont confrontés" à de tels événements, a-t-il insisté.
Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine qui se sont mis d'accord pour oeuvrer à une "désescalade" de cette crise et "un effort sur la situation humanitaire des migrants en renforçant l’implication du HCR" (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés). Le président russe a indiqué, selon l'Elysée, qu'il allait "en parler" à son homologue bélarusse Alexandre Loukachenko.
Gabriel Attal a accusé ce dernier, qui "masse" des migrants à la frontière, de "mise en scène inhumaine et macabre" visant à "fracturer" l'Europe et "faire peur aux Européens".
Mais l'Union européenne, qui prépare avec les Etats-Unis de nouvelles sanctions contre le régime, "est unie depuis le début de cette crise", a fait valoir M. Attal, précisant que la France est "prête à" envoyer de l'"aide humanitaire en nombre" à la Pologne comme elle a pu le faire à destination de la Lituanie.
Également interrogée sur le mur, la députée européenne Renew/LREM Nathalie Loiseau a dit sur Sud Radio "à la fois compren(dre) la réaction des Polonais qui se sentent attaqués, assaillis", tout en relevant le "côté tragique de l'histoire", la Pologne étant "de l'autre côté du rideau de fer" avant la chute du mur de Berlin.
Dénonçant le "chantage de facto mis en place par la Biélorussie, aidée par la Russie", Aurore Bergé, présidente déléguée du groupe LREM à l'Assemblée nationale, s'est, elle, opposée sur Radio J à toute construction d'un mur.
A gauche, l'eurodéputée LFI Manon Aubry a vu dans ce mur "le résultat de l'infâme jeu de dupe diplomatique dans lequel l'UE s'est laissée enfermer en acceptant l'instrumentalisation de vies humaines par Loukachenko", selon un tweet.
"C'est une solution honteuse, qui nous renvoie à la guerre froide, à cette époque où on a fait des murs entre les Européens", a abondé le premier secrétaire du PS Olivier Faure sur LCI, en réclamant à Emmanuel Macron de "dire son indignation officielle à l'égard du projet polonais".
Le député LR Eric Ciotti, candidat à l'investiture du parti de droite pour la présidentielle, a au contraire souhaité sur Twitter que l'Europe soutienne la Pologne "lorsqu’elle construit un mur pour protéger nos frontières extérieures de l’invasion migratoire".
A l'extrême droite, le président par intérim du RN Jordan Bardella a appelé sur RTL à "accompagner la construction d'un mur qui protège, car ce que subit la Pologne aujourd'hui s'appelle une invasion".