AL-MUKALLÂ, Yémen : Les forces conjointes du Yémen présentes sur la côte ouest du pays ont annoncé vendredi leur retrait de plusieurs districts libérés dans la province d'Al-Hodeïda, y compris de certains quartiers de la ville en question.
Les Forces conjointes, qui désignent trois grandes unités militaires implantées sur la côte ouest du Yémen, ont fait savoir qu'elles avaient retiré leurs troupes des parties de la province d'Hodeïda soumises à la trêve décrétée par l'accord de Stockholm, conclu sous l'égide des Nations unies. Par ailleurs, les troupes retirées seront redéployées dans d'autres régions, selon les Forces conjointes.
« Nos obligations religieuses et patriotiques nous amènent à défendre des fronts plus importants où les défenses peu solides nous permettront de gagner du terrain », ont-elles déclaré dans un communiqué, arguant que l'accord de Stockholm a entravé leur action et les a empêchées de contrôler la ville d'Al-Hodeïda.
Dans un entretien téléphonique avec Arab News samedi, des officiers des forces armées locales ont dit avoir reçu mercredi l'ordre de se retirer d'Al Hodeïda dans les prochaines 24 heures.
De grands convois de véhicules militaires transportant des combattants et des équipements militaires ont été repérés alors à leur sortie des quartiers d’Al-Houk, Hays, Attuhayta, Bait Al-Fakih, le secteur Kilo16 et la rue Sanaa dans la ville d'Al-Hodeïda.
Les Forces conjointes ont construit des barricades de sable et déployé des troupes le long d'Al-Hayma, une zone côtière exiguë située à 80 kilomètres au sud d'Al-Hodeïda, selon les officiers.
En effet, les Forces conjointes regroupent trois grandes unités militaires : la Brigade des Géants, la Résistance nationale et la Résistance de Tihama. Ces unités ont été fusionnées en juillet 2019 sous la supervision de la Coalition arabe.
Elles sont parvenues à repousser la percée de la milice houthie dans la province d'Al-Hodeïda et ont largement souscrit à l'accord de Stockholm, même si elles étaient capables de libérer les dernières zones occupées par la milice houthie à Al-Hodeïda.
Peu de temps après le départ des Forces conjointes, la milice houthie a pris d'assaut les villes et villages de la province d'Al-Hodeïda et ses dirigeants à Sanaa ont annoncé la prise de contrôle de la province.
En vertu de l'accord de Stockholm conclu fin 2018, le gouvernement yéménite, dont les forces sont arrivées aux abords de la ville d'Al-Hodeïda au terme d'une offensive militaire réussie, s'est engagé à renoncer aux offensives contre cette ville. En contrepartie, la milice houthie a confié le port maritime de la ville à des forces yéménites neutres qui ne participaient pas au conflit, le tout sous l'égide des Nations unies.
Le gouvernement, par l'intermédiaire de l'Unité exécutive pour les camps des déplacés, a cependant annoncé que 1874 personnes au moins ont fui leurs maisons à Hays, Attuhayta et Bait Al-Fakih vers des lieux plus sûrs en dehors d’Al-Hodeïda ; ces évènements surviennent depuis jeudi, lorsque les troupes des Forces conjointes ont commencé à évacuer la province.
« On s'attend à ce que ce nombre augmente. Il convient que nos partenaires des organisations humanitaires interviennent d'urgence pour venir en aide à ce grand nombre de personnes déplacées », peut-on lire dans un communiqué publié par l'organisme gouvernemental.
Dans un communiqué repris par l'agence de presse officielle, le gouvernement yéménite a précisé pour sa part qu'il n'avait pas été averti à l'avance du retrait de ces forces d'Al-Hodeïda.
De son côté, la Mission des Nations Unies en appui à l'Accord sur Hodeïda (MINUAAH) affirme ne pas avoir été informée à l'avance de ce retrait.
« La mission est actuellement en contact avec les parties concernées afin de déterminer les faits sur le terrain. Nous les exhortons à assurer la sécurité des civils à l'intérieur et aux alentours des régions dans lesquelles les lignes de front ont été déplacées », a déclaré la mission onusienne sur Twitter.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.