Au Soudan, cinq morts dans les manifestations contre le coup d'Etat

Les gens manifestent à Khartoum, au Soudan, le samedi 13 novembre 2021. (AP)
Les gens manifestent à Khartoum, au Soudan, le samedi 13 novembre 2021. (AP)
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Publié le Dimanche 14 novembre 2021

Au Soudan, cinq morts dans les manifestations contre le coup d'Etat

  • Il y a deux jours, le général Abdel Fattah al-Burhane, auteur du putsch du 25 octobre, entendait entériner le nouvel état de fait en se renommant président du Conseil chargé de la transition
  • Les forces de sécurité avaient été appelées dès vendredi par l'ONU et des ambassadeurs occidentaux à éviter une effusion de sang dans un pays où déjà plus de 250 manifestants avaient été tués lors de la révolte qui renversa le dictateur Omar el-Béchir

KHARTOUM : Cinq manifestants ont été tués samedi au Soudan où les forces de sécurité tirent à balles réelles et font usage de grenades lacrymogènes contre des dizaines de milliers d'opposants au coup d'Etat.

Il y a deux jours, le général Abdel Fattah al-Burhane, auteur du putsch du 25 octobre, entendait entériner le nouvel état de fait en se renommant président du Conseil chargé de la transition, reformé pour l'occasion de militaires et de civils apolitiques en remplacement de ceux qu'il avait déposés ou arrêtés.

Mais samedi, les partisans d'un pouvoir civil ont mené une démonstration de force, parvenant à rassembler des dizaines de milliers de personnes dans les rues de plusieurs villes du pays, alors qu'ils sont contraints, en raison de la coupure d'internet depuis trois semaines, à s'organiser par SMS ou via des graffitis sur les murs.

Les forces de sécurité avaient été appelées dès vendredi par l'ONU et des ambassadeurs occidentaux à éviter une effusion de sang dans un pays où déjà plus de 250 manifestants avaient été tués lors de la révolte qui renversa le dictateur Omar el-Béchir en 2019.

Mais en fin d'après-midi, les forces de sécurité semblaient avoir fait le choix de la répression sanglante pour venir à bout d'une mobilisation qui se relance sans cesse depuis le 25 octobre: un syndicat de médecins pro-démocratie recensait cinq manifestants tués à Khartoum, ainsi que de "nombreux blessés par balles".

Les putschistes ont même été, selon la direction provinciale du ministère de la Santé, jusqu'à attaquer des hôpitaux de la capitale où sont soignés des blessés. 

« Le peuple décide »

Depuis le coup d'Etat, 20 manifestants ont été tués et plus de 300 blessés, selon le syndicat des médecins. En outre, note l'ONU, des centaines d'opposants et de militants ont été arrêtés.

Dès le petit matin, soldats et paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) s'étaient déployés en masse à Khartoum, installant des barrages mobiles pour empêcher les rassemblements et bloquer les ponts reliant le centre aux banlieues.

Malgré ces obstacles, des cortèges sont partis de nombreux quartiers aux cris de "Non au pouvoir militaire" et "A bas le Conseil" de souveraineté.

"Les militaires ne devraient pas se mêler de politique, ils feraient mieux de protéger la Constitution", enrage Ahmed Abderrahmane, qui défile à Khartoum. 

"Pas de négociation avec les putschistes, c'est le peuple qui décide", renchérit dans un autre cortège Hamza Baloul, ministre de l'Information, arrêté le 25 octobre et récemment relâché, selon une vidéo mise en ligne par son bureau.

Des manifestations ont également eu lieu dans d'autres villes du pays, le troisième plus grand d'Afrique, ont rapporté des correspondants de l'AFP. Ainsi que dans plusieurs capitales occidentales où la diaspora soudanaise se mobilise depuis le coup d'Etat.

Avec son coup de force, le chef de l'armée a rebattu les cartes d'une transition qui battait de l'aile depuis des mois. Il a fait rafler la quasi-totalité des civils au sein du pouvoir, mettant un point final à l'union sacrée entre civils et militaires qui avait clos 30 ans de dictature Béchir en 2019, et devait mener à un régime démocratique.

Jeudi, il a acté la rupture en restaurant le Conseil de souveraineté, plus haute autorité de la transition depuis la destitution sous la pression de la rue de Béchir, qu'il avait dissous le 25 octobre.

Il a reconduit ses membres militaires et nommé des civils apolitiques en remplacement des partisans d'un transfert complet du pouvoir aux civils.

Promesses d'élections

Avec son second, le général Mohammed Hamdane Daglo, chef des RSF accusé d'exactions graves, ils se sont engagés à "des élections libres et transparentes" à l'été 2023. Des promesses loin d'avoir apaisé l'opposition.

"Maintenant que le coup d'Etat a eu lieu, les militaires veulent consolider leur mainmise sur le pouvoir", décrypte Jonas Horner, chercheur à l'International Crisis Group.

En face, les organisations prodémocratie qui étaient parvenues à paralyser le Soudan contre Béchir semblent cette fois-ci incapables de faire durer "désobéissance civile" et "grève générale" -- synonymes d'absence de revenus -- dans l'un des pays les plus pauvres au monde. Sans les empêcher cependant de manifester en nombre comme on le voir encore samedi. 

Pour Volker Perthes, émissaire de l'ONU au Soudan, "la nomination unilatérale du Conseil de souveraineté rend beaucoup plus difficile un retour aux engagements constitutionnels" de 2019.

L'armée n'a libéré que quatre ministres arrêtés lors du putsch, et le Premier ministre renversé, Abdallah Hamdok, est lui toujours en résidence surveillée. 

Face aux appels de la communauté internationale à un retour au gouvernement civil d'avant-25 octobre, le général Burhane promet depuis plusieurs jours la formation "imminente" d'un gouvernement.

 


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".