Les âpres tractations entraînent la COP26 à jouer les prolongations

Un manifestant écossais, reconnaissable pour son kilt, devant une affiche appelant les participants à faire réussir la COP26 sans qu'il y ait besoin d'une énième conférence sur le climat. (Photo, AFP)
Un manifestant écossais, reconnaissable pour son kilt, devant une affiche appelant les participants à faire réussir la COP26 sans qu'il y ait besoin d'une énième conférence sur le climat. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 13 novembre 2021

Les âpres tractations entraînent la COP26 à jouer les prolongations

  • Les négociations se poursuivent au moins jusqu'à samedi pour tenter de trouver des compromis sur l'aide aux pays pauvres et les énergies fossiles
  • La session plénière de vendredi a mis en lumière les divergences toujours importantes parmi les quelque 200 pays signataires de l'accord de Paris en 2016
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Des délégués regardent un mur vidéo dans la zone du pavillon lors de la COP26. Un projet de déclaration du sommet de Glasgow a appelé vendredi les nations à réduire leur dépendance aux combustibles fossiles alors que les pourparlers entrèrent dans leurs dernières heures sans aucune signe de la réalisation des réductions d'émissions nécessaires pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. (Photo, AFP)

 

GLASGOW : Les âpres tractations à la COP26, capitale pour la lutte contre le réchauffement climatique vont se poursuivre au moins jusqu'à samedi pour tenter de trouver des compromis sur l'aide aux pays pauvres et les énergies fossiles.

Vendredi matin, la présidence britannique de cette conférence sur le climat a publié un deuxième projet de déclaration finale, mais la session plénière de l'après-midi a mis en lumière les divergences toujours importantes parmi les quelque 200 pays signataires de l'accord de Paris en 2016 et les négociations vont se poursuivre sans surprise dans la nuit, au delà du programme officiel qui se terminait à 18H00 locales (18H00 GMT).

Un nouveau texte sera publié samedi matin, avant une nouvelle séance plénière pour recueillir les diverses positions dans la matinée, a précisé dans un message le président de la COP26 Alok Sharma, qui espère désormais terminer ces deux semaines de marathon dans la journée de samedi.

Un échec à cette COP mettrait encore un peu plus en danger l'objectif de l'accord de Paris de limiter le réchauffement de la planète à "bien en deçà" de 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, si possible 1,5°C.

Le monde se dirige toujours vers un réchauffement "catastrophique" de +2,7°C, selon l'ONU, malgré les nouveaux engagements à l'échéance 2030 annoncés juste avant et depuis le début de la COP.

Un des points les plus disputés: l'enveloppe financière pour aider les pays les plus pauvres -- les moins responsables du changement climatique mais en première ligne face à ses impacts-- à réduire leurs émissions et à se préparer à affronter tempêtes, canicules et sécheresses qui se multiplient.

"Il faut mettre l'argent sur la table pour aider les pays en développement à faire les changements nécessaires  (...) C'est ce qui doit se passer dans les heures qui viennent", a insisté le Premier ministre Boris Johnson sur la BBC vendredi après-midi.

"On ne pourra pas tout avoir à la COP, mais on peut commencer", a-t-il ajouté, semblant moins optimiste qu'avant le début de cette conférence de parvenir à son objectif proclamé de "garder 1,5°C vivant".

En 2009, les pays du Nord avaient promis de porter à partir de 2020 leur aide climat au Sud à 100 milliards par an. Mais la promesse n'est toujours pas tenue, aiguisant le ressentiment des pays en développement dans un contexte de crise sanitaire qui ajoute à leur fardeau.

Le projet de déclaration appelle les pays riches à remplir, et même aller au-delà de leur promesse non tenue. Et à doubler d'ici 2025 l'aide spécifiquement consacrée à l'adaptation aux effets du changement climatique, alors que c'est le financement des réductions d'émissions qui capte 75% du total.

Mais ces engagements ne suffisent pas, insistent les pays en développement. "Notre confiance a été brisée", a notamment souligné le représentant du Kenya.

Les plus pauvres, qui comptent pour une part insignifiante des émissions mondiales, insistent également pour que les financements prennent en compte les "pertes et préjudices" qu'ils subissent déjà à un rythme de plus en plus fréquent.

Mais sur ce point, le projet de déclaration propose juste d'accélérer la mise en oeuvre de dispositifs déjà prévus, sans objectifs chiffrés dans le temps.

"Nous sommes extrêmement déçus" que la proposition d'un dispositif spécifique n'ait pas été retenue, a lancé le représentant guinéen au nom du groupe G77+Chine (plus de 100 pays en développement et émergents).

Plusieurs ONG ont accusé l'UE et les Etats-Unis d'avoir bloqué cette demande, le groupe Climate Action Network y voyant un risque de "mettre la COP26 en danger". "Quitter la COP26 avec un résultat décent dépend largement de la volonté des Etats-Unis et de l'UE d'apporter un soutien aux pays en développement", a commenté Mohamed Adow, du think tank Power Shift Africa.

Le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans s'est toutefois dit certain de "trouver une solution pour aider les pays vulnérables à faire face aux destructions et aux dommages déjà causés par la crise climatique".

Les estimations de besoins de financements des groupes de pays moins développés vont maintenant de 750 milliards à 1300 milliards de dollars par an.

Autre question brûlante au coeur des négociations, les énergies fossiles, principales responsables du réchauffement de la planète.

«Mention» des énergies fossiles

Alors que l'accord de Paris ne mentionnait pas les énergies fossiles, le dernier projet de déclaration prévoit l'inclusion --adoucie par rapport à la première version-- de la sortie de leur financement.

Une mention soutenue notamment par l'UE et les Etats-Unis. L'émissaire américain John Kerry a même fustigé les subventions massives à ces énergies qui sont "la définition même de la folie".

De manière plus générale, pour tenter de limiter le réchauffement, le texte provisoire de la présidence britannique appelle les Etats membres à relever leurs engagements de réduction d'émissions plus régulièrement que prévu dans l'accord de Paris, et ce dès 2022. Même si la possibilité d'aménagements pour "circonstances nationales particulières" a été ajoutée.

"Notre question aux gros émetteurs et aux grandes économies, ici à Glasgow est celle-là: comment voulez-vous qu'on se souvienne de vous ?", a lancé Gabriela Bucher, de l'ONG Oxfam. "Comme ceux qui ont laissé les pyromanes brûler la planète ou comme ceux qui ont mené le monde vers la sécurité ?"


Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir usé d'un agent chimique en Ukraine

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  • Washington a annoncé mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères
  • Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies

WASHINGTON: Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir eu recours à un agent chimique, la chloropicrine, contre les forces ukrainiennes, en violation de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), selon un communiqué mercredi du département d'Etat.

En outre, la Russie se sert d'agents anti-émeutes comme "méthode de guerre en Ukraine, également en violation de la convention", ajoute la diplomatie américaine dans ce texte.

"L'utilisation de ces produits chimiques n'est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille", écrit le département d'Etat.

Washington a annoncé en parallèle mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères, accusées de participer à l'effort de guerre russe dans l'invasion de l'Ukraine.

Outre des entreprises russes de la défense, ainsi que des entités chinoises, ces sanctions concernent également plusieurs unités de recherche et entreprises impliquées dans les programmes d'armes chimiques et biologiques russes.

"Le mépris permanent de la Russie pour ses obligations au titre de la CIAC s'inscrit dans la même logique que les opérations d'empoisonnement d'Alexeï Navalny et de Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques de type Novichok", poursuit le département d'Etat.

Alexeï Navalny, ancien opposant au président russe Vladimir Poutine, décédé le 16 février, avait été victime d'un grave empoisonnement qu'il avait attribué au Kremlin,

L'ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal avaient été empoisonnés en Angleterre en 2018.

La Russie a déclaré ne plus posséder d'arsenal chimique militaire, mais le pays fait face à des pressions pour plus de transparence sur l'utilisation d'armes toxiques dont il est accusé.

Selon les Instituts nationaux de la santé (NIH), la chloropicrine est un produit chimique qui a été utilisé comme agent de guerre et comme pesticide et qui, en cas d'inhalation, présente un risque pour la santé.

«Contournement» des sanctions 

"Les sanctions prises aujourd'hui visent à perturber encore plus et affaiblir l'effort de guerre russe en s'attaquant à son industrie militaire de base et aux réseaux de contournement (des sanctions existantes, ndlr) qui l'aident à se fournir", a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, citée dans un communiqué.

Parmi les entreprises étrangères visées, seize sont chinoises ou hongkongaises, pour la plupart accusées d'aider la Russie à se fournir en composants qui sont normalement interdits, mais aussi, pour deux d'entre elles, d'avoir procuré les matériaux nécessaires à la production de munitions.

Les sanctions concernent des entreprises issues de cinq autres pays: les Emirats arabes unis, la Turquie et l'Azerbaïdjan, ainsi que deux membres de l'Union européenne, la Belgique et la Slovaquie.

Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies.

Enfin, les sanctions concernent aussi les infrastructures de gaz et pétrole russes, alors que Moscou cherche à développer celles qui lui permettraient d'exporter plus facilement ses hydrocarbures, en particulier vers la Chine. Ces exportations se font actuellement par pétroliers ou méthaniers, faute d'oléoducs et gazoducs suffisants vers l'est.

Ces sanctions prévoient notamment le gel des avoirs des entreprises ou personnes visées et présentes aux Etats-Unis, ainsi que l'interdiction pour des entités ou citoyens américains de faire affaire avec les cibles des sanctions.

Les membres du G7 ainsi que l'UE et plusieurs pays proches, tels que l'Australie ou la Corée du Sud, ont multiplié les sanctions à l'encontre de la Russie depuis le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

Les dernières sanctions ont en particulier ciblé le secteur minier, notamment l'aluminium, le cuivre et le nickel, dont l'importation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni sont désormais interdits.


Ukraine: une attaque russe de missiles à Odessa fait une dizaine de blessés

Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
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  • Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones
  • Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville

KIEV: Une attaque russe de missiles a fait une dizaine de blessés à Odessa, une ville portuaire ukrainienne déjà ciblée en début de semaine par des attaques meurtrières, ont rapporté les autorités locales dans la nuit de mercredi à jeudi.

"Une nouvelle attaque russe de missiles balistiques" a touché Odessa, a rapporté le maire de cette ville du sud-ouest de l'Ukraine, Guennadiï Troukhanov, sur le réseau social Telegram.

"Des infrastructures civiles ont été détruites" et "13 personnes ont été blessées" dans l'attaque, a-t-il précisé, ajoutant que les pompiers combattaient "un incendie" d'ampleur, sans fournir davantage de détails.

Oleg Kiper, le gouverneur de la région d'Odessa, a de son côté affirmé qu'une "attaque russe de missile sur Odessa" avait blessé 14 personnes. "Des infrastructures civiles ont été endommagées, dont des entrepôts postaux", a-t-il ajouté.

Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones.

Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville. Et lundi, une attaque similaire conduite par Moscou y avait tué cinq personnes, d'après des responsables locaux.

La Russie frappe sans relâche les villes ukrainiennes depuis des mois et avance sur le front est de l'Ukraine avant l'arrivée d'armes américaines cruciales pour Kiev.


Guerre à Gaza: la Colombie rompt ses liens diplomatiques avec Israël

Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
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  • Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza
  • Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire"

BOGOTA: Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza.

Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire".

M. Petro avait vivement critiqué, à plusieurs reprises, la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza après les attaques sans précédent du Hamas dans le sud du territoire israélien le 7 octobre.

"Demain (jeudi), les relations diplomatiques avec l'Etat d'Israël seront rompues (parce qu'il a) un gouvernement, un président génocidaire", a déclaré mercredi le président colombien, lors d'un discours prononcé devant plusieurs milliers de partisans à Bogota à l'occasion du 1er-Mai.

En Israël, le chef du gouvernement est le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, tandis que le président, Isaac Herzog, a  un rôle avant tout symbolique.

"On ne peut pas revenir aux époques de génocide, d'extermination d'un peuple entier", a déclaré le président colombien. "Si la Palestine meurt, l'humanité meurt", a-t-il lancé, déclenchant les vivats de la foule.

Le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz a aussitôt réagi en qualifiant Gustavo Petro d'"antisémite". "Le président colombien avait promis de récompenser les meurtriers et violeurs du Hamas, aujourd'hui il a tenu promesse", a écrit M. Katz sur X.

"Nous apprécions grandement la position du président colombien Gustavo Petro (...) que nous considérons comme une victoire pour les sacrifices de notre peuple et sa cause qui est juste", a déclaré pour sa part dans un communiqué la direction du Hamas, en appelant d'autres pays d'Amérique latine à "rompre" leurs relations avec Israël.