GLASGOW: Les négociateurs de la conférence des Nations unies sur le climat qui se tient à Glasgow semblent avoir renoncé à leur appel à mettre fin à l’utilisation du charbon et à supprimer complètement les subventions aux combustibles fossiles, mais ils ont donné aux pays pauvres l’espoir d’un soutien financier plus important pour faire face au réchauffement de la planète, rapporte l’Associated Press.
Les derniers projets de propositions du président de la COP26, publiés vendredi, appellent «les pays à accélérer l’élimination progressive de l’électricité produite à partir du charbon sans système de capture du carbone et des subventions inefficaces aux combustibles fossiles». Une proposition précédente présentée mercredi avait été plus ferme, appelant les pays à «accélérer l’élimination progressive du charbon et des subventions aux combustibles fossiles».
Bien que la proposition du président soit susceptible de faire l’objet de nouvelles négociations lors des pourparlers, qui doivent se terminer vendredi, le changement de formulation semble indiquer un éloignement des exigences inconditionnelles auxquelles certains pays exportateurs de combustibles fossiles se sont opposés.
Les réactions des observateurs présents aux négociations étaient mitigées quant à la pertinence de l’ajout des expressions «sans système de capture du carbone» et «inefficace». «Ces qualificatifs sapent complètement l’intention», a déclaré Alex Rafalowicz, directeur de la campagne pour un Traité de non-prolifération des combustibles fossiles. «Ce sont des failles si grandes qu’on pourrait y faire passer un camion», a-t-il ajouté.
Pour Helen Mountford, experte principale en matière de climat à l’Institut des ressources mondiales, autoriser les pays à déterminer quelles subventions ils considèrent comme inefficaces dilue l’accord. «Cela l’affaiblira», explique-t-elle. Malgré tout, la référence explicite à la suppression d’au moins une partie des subventions de l’État au pétrole, au gaz et au charbon offre «un argument solide en faveur de la suppression progressive des subventions aux combustibles fossiles. Il est donc bon de l’avoir dans le texte», souligne-t-elle.
Trouver une solution à l’utilisation continue des combustibles fossiles, responsables d’une grande partie du réchauffement de la planète, a été l’un des principaux points de désaccord de ces deux semaines de négociations. Les scientifiques estiment qu’il est nécessaire de mettre fin à leur usage dès que possible pour atteindre l’objectif ambitieux de l’accord de Paris de 2015, qui vise à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Toutefois, l’inclusion explicite d’un tel appel dans la déclaration globale est politiquement délicat, y compris pour les pays, comme l’Arabie saoudite, qui craignent que le pétrole et le gaz soient les prochains visés.
Une autre question cruciale est celle de l’aide financière accordée aux pays pauvres pour faire face au changement climatique. Les pays riches n’ont pas réussi à leur fournir 100 milliards de dollars (soit environ 87 milliards d’euros) par an d’ici à 2020, comme convenu, ce qui a provoqué la colère des pays en développement en amont des négociations.
Le dernier projet de déclaration finale reflète ces préoccupations, exprimant un «profond regret» que l’objectif de 100 milliards de dollars n’ait pas été atteint et exhorte les pays riches à augmenter leur financement. Il ajoute également une disposition qui pourrait créer un fonds destiné à indemniser les pays en cas de destruction grave résultant du changement climatique. Les nations riches comme les États-Unis, qui sont historiquement les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre d’origine humaine, s’opposent à toute obligation légale de payer pour les pertes et les dommages subis par les pays pauvres.
Des négociateurs de près de 200 pays se sont réunis à Glasgow le 31 octobre, alors que des dirigeants, des militants et des scientifiques sonnaient l’alarme face à la faiblesse des mesures prises pour freiner le réchauffement de la planète. Dans la déclaration finale, les pays prévoient d’exprimer leur «inquiétude» et leur «plus grande préoccupation», faisant le constat que les activités humaines avaient déjà provoqué un réchauffement planétaire d’environ 1,1°C «et que l’impact se faisait déjà sentir dans toutes les régions».
Si l’accord de Paris prévoit de limiter la hausse des températures à un niveau «bien inférieur» à 2°C , idéalement à 1,5°C, d’ici la fin du siècle par rapport à l’ère préindustrielle, le projet d’accord note que ce seuil inférieur «réduirait considérablement les risques et les effets du changement climatique» et entend réaliser cet objectif.
Ce faisant, elle appelle les pays du monde à réduire les émissions de dioxyde de carbone (CO2) de 45% en 2030 par rapport aux niveaux de 2010, et à ne pas en ajouter dans l’atmosphère d’ici le milieu du siècle. Jusqu’à présent, la planète n’est pas sur la bonne voie pour y parvenir, et les pays développés devraient être invités à soumettre des objectifs plus ambitieux de réduction des émissions l’année prochaine.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a déclaré cette semaine à l’Associated Press que l’objectif de 1,5°C était «toujours réalisable, mais sous perfusion». Si les négociateurs ne parviennent pas à se mettre d’accord d’ici à la fin de la COP26, prévue ce vendredi, il se peut que les discussions se prolongent. C’était ce qui s’est produit lors de la plupart des COP précédentes, un consensus entre 197 pays étant nécessaire pour adopter une déclaration commune.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com