En Libye, les traumatismes de la guerre restent tenaces

Des forces loyales à Khalifa Haftar patrouillent dans le centre de Sebha, la plus grande ville du sud de la Libye (Photo, AFP)
Des forces loyales à Khalifa Haftar patrouillent dans le centre de Sebha, la plus grande ville du sud de la Libye (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 11 novembre 2021

En Libye, les traumatismes de la guerre restent tenaces

  • «Dès que je sors, mon cœur se met à battre, j'ai le vertige et l'impression de tomber»
  • Mayada Mohamad avait dix ans quand a éclaté en 2011 la révolte populaire qui mit fin au régime de Mouammar Kadhafi. Il y a deux ans, elle a abandonné ses études et quitte rarement sa maison «par peur du vide»

TRIPOLI: "Peur du vide" ou "dépression": la décennie de guerre civile qui a suivi la chute du régime de Kadhafi a causé des ravages sur le territoire mais aussi dans les têtes, en provoquant de profonds traumatismes chez de nombreux Libyens qui, 10 ans plus tard, tentent encore de les surmonter.


Mayada Mohamad avait dix ans quand a éclaté en 2011 la révolte populaire qui mit fin au régime de Mouammar Kadhafi. Il y a deux ans, elle a abandonné ses études et quitte rarement sa maison "par peur du vide". 


"Dès que je sors, mon cœur se met à battre, j'ai le vertige et l'impression de tomber", raconte à l'AFP la jeune fille de 20 ans, survêtement et cheveux noués en chignon. 


Ses frères, âgés de 14 et 12 ans, "n'ont connu que les guerres et le bruit terrifiant des roquettes qui passaient au-dessus de notre maison" près de l'aéroport, en périphérie de Tripoli, théâtre d'affrontements sanglants. 


"Les enfants sont les victimes silencieuses et invisibles de ce mal", souffle-t-elle.


Avec la prolifération des armes et des groupes armés, il est fréquent de voir de jeunes garçons simuler des combats avec des jouets – pistolets, mitrailleuses et autres fusils d'assaut -, et "cela ne choque personne", déplore Ali Miladi, 44 ans, enseignant d'anglais à Tripoli.


Pour lui, sans soutien professionnel, ces "laissés-pour-compte dans une société où les troubles psychiques et mentaux restent tabous, partent à la dérive. Dans les meilleurs cas, ils trouvent par eux-mêmes le moyen d'aller de l'avant".

«Hanté»

Ayant lui-même combattu à Misrata, ville assiégée et bombardée par les pro-Kadhafi en 2011, il demeure "hanté par l'imminence du danger de mort", dans un contexte sécuritaire précaire "n'aidant pas à se reconstruire".


"C'est un défi permanent", soupire ce père de trois enfants, le regard fuyant.


Malgré un cessez-le-feu conclu en octobre 2020 par les camps rivaux, la sécurité reste précaire avec des violences sporadiques qui menacent le calme relatif retrouvé.


Si cette précarité sécuritaire persiste, doublée d'un sentiment de guerre imminente, "l'après syndrome post-traumatique n'existe pas", pointe la psychologue, Malak Ben-Giaber.


"Où est la fin du traumatisme ? Est-ce quand un accord de paix est signé ? Quand les canons se taisent ? Quand il y a une trêve temporaire comme celle que nous vivons ?", s'interroge-t-elle. 


"Nous vivons des moments difficiles et certaines de ces expériences peuvent encore être traumatisantes", affirme cette psychologue.


Le secteur sanitaire, comme d'autres services, a pâti du conflit et la santé mentale a été reléguée au second plan des soins publics offerts, surtout loin des grandes villes.


"Les services de santé mentale font défaut en Libye et ne sont pas facilement accessibles ou abordables", regrette Mme Ben-Giaber.


A Tripoli, l'hôpital al-Razi est le seul établissement public avec un service de psychiatrie accessible pour l'ouest et le sud du pays. Les patients doivent parcourir des centaines de kilomètres pour renouveler une ordonnance ou consulter un spécialiste.

«Acceptation»

Avec la pression sociale et le tabou entourant la santé mentale, les statistiques sont rares mais un récent rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), cité par des médias, indique qu'un Libyen sur sept aurait besoin de soutien psychologique.


Avec la prolifération des chaînes satellite et des réseaux sociaux, "il y a beaucoup plus d'acceptation" des troubles psychologiques, estime Mme Ben-Giaber qui constate que "les gens parlent maintenant ouvertement de leur mal-être".


Des termes comme "dépression" et "anxiété" sont de plus en plus utilisés, mais on hésite encore à se rendre dans un établissement psychiatrique par peur d'être stigmatisé.


Nisreen Adham, banquière reconvertie dans la thérapie holistique (qui prend en compte la globalité de l'être humain), a quitté la Libye en 2014, au plus fort d'affrontements qui se sont soldés par la chute de Tripoli aux mains de milices.


"Il m'a fallu deux ans avant de pouvoir réellement commencer à examiner le traumatisme que j'avais subi", raconte cette quadragénaire, désormais installée au Royaume-Uni, contactée depuis Tripoli.


"La Libye, où ces problèmes sont aggravés par le fait qu'il s'agit toujours d'une zone de conflit ou de post-conflit, n'est pas l'endroit idéal pour lutter contre les problèmes de santé mentale", soutient-elle.


La thérapie et sa reconversion professionnelle lui ont offert "les bases nécessaires pour entamer le processus de guérison".


Pour Mme Adham, il faut "un environnement sûr, stable et favorable" pour "déballer notre traumatisme et avoir le courage d'ouvrir la boîte de Pandore".


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.