SARAJEVO : Une emblématique mère de Srebrenica, Hajra Catic, qui a lutté après la guerre de Bosnie pour la vérité sur le génocide commis en 1995 dans cette enclave musulmane, est morte mardi, a annoncé le Centre mémorial de Srebrenica.
"L'une des plus courageuses parmi nous (...) Hajra Catic est morte aujourd'hui sans avoir pu assister aux obsèques de son fils Nihad Nino Catic", tué dans le massacre de Srebrenica à 26 ans, lit-on dans un communiqué du Centre mémorial.
Les restes de son fils, un journaliste qui a envoyé le dernier appel au secours de Srebrenica peu avant la prise de la ville le 11 juillet 1995 par les forces serbes de Bosnie, n'ont jamais été retrouvés.
"Pendant les 26 années ayant suivi le génocide, elle a gardé la mémoire du courage de ce reporter de guerre de Srebrenica, tout en motivant les autres à ne pas cesser de combattre pour la vérité et la justice", selon le communiqué.
Hajra Catic a dirigé à Tuzla, la ville où elle avait fui lors du massacre, l'association "Les femmes de Srebrenica". Chaque onze du mois, elle organisait un rassemblement pour réclamer justice et l'arrestation des responsables du massacre.
Quelque 8000 hommes et adolescents bosniaques musulmans ont été tués dans le massacre de Srebrenica, qualifié d'acte de génocide par la justice internationale.
Les ex-chefs politique et militaire des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, ont été condamnés par la justice internationale à la détention à perpétuité, notamment pour ce crime.
"Si seulement je pouvais retrouver ne serait-ce qu'un doigt de mon fils pour enfin enterrer quelque chose", avait confié Hajra Catic dans une interview à l'AFP en 2010.
Son mari Junuz a également été tué dans le massacre. Ses restes ont été retrouvés dix ans plus tard et enterrés dans le cimetière du centre mémorial.
Les responsables politiques serbes, en Bosnie et en Serbie, refusent la qualification de génocide pour le massacre de Srebrenica, comme une grande partie des Serbes, et parlent plutôt d'un "terrible crime".
Plus tôt dans la journée, la police a brièvement interpelé dans le centre de Belgrade, la capitale serbe, deux militantes pour les droits de l'Homme qui ont balancé des oeufs contre une fresque à l'effigie de Ratko Mladic, a rapporté la télévision N1.
Les militants avaient initialement l'intention de repeindre la fresque mais la police a interdit leur rassemblement, craignant des incidents avec des admirateurs du général que de nombreux Serbes considèrent comme un héros.
Dans la soirée, des membres des "groupuscules d'extrême droite", selon la N1, campaient toujours devant la fresque, insultant plusieurs centaines de manifestants venus soutenir les deux militantes.