BEYROUTH: Le conflit sur le sujet du ministère des Finances dans le gouvernement libanais s'est intensifié dimanche avec la fin du délai pour former un gouvernement de spécialistes séparé des partis au pouvoir.
Le désaccord montre que ceux qui étaient autrefois les alliés du Hezbollah au pouvoir sont maintenant devenus ses adversaires dans la formation du gouvernement.
Les Libanais attendent de voir si le Premier ministre désigné, Mustapha Adib, se rendra lundi au palais présidentiel pour présenter un projet de formation de gouvernement, quel que soit le désaccord – ou pour s'excuser de ne pas avoir accompli la tâche qui lui a été confiée le 31 août.
Dans son sermon du dimanche, le patriarche maronite Bechara al-Rai a continué de critiquer l'insistance du mouvement Amal et du Hezbollah à conserver le portefeuille financier.
Bechara al-Rai a demandé: «En quelle qualité une secte revendique-t-elle un certain ministère comme si c'était le sien, et perturbe-t-elle la formation du gouvernement jusqu'à ce qu'elle atteigne son objectif? Elle provoque ainsi une paralysie politique et des dommages aux niveaux économiques, financiers et humains. Qu'est devenu l’accord des forces politiques pour la réforme: un gouvernement de salut en miniature, des spécialistes indépendants avec une expérience politique et une rotation de portefeuille?»
Rai s’est référé à la Constitution, qui stipule que les portefeuilles doivent être répartis également entre chrétiens et musulmans. «La Constitution a-t-elle été modifiée soudainement, ou les choses sont-elles imposées par la force et l'intimidation? C’est inacceptable!»
Rai a appelé le Premier ministre désigné, Mustapha Adib, à «respecter la Constitution, à former un gouvernement, à ne pas se soumettre à des conditions, à ne pas reporter la formation, ni à s'excuser de le faire ».
Le Courant patriotique libre (CPL), qui est l’allié du Hezbollah au pouvoir, a également attaqué les conditions imposées par le mouvement Amal et le Hezbollah. Il a rejeté l’idée «qu’un seul parti domine tous les Libanais, quelle que soit sa force».
De leur côté, lors d'une réunion samedi soir, les anciens Premiers ministres ont exhorté Adib à «prendre la mesure de ses pouvoirs en termes de formation du gouvernement dans les plus brefs délais, en concertation avec le président de la république et dans le cadre réglementaire prévu par la Constitution. »
Pour eux, l'initiative française «constitue une opportunité importante qui doit être exploitée en accélérant la formation du gouvernement pour maintenir le Liban à l'écart de l'effondrement, des séditions et des maux qui l'entourent».
Dimanche, le ministère égyptien des Affaires étrangères a appelé le Liban à «se distancier des conflits régionaux et à accélérer la formation d'un gouvernement sur des bases constitutionnelles».
La porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès von der Muhll, a, elle, déploré «le non-respect par les politiciens libanais des promesses qu’ils ont prises le 1er septembre, conformément au calendrier annoncé». Elle exhorte «toutes les forces libanaises à assumer leurs responsabilités et à accepter sans délai la formation par Mustapha Adib d’un gouvernement missionnaire capable de mettre en œuvre les réformes nécessaires pour répondre aux aspirations du peuple libanais».
Alors que les politiciens continuaient de se disputer le pouvoir, les forces armées libanaises et les unités de sauvetage maritime de la Défense civile ont récupéré les corps de migrants libanais décédés lors d'une traversée en bateau à destination de Chypre.
Le bateau est parti le 7 septembre de Burj Beach, dans le nord du Liban, avec 50 personnes à son bord, bien qu'il ne puisse en accueillir que 30. Le bateau s’est arrêté après des heures de navigation, et les passagers ont appris que le carburant du bateau était épuisé. Ils ont été abandonnés, et leur nourriture, leurs boissons et leurs téléphones portables ont été confisqués. Le bateau a été coupé du monde pendant cinq jours.
Le corps d’un enfant, Mohammed Nazir Mohammed, âgé de 20 mois, a été retrouvé sur la plage de Batroun et le grand-père de l’enfant a reconnu le corps de son petit-fils. Son fils lui avait dit qu'il avait enveloppé son enfant d'un jean noir et d'une ceinture blanche avant de le jeter à la mer deux jours après sa mort.
Le corps de Mohammed Hassan Assaf a également été retrouvé au large de la plage de Sarafand, et un autre corps a été retrouvé au large de Zouk. Neuf personnes sont encore portées disparues.
Les forces de sécurité intérieure de Tripoli ont par la suite arrêté un homme, Burhan Q., identifié comme «l'un de ceux qui ont gagné de l'argent comme médiateur entre migrants et passeurs sur le bateau de la mort».
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com