WASHINGTON: Enfin un succès pour Joe Biden? Après des semaines de tractations et de querelles intestines, la Chambre des représentants va se prononcer vendredi sur les plans d'investissements du président américain, 3 000 milliards de dépenses grâce auxquelles il promet de transformer les Etats-Unis.
La chambre basse du Congrès s'est réunie à 08H00 (12H00 GMT) afin d'examiner dans la journée les deux projets sur lesquels le dirigeant démocrate parie pour relancer sa présidence.
Le premier est une énorme enveloppe pour rénover les routes, ponts et transports vétustes du pays, mais aussi investir dans l'internet à haut débit et le parc de voitures électriques américain. Le plan prévoit 1.200 milliards de dollars de dépenses -- l'équivalent du PIB annuel de l'Espagne.
Ce plan colossal d'investissements a déjà été approuvé au Sénat mi-août, soutenu par des élus des deux partis, un fait rare dans un Congrès ultra-divisé politiquement.
Son passage à la Chambre marquerait une victoire majeure pour Joe Biden, qui n'aurait plus qu'à ratifier le texte.
Le président, confronté à une cote de popularité qui dégringole, et affaibli par une défaite retentissante à une élection locale en Virginie cette semaine, a désespérément besoin de ce succès.
Climat
Le second plan examiné à la chambre basse, plus volumineux encore, est un volet social et climatique baptisé "Build Back Better" qui prévoit l'école maternelle pour tous, une profonde amélioration de la couverture maladie, et des investissements significatifs pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Sur ce projet, Joe Biden ne peut pas encore crier victoire.
Il fait depuis des semaines l'objet de négociations très tendues entre deux franges du parti démocrate, l'aile gauche et le camp modéré. Son coût total a déjà été divisé par deux, raboté à 1 750 milliards de dollars contre un chiffre initial de 3 500 milliards de dollars.
Si ce texte est validé par les élus de la Chambre vendredi, il devra encore être approuvé au Sénat, où il risque d'être significativement retouché.
Son sort est plus particulièrement entre les mains d'un élu de l'Etat minier de Virginie-Occidentale, le sénateur Joe Manchin, qui dit craindre que le plan ne creuse davantage la dette publique et n'alimente l'inflation.
Au vu de la très fine majorité démocrate au Sénat, cet élu possède virtuellement un droit de veto sur le projet.
Avant Thanksgiving
Déplacements de Joe Biden au Capitole, petits-déjeuners avec des élus...la Maison Blanche essaie par tous les moyens de mettre ses troupes en ordre de marche.
Car l'exécutif américain s'évertue à le répéter: les programmes de dépenses du président sont très populaires auprès des Américains, selon les sondages. Or les démocrates remettront en jeu dans un an leur étroite majorité au Congrès lors d'élections parlementaires de mi-mandat, toujours périlleuses pour les présidents en place.
"Les familles américaines veulent des investissements historiques dans les infrastructures... dans la compétitivité et dans la lutte contre la crise climatique", a martelé une porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre jeudi.
Mais Joe Biden, qui a vanté durant la campagne présidentielle ses talents de négociateur du fait de sa longue carrière de sénateur, bute sur les divisions au sein de son parti.
Le chef démocrate au Sénat Chuck Schumer paraît malgré tout confiant. Il dit vouloir en finir avec ce processus législatif d'ici les très populaires fêtes de Thanksgiving (25 novembre).
Il sera alors temps pour les élus de se pencher sur deux gros autres chantiers législatifs, qui promettent encore des batailles épiques: relever le plafond de la dette américaine, sans quoi les Etats-Unis seront à court d'argent et approuver un nouveau budget pour le gouvernement américain.