JÉRUSALEM : Au terme d'un marathon de votes, le Parlement israélien a adopté vendredi le budget 2022, une victoire-clé pour la nouvelle coalition au pouvoir et un gage de stabilité après trois ans d'une crise politique inédite dans l'histoire de l'Etat hébreu.
"Après des années de chaos, nous avons formé un gouvernement, nous avons vaincu le (variant) Delta et maintenant, Dieu soit loué, nous avons un budget pour Israël", a déclaré en soirée le Premier ministre Naftali Bennett. "Ce soir, nous avons remis Israël sur les rails. Il y a enfin un budget", a-t-il ajouté sur Twitter.
Les députés israéliens avaient commencé mercredi soir à se prononcer sur le budget 2021, adopté jeudi matin, pour ensuite enchaîner avec une nouvelle série de votes qui s'est conclue par l'adoption du budget 2022 peu après 03H00 (01h00 GMT) vendredi à la Knesset, le Parlement.
Entre décembre 2018 et juin 2021, Israël a été plongé dans une crise politique inédite née de l'incapacité justement de s'entendre sur un budget ce qui a conduit au final à quatre élections anticipées.
Pour éviter la dissolution du Parlement et la tenue d'un cinquième scrutin, la coalition hétéroclite (droite, centre, gauche, arabe) menée par Naftali Bennett et l'actuel chef de la diplomatie Yaïr Lapid, devait faire adopter son projet de budget d'ici le 14 novembre prochain.
Le gouvernement, pour la première fois de l'histoire du pays soutenu par un parti arabe, la formation islamiste modérée Raam, avait mis fin au règne de Benjamin Netanyahou, Premier ministre le plus pérenne de l'histoire d'Israël.
Disposant de 61 députés sur les 120 du Parlement, soit à peine une voix de majorité, la coalition gouvernementale a réussi à passer l'épreuve des budgets et ainsi repoussé le spectre d'une nouvelle élection à court terme.
Les médias israéliens ont rapporté des tentatives de l'opposition, menée par le parti de droite Likoud de M. Netanyahou, de convaincre un député du gouvernement de voter contre le budget, ce qui aurait pour conséquence de provoquer de nouvelles élections.
Les budgets prévoient des dépenses de 609 milliards de shekels (plus de 167 milliards d'euros) en 2021 et de 573 milliards (p157 milliards d'euros) en 2022, avec une hausse de la dotation de l'armée et des fonds afin de limiter les inégalités économiques entre la majorité juive et la minorité arabe.
Le futur de Netanyahou
Depuis mercredi, les députés se prononçaient sur des centaines de points précis ce qui a donné lieu à des scènes d'irritation, des échanges musclés, des cris, et des moments cocasses comme lorsque M. Netanyahou a voté par erreur en faveur de la coalition.
"Il peut arriver de se tromper en votant, vous n'avez qu'à demander aux électeurs de Bennett", a tweeté M. Netanyahou, visiblement déçu au Parlement après l'adoption du budget par une majorité de députés.
Le budget adopté, et donc la probabilité de nouvelles élections repoussée, la presse israélienne s'interrogeait sur le futur politique de l'ex-Premier ministre âgé de 72 ans et accusé de corruption et malversation dans une série d'affaires.
"L'adoption du budget va affaiblir encore davantage l'emprise de Netanyahou sur le Likoud", a résumé Yonatan Freeman, professeur de sciences politiques à l'Université hébraïque de Jérusalem.
"La pression sur Netanyahou va se renforcer, pour qu'il explique ce qu'il compte faire", après avoir échoué à bloquer l'adoption du budget, ajoute le professeur Freeman, alors que la presse locale évoque de possibles successeurs à la tête de son parti alors que ce dernier reste, malgré tout, loin devant, en pole position, dans de récents sondages.