Procès 13-Novembre: le Suédois taiseux et le chauffeur du Samu social

Ce croquis d'audience réalisé le 4 novembre 2021 montre Osama Krayem l'un des accusés des attentats de Paris du 13 novembre 2015. (Photo, AFP)
Ce croquis d'audience réalisé le 4 novembre 2021 montre Osama Krayem l'un des accusés des attentats de Paris du 13 novembre 2015. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 05 novembre 2021

Procès 13-Novembre: le Suédois taiseux et le chauffeur du Samu social

  • Selon l'enquête, Osama Krayem est impliqué dans les attentats du 13 novembre 2015 et de Bruxelles en mars 2016
  • Il a été identifié comme l'un des bourreaux du pilote jordanien brûlé vif dans une cage par le groupe Etat islamique, début 2015 en Syrie

PARIS: Un Suédois taiseux qui ne veut "pas rentrer dans les détails" et un "chauffeur" du Samu social, guère plus bavard. Au procès des attentats du 13-Novembre, la cour a poursuivi jeudi les examens de personnalité des coaccusés de Salah Abdeslam.

"Pas de détails", "c'est ça", "je ne me souviens plus". Les réponses d'Osama Krayem, 29 ans, se suivent et se ressemblent.

Debout dans le box de la cour d'assises spéciale de Paris, le Suédois au sweat-shirt gris, longs cheveux bruns lâchés sur ses épaules, est le seul des accusés interrogés à garder son masque pour répondre aux questions.

Selon l'enquête, il est impliqué dans les attentats du 13 novembre 2015 et de Bruxelles en mars 2016, et a été identifié comme l'un des bourreaux du pilote jordanien brûlé vif dans une cage par le groupe Etat islamique, début 2015 en Syrie. Chez lui en Suède, il est visé par une enquête pour "crimes de guerre".

Mais l'interrogatoire du jour porte sur sa vie d'"avant". Brièvement, il décrit une enfance "heureuse" dans un quartier populaire - "sans Suédois" - de Malmö. Sa famille d'origine palestino-syrienne, le football dans un club, le diplôme "dans le bâtiment". 

Il travaille jeune, "construit des routes" pour la municipalité, gagne bien sa vie tout en habitant chez ses parents, raconte l'accusé.

"Vous mettez de l'argent de côté ?", demande la cour. "J'ai pas envie de rentrer dans les détails". 

Les amis d'enfance, les sorties, les casinos ? Peu d'explications non plus. "Pas de drogue", précise juste Osama Krayem. Rien sur les "choses illégales" qu'il dit avoir faites en Suède pour "aider" des amis, ni sur sa relation amoureuse de "deux-trois ans".

Est-ce que la rupture est à l'origine de son départ en Syrie ? "Aucun rapport", balaie l'accusé.

"Vous aimez bien les réponses courtes, hein M. Krayem", lui lancera plus tard l'une de ses avocates, Me Margaux Durand-Poincloux.

«Petite lucarne»

Le président Jean-Louis Périès l'interroge sur un "film" dans lequel il a joué vers ses 12 ans. À contrecœur, Osama Krayem détaille. "C'était sur l'intégration d'un étranger par le foot dans la société suédoise". "Vous étiez un exemple ?", dit le magistrat, avec une pointe d'ironie.

Après une heure d'interrogatoire, Jean-Louis Périès lui demande d'enlever son masque. "C'est bien qu'on voit les visages", justifie-t-il. Osama Krayem s'exécute, adresse un petit sourire à la cour. 

La défense de Mohammed Amri aussi a été contrainte de pousser son client à se livrer un peu plus: "Vous avez une petite lucarne. Après on ne parlera plus de vous, on parlera des faits et ce sera plus brutal", prévient son avocat, Me Xavier Nogueras.

Le Belgo-Marocain de 33 ans, arrivé en Belgique à son adolescence à la faveur d'un regroupement familial, a reconnu être allé chercher Salah Abdeslam en banlieue parisienne après les attentats.

"Vous aimez rouler", "tout le monde dit que vous êtes serviable", soulignera sa deuxième avocate, Negar Haeri. 

Face à la cour, ses réponses sont brèves et monocordes. Gros fumeur de joints depuis ses 14 ans, il confirme avoir arrêté l'école tôt, enchaîné les "boulots", dont plusieurs missions de 2012 à 2015 comme "chauffeur" pour les maraudes du Samu social auprès des sans-abri.

Il est marié à une puéricultrice. Elle lui prend parfois "un peu la tête" sur sa consommation d'alcool, ses sorties au café "Les Béguines" de Brahim Abdeslam (futur tueur et kamikaze des terrasses) où il travaillera comme barman d'avril à juin 2015. 

"Votre femme dit que vous aimiez vous retrouver seul dans votre voiture pour fumer et écouter de la musique. Vous écoutiez quoi ?", demande Me Xavier Nogueras.

"Du rap", répond Mohammed Amri, chemise bleue ciel, crâne et barbe rasés. Des exemples de groupes ? "Jul, Lacrim, Kamikaz". Il sourit, rires dans la salle. "On en reparlera plus tard", dit son avocat, "parce que ça a affolé les enquêteurs".


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.