PARIS: Le tribunal correctionnel de Paris a décidé jeudi le renvoi à mars 2022 du procès de la mère de Foued Mohamed Aggad, un des trois kamikazes du Bataclan, poursuivie pour « financement du terrorisme », afin de lui laisser plus de temps pour préparer sa défense.
Fatima Hajji, âgée de 53 ans, devait être jugée pour l'envoi de sept mandats d'un montant total de plus de 13 000 euros entre août 2014 et août 2015, destinés à son fils et à la compagne de ce dernier. Cet argent avait été envoyé alors même que Foued Mohamed Aggad, installé en zone irako-syrienne, « faisait part de sa participation à des combats et de sa volonté de mourir en martyr », a rappelé le président de la 16e chambre.
La compagne du fils, Hajira Belkhir, est également poursuivie pour « association de malfaiteurs terroriste » lorsqu'elle était en Turquie, en Irak et en Syrie entre 2014 et 2017. Mais cette jeune femme aurait été tuée début 2018 dans un bombardement, avec la petite fille qu'elle avait eue en 2015 en Irak avec le kamikaze, selon le quotidien Les Dernières nouvelles d'Alsace.
L'avocat de Mme Hajji a souligné à l'audience que la citation à comparaître n'avait été signifiée à sa cliente que le 22 septembre, à l'issue de l'enquête préliminaire du parquet national antiterroriste. Selon lui, elle n'avait pas eu accès auparavant aux éléments du dossier et lui-même n'avait été mandaté pour la défendre que le 26 octobre.
« Je n'ai pu m'entretenir qu'une fois avec Mme Hajji, ce qui est insuffisant pour la compréhension pleine et entière des faits reprochés », a-t-il plaidé.
Le tribunal a fait droit à sa demande et fixé la nouvelle audience au 4 mars 2022.
Originaire de Wissembourg (Bas-Rhin), Foued Mohamed Aggad était parti en Syrie en décembre 2013 avec d'autres membres de la filière dite strasbourgeoise. Hajira Belkhir, originaire de Strasbourg, l'avait rejoint en mars 2014 et épousé religieusement.
En juin, six membres de la famille de Foued Mohamed Aggad avaient été interpellés, soupçonnés d'avoir transféré des fonds au couple. A l'issue de leur garde à vue, ils avaient été relâchés sans poursuites, le temps que les supports numériques saisis lors des perquisitions soient exploités.
Finalement, l'enquête n'a retenu que l'implication de Fatima Hajji.
Dans ses échanges avec sa mère, Foued Mohamed Aggad « indiquait que, s'il devait rentrer en France, ce serait uniquement pour commettre un attentat », selon des éléments de l'enquête sur les attentats du 13 novembre 2015, dont le procès se déroule actuellement.
Il avait coupé les ponts avec sa famille fin août 2015 et était rentré clandestinement en France à l'été 2015 pour devenir l'un des trois assaillants morts lors de l'attaque au Bataclan.