JUBA: Les inondations provoquées par d'incessantes pluies torrentielles au Soudan du Sud, déjà touché par un conflit meurtrier, ont affecté 760.000 personnes depuis le mois de mai, a déclaré mercredi l'agence humanitaire de l'ONU (Ocha).
Alors que les rivières débordent et provoquent de graves inondations, des affrontements ethniques ont contraint de nombreux habitants à fuir leur foyer dans ce pays pauvre de 11 millions d'habitants, s'alarme Ocha dans une note d'information.
Les inondations, qui se sont étendues à huit des dix États du pays, empêchent l'accès aux services de base, dont les soins de santé, "augmentant la vulnérabilité des communautés", selon Ocha.
Pendant ce temps, un conflit opposant des groupes ethniques rivaux dans le sud du pays a perturbé les activités humanitaires, les gens fuyant les violences vers l'Ouganda voisin.
Selon l'agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui attribue les pluies diluviennes au changement climatique, certaines régions ont connu ces derniers mois les pires inondations depuis 1962.
En septembre, l'Ocha avait appelé à une plus grande mobilisation pour le Soudan du Sud, affirmant n'avoir reçu que 54% des 1,4 milliard d'euros nécessaires pour financer les programmes dans le pays.
"Des fonds supplémentaires, un soutien logistique pour transporter le ravitaillement et réparer les digues afin d'éviter de nouvelles inondations, sont nécessaires de toute urgence", a-t-elle déclaré mercredi.
Le manque de financement a également contraint le Programme alimentaire mondial (PAM) à suspendre l'aide alimentaire destinée à plus de 100.000 déplacés au Soudan du Sud.
Quatre habitants sur cinq vivent dans la "pauvreté absolue", selon les statistiques de la Banque mondiale en 2018, tandis que plus de 60% de sa population souffre de faim sévère en raison des effets combinés du conflit, de la sécheresse et des inondations.
Depuis qu'il a obtenu son indépendance du Soudan en 2011, le plus jeune pays du monde est en proie à une crise économique et politique chronique et peine à se remettre de la guerre civile, qui a fait près de 400.000 morts et quatre millions de déplacés entre 2013 et 2018.
Selon un accord de paix de 2018, Salva Kiir et Riek Machar, adversaires durant la guerre civile, participent au pouvoir dans un gouvernement d'union nationale, le premier en tant que président et le deuxième en tant que vice-président.
Mais ce gouvernement est sous la menace constante des luttes de pouvoir qui retardent la mise en application de l'accord de paix et alimentent la violence endémique et une crise économique.