NEW YORK : Le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé vendredi "les parties" au conflit du Sahara occidental à reprendre les négociations "sans pré-conditions et de bonne foi", en votant une résolution prolongeant d'un an la mission Minurso dans la région.
Ce texte, rédigé par les Etats-Unis, a été approuvé avec les abstentions de la Russie et de la Tunisie.
Les négociations sont à reprendre, sous l'égide du nouvel émissaire de l'ONU, l'Italien Staffan de Mistura, "en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable" dans la perspective d'une "auto-détermination du peuple du Sahara occidental", précise le texte.
La résolution, par ailleurs, "réaffirme la nécessité de respecter pleinement les accords militaires conclus avec la Minurso liés au cessez-le-feu et appelle les parties (...) à s'abstenir de toute action qui pourrait saper les négociations menées par l'ONU ou déstabiliser davantage la situation au Sahara occidental".
Les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l'Algérie, ont rompu en novembre dernier une trêve conclue en 1991 avec le Maroc, après le déploiement de forces marocaines dans une zone tampon au Sahara occidental.
Si Rabat a salué une résolution "importante" qui répond à "l'agitation des adversaires du Maroc", le Front Polisario n'a pas caché sa déception, assurant qu'"il n'y aura pas de nouveau cessez-le-feu tant que le Maroc persistera dans ses tentatives d'imposer par la force un fait accompli colonial".
Depuis un an, la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental), dirigée depuis peu par un Russe, éprouve de multiples difficultés à remplir son mandat d'observation en raison d'entraves posées par les deux parties.
Mission de Mistura
L'Algérie, qui a rompu fin août ses relations diplomatiques avec le Maroc, appelle au retrait des forces marocaines déployées dans la zone tampon de Guerguerat, dans l'extrême sud du territoire, après qu'un groupe de militants sahraouis a bloqué la seule route vers la Mauritanie, considérée comme illégale par le Polisario.
Alger a aussi marqué sa vive opposition à une reprise de négociations sous forme de tables rondes organisées en Suisse.
La dernière de ces tables rondes, réunissant le Maroc, le Front Polisario, ainsi que l'Algérie et la Mauritanie en tant qu'observateurs, s'était tenue au printemps 2019, peu avant que l'émissaire de l'époque, l'Allemand Horst Köhler, ne démissionne face à l'absence de percée.
Lors d'une conférence de presse à Rabat, le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita a souligné que "le Conseil de sécurité a au moins à quatre reprises mentionné la table ronde comme cadre exclusif pour la poursuite du processus (politique)".
"L’Algérie est tenue de s’impliquer de manière constructive et réaliste tout au long du processus de recherche d’une solution", a-t-il estimé.
Staffan de Mistura doit relancer la médiation onusienne à compter du 1er novembre.
Mais selon le représentant du Front Polisario à l'ONU, Sidi Omar, "la mission de M. de Mistura est d'ores et déjà vouée à l'échec, de telle sorte que les perspectives de réactiver le processus de paix seront sérieusement sapées".
Le Sahara occidental, ex-colonie espagnole, est considéré comme un "territoire non autonome" par l'ONU en l'absence d'un règlement définitif. Il oppose depuis des décennies le Maroc au Front Polisario, soutenu par Alger.
Rabat, qui contrôle près de 80% de ce vaste territoire désertique au riche sous-sol et bordant des eaux poissonneuses, propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté. Le Polisario réclame pour sa part le référendum d'autodétermination sous l'égide de l'ONU qui avait été prévu lors de la signature en 1991 d'un cessez-le feu mais jamais concrétisé.