CITÉ DU VATICAN: Un long entretien, visiblement chaleureux et un Joe Biden très ému: le deuxième président catholique des Etats-Unis a vu vendredi le pape, avant une série de rendez-vous internationaux pour celui qui veut redorer l'image de l'Amérique dans le monde.
Le tête-à-tête, auquel la presse n'a eu aucun accès, a duré plus d'une heure selon le Vatican et la Maison Blanche. Plus longtemps que de précédents entretiens entre un pape et un président américain.
Sur des images enregistrées par le Vatican, beaucoup de sourires, de longues poignées de main et un Joe Biden ému.
"Vous êtes le soldat de la paix le plus important que j'aie jamais rencontré" et "mon fils aurait voulu que je vous donne cela", dit le président, catholique fervent, en remettant au pape un petit médaillon.
Le médaillon rappelle un régiment dans lequel Beau Biden, décédé en 2015 d'un cancer, a servi.
Le président, qui était accompagné de son épouse Jill Biden, coiffée d'une mantille noire, a plusieurs fois raconté comment il avait trouvé dans sa foi la force de surmonter plusieurs deuils familiaux, par exemple en portant sur lui le chapelet de ce fils chéri.
Il s'agit de la quatrième rencontre entre les deux hommes, leur première depuis l'élection.
Joe Biden a "remercié Sa Sainteté pour son engagement en faveur des pauvres, des personnes souffrant de la faim, de la guerre et de persécutions", et a "rendu hommage" au pape pour ses appels à lutter contre le changement climatique et la pandémie, selon un compte-rendu de la Maison Blanche.
Selon le Vatican, la conversation a aussi porté sur les migrants ainsi que sur "la protection des droits humains, y compris la liberté de religon et de conscience."
Pas un mot, au moins officiellement, sur un sujet contentieux: le droit à l'avortement, dont Joe Biden est partisan tandis que le pape n'a pas de mots assez virulents pour condamner les interruptions volontaires de grossesse.
Joe Biden, après une visite protocolaire au président de la République italienne Sergio Mattarella, doit encore s'entretenir avec le chef du gouvernement Mario Draghi.
"Super Mario", son surnom quand il dirigeait la Banque centrale européenne, est décrit par certains comentateurs en nouvelle étoile de la scène politique européenne.
Raviver la flamme
Alors que Joe Biden, lui, a perdu de son aura. Au somet du G20 samedi et dimanche à Rome puis à la COP26, le grand sommet sur le climat à Glasgow la semaine prochaine, le président américain devra montrer qu'il n'a pas seulement rompu avec les outrances verbales de Donald Trump, mais aussi avec les tentations de repli et d'unilatéralisme.
Le retrait chaotique d'Afghanistan en août a perturbé les alliés des Etats-Unis. Et Joe Biden arrive d'une certaine manière les mains vides en Europe.
Il a certes présenté avant de quitter Washington un programme d'investissements vertigineux: 500 milliards de dollars pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, 1 750 milliards de dépenses sociales (éducation, santé ...), sans compter les ponts, routes, réseaux électriques que la Maison Blanche veut rénover ou construire.
Mais malgré des semaines de tortueuses négociations, et bien qu'il ait nettement revu en baisse l'envergure de son programme, Joe Biden n'arrive pas à Rome avec un texte ratifié par le Congrès, faute d'accord au sein de son propre parti.
C'est un revers indéniable pour l'ancien sénateur de 78 ans. Il veut faire des Etats-Unis un modèle de prospérité et d'efficacité démocratique, face aux régimes autoritaires tels que la Chine et la Russie, dont les présidents ne feront le déplacement ni à Rome ni à Glasgow.
En leur absence, le président américain veut rallumer la flamme avec ses alliés. A commencer par le président français Emmanuel Macron, qui le recevra vendredi en fin d'après-midi à la Villa Bonaparte, ambassade de France près le Saint-Siège.
Les deux présidents espèrent sceller leur réconciliation, après une grave crise diplomatique autour d'un contrat de sous-marins australiens, que les Etats-Unis ont soufflé à la France.
Samedi, Joe Biden et Emmanuel Macron se reverront en petit comité en marge du G20, avec la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique Boris Johnson, cette fois pour montrer leur harmonie en ce qui concerne une reprise des négociations avec l'Iran.