Tête-à-tête avec le pape, face-à-face avec Macron : Biden à Rome vendredi pour le G20

Le président américain Joe Biden (à gauche) et la première dame américaine Jill Biden débarquent d'Air Force One à leur arrivée à l'aéroport international de Rome Fiumicino, tôt le 29 octobre 2021, à Rome, en Italie. BRENDAN SMIALOWSKI / AFP
Le président américain Joe Biden (à gauche) et la première dame américaine Jill Biden débarquent d'Air Force One à leur arrivée à l'aéroport international de Rome Fiumicino, tôt le 29 octobre 2021, à Rome, en Italie. BRENDAN SMIALOWSKI / AFP
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Publié le Vendredi 29 octobre 2021

Tête-à-tête avec le pape, face-à-face avec Macron : Biden à Rome vendredi pour le G20

  • Joe Biden va vendredi au Vatican, où il rencontrera le pape François, pour la quatrième fois de sa vie, mais pour la première fois en tant que président des Etats-Unis
  • Le président américain, qui rappelle volontiers avoir sillonné le monde comme sénateur puis vice-président, veut rallumer la flamme avec ses alliés

ROME : La rencontre s'annonce "chaleureuse" avec le pape, un tantinet moins avec Emmanuel Macron: Joe Biden est vendredi à Rome, en chauffeur de salle avant le sommet du G20, et après avoir promis un plan "historique" pour l'économie américaine.

Le président américain a atterri vers 02H25 locales (00H25 GMT) en Italie.

Juste avant de monter dans Air Force One, il a présenté à Washington un plan "historique" engageant des milliers de milliards de dépenses dans les infrastructures, la transition énergétique et les prestations sociales. 

Mais le projet attend encore le feu vert des parlementaires américains, sur fond de dissensions dans le camp démocrate.

Après des semaines de négociations tortueuses et de déconvenues, avec une cote de confiance qui s'enfonce, Joe Biden voudrait lors de son séjour européen - dans la foulée du G20 de Rome, il ira à Glasgow pour la grande conférence COP26 sur le climat - prendre un peu de hauteur, lui qui se voit en porte-parole des démocraties face aux régimes autoritaires, Chine en tête.

Mais il commencera son voyage sur une note plus intime.

Joe Biden va vendredi au Vatican, où il rencontrera le pape François, pour la quatrième fois de sa vie, mais pour la première fois en tant que président des Etats-Unis - il est le deuxième catholique jamais élu à cette fonction.

La Maison Blanche s'attend à ce que cette entrevue, à laquelle assistera aussi la Première dame Jill Biden, soit "chaleureuse", selon sa porte-parole Jen Psaki.

Joe Biden ne manque presque jamais la messe et évoque souvent le réconfort trouvé dans la foi, face à une série de deuils - la mort dans un accident de sa première épouse et de leur fille encore bébé, puis celle de son fils Beau, d'un cancer.

Officiellement, le président et le pape vont discuter vendredi de leurs préoccupations communes: la pauvreté, le changement climatique et la pandémie.

Mais les deux hommes, dont la rencontre se tiendra loin des yeux et des oreilles des journalistes, aborderont-ils aussi la question bien moins consensuelle du droit à l'avortement?

Joe Biden le défend fermement, le pape considère que l'interruption volontaire de grossesse est "un meurtre". Mais le souverain pontife a pris ses distances avec les évêques américains, qui voudraient interdire la communion aux politiciens soutenant le droit à l'avortement.

Joe Biden doit ensuite s'entretenir avec le chef du gouvernement italien Mario Draghi. 

Hôte du sommet du G20 qui se tient samedi et dimanche, l'ancien patron de la Banque centrale européenne suscite bien de l'intérêt aux Etats-Unis et ailleurs avec ses projets de réforme à marche forcée. 

Certains commentateurs peignent Mario Draghi, passé par le prestigieux Massachusetts Institute of Technology et par la banque américaine Goldman Sachs, des noms familiers pour les élites américaines, en nouvelle star de la scène politique européenne.

En Europe, Biden veut rencontrer Erdogan et consulter ses alliés sur l'Iran

Le président américain Joe Biden, qui s'est envolé pour des sommets internationaux à Rome puis à Glasgow, veut rencontrer son homologue turc et consulter ses alliés sur la reprise des négociations avec l'Iran, deux dossiers chauds du moment, selon la Maison Blanche.

"Je prévois que (Joe Biden) rencontre le président de Turquie à Glasgow", où se tient un grand sommet sur le climat la semaine prochaine, "je n'ai pas de confirmation mais c'est ce que nous prévoyons en ce moment", a dit le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche.

Jake Sullivan s'exprimait depuis l'avion présidentiel américain Air Force One, alors que Joe Biden est en route pour Rome où il assistera, avant la COP26, au sommet du G20 samedi et dimanche.

"Il semble que nous nous rencontrerons à Glasgow plutôt qu'à Rome", avait déjà déclaré M. Erdogan à la presse turque.

Le président turc vient de renoncer à l'expulsion de dix ambassadeurs occidentaux, dont celui des Etats-Unis.

Les relations sont tendues entre les deux chefs d'Etat, notamment en raison de l'acquisition par Ankara d'un système de défense russe malgré son appartenance à l'Otan.

Joe Biden participe à deux rendez-vous internationaux majeurs en fin de semaine, le sommet des 20 pays les plus industrialisés (G20) qui s'ouvre samedi à Rome, puis la conférence des Nations unies sur le changement climatique à partir de dimanche à Glasgow en Ecosse (Royaume-Uni).

Le président américain en profitera pour sonder ses alliés sur une reprise des négociations sur le programme nucléaire iranien.

Samedi, en marge du G20, Joe Biden "aura l'occasion de rencontrer les chefs d'Etat et de gouvernement d'Allemagne, de France et du Royaume-Uni à propos de l'Iran, pour faire le point sur les tentatives de reprendre les négociations pour un retour" à l'accord sur le nucléaire iranien, a dit Jake Sullivan. 

Cette rencontre à quatre aura pour objectif de "se concentrer autour d'une stratégie partagée" marquée par "l'unité et la solidarité" entre Américains et Européens, a-t-il encore déclaré.

L'Iran s'est dit prêt mercredi à reprendre en novembre les négociations pour sauver l'accord sur son programme nucléaire après cinq mois d'impasse, suscitant pour l'instant une réaction prudente des Occidentaux, de plus en plus impatients.

Enfin, dimanche, à Rome, le président américain entend organiser, en plus du programme officiel du G20, une réunion sur la désorganisation des chaînes de production et de distribution à l'échelle mondiale, synonyme de livraisons retardées, d'usines bloquées et de ports engorgés.

Raviver la flamme

Alors que Joe Biden, lui, a perdu de son aura. Au G20 comme à la COP26, le président américain devra montrer qu'il n'a pas seulement rompu avec les outrances verbales de Donald Trump, mais aussi avec les tentations de repli et d'unilatéralisme.

Le retrait chaotique d'Afghanistan en août a perturbé les alliés des Etats-Unis.

Joe Biden vantera sans doute abondamment ses réformes, lui qui promet "le plus grand investissement jamais réalisé pour faire face à une crise climatique": 550 milliards de dollars pour tailler dans les émissions de gaz à effet de serre.

Mais ses partenaires internationaux l'ont vu embourbé dans la procédure parlementaire, qui n'est pas bouclée. Ils ont noté que Joe Biden a dû réduire de moitié ses promesses de dépenses sociales - qui restent, avec 1.750 milliards de dollars, gargantuesques. 

Le président américain, qui rappelle volontiers avoir sillonné le monde comme sénateur puis vice-président, veut rallumer la flamme avec ses alliés. A commencer par le président français Emmanuel Macron.

Les deux hommes doivent se voir vendredi à Rome - horaire et lieu ne sont pas encore connus - pour sceller leur réconciliation, après une très grave crise diplomatique autour d'un contrat de sous-marins australiens, que les Etats-Unis ont soufflé à la France. 

Macron et Biden se retrouvent vendredi pour surmonter la brouille

Un tête-à-tête très attendu pour remettre sur les rails la relation transatlantique: Emmanuel Macron et Joe Biden se retrouvent vendredi à Rome pour la première fois depuis la crise des sous-marins australiens qui avait provoqué la colère de Paris.

A la veille du sommet du G20, les présidents français et américains se réuniront en fin de journée soit à l'ambassade de France, dans le prestigieux palais Farnèse, soit dans une autre emprise française de Rome comme la villa Médicis. 

"C'est donc que le président Macron recevra la visite du président Biden", ce qui a "un caractère politique important", souligne l'Elysée.

Pour Paris, c'est un signe de plus qu'envoie l'administration américaine pour se rabibocher avec la France après avoir déjà fait amende honorable en reconnaissant une certaine responsabilité dans la brouille.

Washington avait été visiblement surpris par la très vive réaction française à l'annonce mi-septembre d'une nouvelle alliance, baptisée "Aukus", entre les Etats-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni dans la zone indopacifique. 

Outre le fait de ne pas avoir été consulté, Paris avait été très dépité par la première conséquence de ce partenariat: l'abandon par l'Australie d'un mégacontrat de sous-marins français.

Mécontent, Emmanuel Macron avait attendu une semaine avant de s'entretenir avec Joe Biden le 22 septembre, une discussion téléphonique qui avait permis d'amorcer la détente. Les deux dirigeants avaient alors lancé un "processus de consultations approfondies" pour rétablir la confiance durement éprouvée entre les deux alliés.

La rencontre de Rome arrive à point nommé pour "démontrer que nous avons su négocier ensemble des éléments de coopération significatifs" qui "nous permettent de cadrer la relation franco-américaine pour la suite", affirme un conseiller du président français.

Selon l'expert Pierre Morcos, du Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) à Washington, "Aukus va laisser des marques" mais "les deux pays semblent désireux d'avancer et de transformer cette crise diplomatique en une opportunité pour renforcer le partenariat bilatéral et rééquilibrer les liens transatlantiques".

Vertueux

Pour Paris, l'important est, au delà des promesses, d'obtenir des engagements concrets de la part de Washington.

Il cherche en particulier à obtenir la bénédiction des Américains à la création d'une véritable défense européenne, un projet cher aux Français, mais qui peine à prendre forme 30 ans après son lancement.

"L'essentiel", explique l'Elysée, est "de mettre tout le monde d'accord sur le fait qu'il n'y a pas de contradiction entre défense européenne et Alliance atlantique". "Il est vertueux de pouvoir distribuer les rôles d'une telle manière que les Européens soient des acteurs collectivement plus capables, plus engagés, plus robustes, et que les Américains soient de leur côté des alliés toujours aussi fiables".

Pour Paris, il est temps que l'ensemble des pays européens prennent la mesure du pivot stratégique opéré par les Etats-Unis vers l'Indo-Pacifique et la Chine, au détriment d'autres régions dont l'Europe ou le Moyen-Orient.

Le concept de "souveraineté européenne" cher à Emmanuel Macron suscite cependant une certaine méfiance dans plusieurs pays de l'UE, mais aussi aux Etats-Unis, où l'industrie de la défense cherche à défendre ses parts de marché sur le "Vieux continent".

Un autre souhait d'Emmanuel Macron est d'obtenir de Joe Biden un renforcement de son appui dans la lutte contre les groupes djihadistes au Sahel. "Le soutien américain est critique" car "il nous permet d'opérer dans de meilleures conditions", souligne un conseiller du président.

Jusqu'à présent, les Etats-Unis n'ont pas publiquement détaillé comment ils entendaient "renforcer leur appui aux opérations antiterroristes", selon les termes du communiqué commun publié le 22 septembre après l'entretien Biden-Macron.

Depuis plusieurs années, les forces américaines agissent dans la discrétion au Sahel, laissant les pays de la région et la France en première ligne. Elles leur apportent surtout une aide précieuse à partir d'une importante base de drones implantée dans le nord du Niger.

Pour réchauffer les relations avec la France, l'administration Biden compte aussi sur la vice-présidente Kamala Harris, qui est attendue les 11 et 12 novembre à Paris, à l'occasion du Forum de Paris sur la paix et de la Conférence internationale sur la Libye. Elle sera reçue par Emmanuel Macron à l'Elysée.


Dernier jour d'hommage au Vatican avant les funérailles du pape

Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller. (AFP)
Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller. (AFP)
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  • Depuis mercredi, plus de 128.000 personnes se sont déjà recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la basilique Saint-Pierre de Rome, a indiqué le Vatican
  • La plupart des 50 chefs d'Etat et des 10 monarques qui ont confirmé jusqu'ici leur présence aux obsèques, dont le président américain Donald Trump et l'Ukrainien Volodymyr Zelensky, doivent arriver à Rome ce vendredi

CITE DU VATICAN: Le Vatican met vendredi la dernière main aux préparatifs des funérailles du pape François, qui se tiendront samedi matin sur la place Saint-Pierre, à Rome, tandis que pour une dernière journée, fidèles et touristes peuvent défiler devant son cercueil ouvert.

Depuis mercredi, plus de 128.000 personnes se sont déjà recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la basilique Saint-Pierre de Rome, a indiqué le Vatican.

La plupart des 50 chefs d'Etat et des 10 monarques qui ont confirmé jusqu'ici leur présence aux obsèques, dont le président américain Donald Trump et l'Ukrainien Volodymyr Zelensky, doivent arriver à Rome ce vendredi.

La basilique est restée ouverte quasiment toute la nuit, pour la deuxième nuit consécutive.

La "nuit est le moment le plus intime, c'est toujours la nuit que le Seigneur se manifeste. C'était très émouvant", a déclaré à l'AFP Nicoletta Tomassetti, une Italienne de 60 ans.

Le frère Wando, 40 ans, moine capucin brésilien, a lui aussi parlé avec l'AFP dans la nuit: "Nous avons voyagé des heures et des heures, mais nous ne ressentons pas de fatigue, nous ne ressentons pas de faim, nous ne ressentons pas de soif".

Au moins 130 délégations étrangères seront présentes, dont celles de l'Argentin Javier Milei et du Prince William.

L'agence italienne de protection civile estime que "plusieurs centaines de milliers" de personnes se rendront dans la ville éternelle ce week-end.

Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller.

Vendredi matin, les fidèles continuaient d'affluer pour rendre un dernier hommage à François, dont le cercueil sera fermé vendredi à 20 heures lors d'une cérémonie à laquelle assisteront les cardinaux.

Le cardinal Kevin Farrell, le "camerlingue" qui gère les affaires courantes du Vatican jusqu'à l'élection d'un nouveau pape, présidera le "rite du scellement du cercueil".

Le premier pape sud-américain de l'Eglise catholique est décédé le lundi de Pâques à l'âge de 88 ans, moins d'un mois après sa sortie de l'hôpital romain où il était soigné pour une grave pneumonie.

"Un pape et son troupeau" 

Le souverain pontife, dont la santé était défaillante depuis longtemps et à qui ses médecins avaient ordonné un strict repos, avait fait l'effort de se présenter aux fidèles à Pâques, la fête la plus importante du calendrier catholique.

Les condoléances ont afflué du monde entier pour le défunt pape, un réformateur énergique qui a défendu les plus vulnérables et les plus marginalisés de la société au cours de ses 12 années à la tête des quelque 1,4 milliard de catholiques que compte la planète.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a présenté vendredi les condoléances de l'Etat d'Israël à l'Eglise catholique, alors que depuis son décès ni M. Netanyahu ni aucun de ses principaux ministres ne s'étaient exprimés publiquement sur la mort du souverain pontife, qui était généralement perçu en Israël comme pro-palestinien.

Le cercueil capitonné de rouge du jésuite argentin a été placé devant l'autel de la basilique Saint-Pierre. François, dont les mains enserrent un chapelet, porte ses habits pontificaux: une chasuble rouge, une mitre blanche et des chaussures noires.

Un par un, les fidèles se recueillent depuis mercredi devant le cercueil, ne disposant que de quelques secondes, au prix de longues heures de queue.

"C'est impressionnant" et "c'est merveilleux. C'est une belle réponse, une belle adhésion à son ministère, à son pontificat", a déclaré jeudi soir aux journalistes le cardinal François Bustillo, évêque d'Ajaccio.

Une sobre sépulture 

Après les funérailles, le cercueil de François sera transporté pour être inhumé, selon sa volonté, dans la basilique papale Sainte-Marie-Majeure, à Rome, dédiée au culte de la Vierge.

Des écrans géants seront placés le long du parcours, selon le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Piantedosi. Un groupe de "pauvres et de nécessiteux" sera présent sur les marches de la basilique pour accueillir le cercueil du pontife, qui était un ardent défenseur des laissés-pour-compte.

Sa tombe en marbre, avec pour seule inscription "Franciscus", François en latin, sera accessible au public à partir de dimanche matin.

Après les obsèques, tous les regards se tourneront vers les 135 cardinaux-électeurs - soit ceux âgés de moins de 80 ans - convoqués au conclave pour choisir son successeur.

La date du début du conclave n'est pas encore connue, mais en vertu des règles vaticanes, il devrait s'ouvrir entre le 15e et le 20e jour après son décès, soit entre le 5 et le 10 mai.

Les cardinaux, qui ont commencé à converger à Rome et se sont déjà vus à trois reprises, se réuniront dans la Chapelle Sixtine et procéderont à quatre scrutins par jour, deux le matin et deux l'après-midi.

Le cardinal italien Pietro Parolin, qui était le numéro deux de François, est donné favori par le bookmaker britannique William Hill, devant le Philippin Luis Antonio Tagle, archevêque métropolitain émérite de Manille.

 


L'envoyé américain à Oman samedi pour une nouvelle session de pourparlers avec l'Iran

L'envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'exprime lors du sommet prioritaire des IIF à Miami Beach, en Floride, le 20 février 2025. (AFP)
L'envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'exprime lors du sommet prioritaire des IIF à Miami Beach, en Floride, le 20 février 2025. (AFP)
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  • L'émissaire du président Donald Trump, Steve Witkoff, participera samedi à Oman à une troisième session de pourparlers avec l'Iran sur son programme nucléaire
  • M. Witkoff a rencontré des responsables iraniens samedi dernier à Rome, également sous les auspices d'Oman

WASHINGTON: L'émissaire du président Donald Trump, Steve Witkoff, participera samedi à Oman à une troisième session de pourparlers avec l'Iran sur son programme nucléaire, les Etats-Unis continuant à privilégier une solution diplomatique.

"Le prochain cycle de négociations aura lieu à Oman samedi et constituera la première réunion des équipes techniques", a déclaré à la presse jeudi Tammy Bruce, porte-parole du département d'Etat.

Côté américain, Michael Anton, qui occupe le poste de responsable de la planification politique au sein du département d'Etat, dirigera les travaux, mais Steve Witkoff "sera également présent", a-t-elle précisé.

M. Witkoff a rencontré des responsables iraniens samedi dernier à Rome, également sous les auspices d'Oman, et avait participé à un premier round de discussions le 12 avril dans la capitale Mascate.

Les deux parties ont fait part de leur optimisme à l'issue de la rencontre à Rome, sans toutefois fournir de détails.

Le président Trump s'est prononcé en faveur d'une solution diplomatique avec l'Iran mais sans écarter l'option militaire, afin que l'Iran n'obtienne jamais l'arme atomique.

L'Iran a toujours nié chercher à se doter de l'arme nucléaire.

- Appel aux Européens -

De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, s'est dit jeudi prêt à se rendre en Allemagne, France et au Royaume-Uni, parties de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015.

Ces trois pays n'ont jusque-là pas été directement impliqués dans les nouvelles tractations pour encadrer le programme nucléaire iranien que l'Iran et les Etats-Unis, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, ont entamé le 12 avril sous la médiation du sultanat d'Oman.

L'accord international de 2015 offrait à l'Iran un allègement des sanctions internationales en échange de restrictions sur son programme nucléaire. Mais il est devenu caduc de fait après le retrait des Etats-Unis en 2018, sous la première présidence de Donald Trump.

"Après mes récentes consultations à Moscou et à Pékin, je suis prêt à franchir une première étape avec des visites à Paris, Berlin et Londres", a déclaré M. Araghchi sur X.

Il s'est dit disposé à engager un dialogue avec les Européens "non seulement sur le dossier nucléaire, mais également sur tous les autres domaines d'intérêt et de préoccupation communs".

"La balle est maintenant dans le camp de l'E3", le regroupement de ces trois pays, a-t-il ajouté.

Paris "suivra de près si cette annonce du ministre iranien est suivie d'effets", a réagi pour l'AFP le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Christophe Lemoine.

La France, a-t-il ajouté, "continuera très volontiers à dialoguer avec les Iraniens" sur le nucléaire. Berlin et Londres n'ont pas immédiatement réagi.

- "Pas loin" de la bombe -

En préparation des rencontres de samedi, M. Araghchi s'est rendu en Chine mercredi pour des consultations avec son homologue chinois, Wang Yi.

La semaine dernière, il était à Moscou où il a notamment rencontré le président russe, Vladimir Poutine.

M. Araghchi s'est félicité du niveau de coopération entre Téhéran et ses alliés chinois et russes mais a relevé que les relations avec les trois pays européens étaient "actuellement à un bas niveau".

Après le retrait de Washington et le rétablissement des sanctions américaines en 2018, Téhéran a pris ses distances avec le texte de 2015, et accru son niveau d'enrichissement d'uranium jusqu'à 60 % - bien au-delà du plafond de 3,67% fixé, tout en restant en deçà des 90% nécessaires à la fabrication d'une bombe.

Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a averti la semaine dernière que l'Iran n'était "pas loin" de disposer de la bombe atomique.

En décembre, les trois pays européens avaient fait valoir qu'ils pouvaient réenclencher le "snapback", un mécanisme prévu par le cadre de 2015 permettant de réimposer automatiquement les sanctions de l'ONU contre Téhéran.

Le délai pour activer cette clause expire en octobre.

Le chef de diplomatie américaine, Marco Rubio, a appelé le 18 avril les Européens à prendre rapidement une "décision importante" concernant le "rétablissement des sanctions" contre l'Iran.

Le ministre iranien avait dénoncé mercredi des "tentatives" notamment d'Israël de "faire dérailler la diplomatie" et de compromettre les pourparlers en cours.

Le même jour, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, affirmait que "le sort de toute l'humanité" était en jeu si la République islamique se dotait d'armes nucléaires.


Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.